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Gouvernement

Dupond-Moretti juge que Zemmour favorise "l'expression décomplexée" de la violence

Le ministre de la Justice français Eric Dupond-Moretti à Paris, le 26 novembre 2021

Le ministre de la Justice français Eric Dupond-Moretti à Paris, le 26 novembre 2021 - Martin LELIEVRE © 2019 AFP

Le garde des Sceaux accuse par ailleurs Marine Le Pen de faire "la courte échelle" à Éric Zemmour.

Les prises de position d'Éric Zemmour favorisent la diffusion "décomplexée" de la violence dans la société, a jugé ce samedi dans une interview au Parisien le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti, qui impute à Marine Le Pen l'essor politique du candidat d'extrême droite.

"Autrefois, nous avions des individus isolés qui se réunissaient au bistrot, racontaient ce qu'ils avaient à dire et ça s'arrêtait là. Aujourd'hui, on a un agrégat de violences qui se diffusent sur les réseaux sociaux et une espèce de licence donnée à des gens, par exemple par Monsieur Zemmour, qui autorise l'expression décomplexée de toutes les violences verbales", a déclaré le garde des Sceaux dans un entretien publié à cent jours de l'élection présidentielle.

Ces violences verbales "se transforment parfois même en actes physiques", a-t-il poursuivi, "cela va beaucoup trop loin".

Selon un sondage fin décembre du nouvel institut Cluster17, Éric Zemmour (Reconquête!) est crédité de 14% des voix au premier tour, au coude-à-coude avec Marine Le Pen, la candidate du Rassemblement national (13%).

Éric Zemmour "rassemble aujourd'hui l'ultra-droite faite de haine et de violence"

"Pendant des années elle pensait lui faire du pied, elle découvre qu'en fait, c'était la courte échelle! Il y a une règle en politique: quand on flirte avec plus extrémiste que soi, c'est toujours le plus extrémiste qui gagne. Et celui qui rassemble aujourd'hui l'ultra-droite faite de haine et de violence, c'est Éric Zemmour", a estimé Éric Dupond-Moretti.

Interrogé sur le programme du polémiste en matière de justice, notamment sur l'abaissement de la majorité pénale à 16 ans, l'ex-ténor du barreau a fustigé des propositions selon lui réchauffées.

"Cela existe déjà! Il est possible de juger un mineur comme on le fait pour un adulte. Chez Monsieur Zemmour, en matière de justice, il y a soit des choses qui existent, soit des choses qu'on a faites comme la suppression des crédits de réduction de peine, soit des choses qui ne marchent pas comme le retour des peines plancher", a-t-il répondu.

En 2022, Dupond-Moretti "en défense" du bilan de Macron

Éric Dupond-Moretti a par ailleurs assuré qu'il se placerait "en défense" du président, qui ne s'est pas encore officiellement déclaré candidat à sa réélection.

"Il reste des choses à faire, mais Emmanuel Macron a un vrai bilan après un quinquennat traversé par des crises historiques", a-t-il expliqué.

"Tout n'a sans doute pas été parfait mais qui peut objectivement (...) regarder les Français dans les yeux et dire: 'Moi je suis sûr que j'aurais fait mieux?'"
Jé. M. avec AFP