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Gouvernement

Discours de politique générale: que va dire Édouard Philippe pour ouvrir l'Acte II du quinquennat?

Conforté à son poste par Emmanuel Macron, le Premier ministre sera face aux députés ce mercredi pour faire le menu des réformes à venir. Il sollicitera ensuite de leur part un vote de confiance. Le lendemain, Édouard Philippe rééditera l'expérience au Sénat.

Le maître des horloges lui laisse la main pour régler les aiguilles. Ce mercredi après-midi, Édouard Philippe se rendra à l'Assemblée nationale pour un rendez-vous capital. Point de traditionnelle séance de questions au gouvernement, mais un discours de politique générale très attendu, qui doit ouvrir le deuxième chapitre du quinquennat d'Emmanuel Macron. 

Conforté à son poste par le chef de l'État à la suite des résultats encourageants de La République en marche aux européennes, le locataire de Matignon doit donner le la des réformes à venir. En tout cas celles qui précéderont la prochaine échéance politique majeure, à savoir les élections municipales de mars 2020.

"On a écrasé le texte et on recommence. Je me suis attiré les foudres de mes équipes mais c’est mieux comme ça. Demain, je serai prêt", a-t-il affirmé mardi en réunion de groupe des députés LaREM, rapporte L'Opinion.

Contexte difficile, calendrier serré

Le menu prévu paraît gargantuesque: réforme des retraites, assurance chômage, révision constitutionnelle, énergie et climat, statut de l'élu, baisse de l'impôt sur le revenu pour les classes moyennes, lois bioéthiques... Une liste qui accouche d'un calendrier parlementaire ultra serré, déraisonnable dirons certains, tributaire de la crise des gilets jaunes et des efforts nécessaires pour la maîtriser.

Sur chaque dossier, la faute de carre est au coin de la rue, tant les ramifications sont multiples et les Français, à fleur de peau. En particulier sur les questions fiscales et sociales.

D'autant que les derniers chiffres ne sont pas particulièrement reluisants: mardi, la Banque de France a abaissé de 1,4% à 1,3% sa prévision de croissance pour la France en 2019. Un correctif qui découle du ralentissement de l'économie mondiale. Par ailleurs, selon un rapport de la Commission des comptes de la Sécurité sociale, cette dernière devrait voir son déficit replonger cette année, au moins à 1,7 milliard d'euros. Le gouvernement devra composer avec tout cela, surtout lorsqu'il s'apprête à amputer ses recettes fiscales de 5 milliards d'euros supplémentaires d'ici à janvier prochain.

Le texte du Premier ministre tiendra compte, aussi, de deux réalités politiques incontestables: l'enracinement confirmé du Rassemblement national et la percée surprenante des Verts le 26 mai dernier. Édouard Philippe devrait donc consacrer du temps aussi bien à la transition écologique qu'à la question migratoire, dont Le Monde a révélé qu'elle constituerait l'un des axes forts de la feuille de route d'Emmanuel Macron. 

Élargir l'assise politique

À l'issue de son discours, Édouard Philippe sollicitera un vote de confiance de la part des députés en déclenchant l'article 49-1 de la Constitution. Un geste dans la pure tradition parlementaire de la Ve République: le chef de l'État est en surplomb, tandis que le chef du gouvernement est dans l'arène, face à "sa" majorité. Jeudi, l'ancien maire du Havre rééditera l'expérience au Sénat, afin d'avoir un aperçu complet de l'assise politique dont il dispose aux deux chambres. 

C'est là d'ailleurs l'un des derniers aspects cruciaux de cet épisode. Après une première partie de mandat où le couple exécutif a réformé le pays à marche forcée, souvent seul dirait-on, et avec le cap résolument à tribord en matière économique, il lui faut élargir. Politiquement, le processus a déjà été entamé en vue des municipales, avec divers élus signant des tribunes ou annonçant d'eux-mêmes leur soutien au bloc LaREM-MoDem. Sous le coup, parfois, de menaces maladroites proférées par des cadres de la macronie.

Ce mouvement, particulièrement visible à droite de l'échiquier (la déroute des Républicains aux européennes n'a fait que l'accélérer), va devoir être compensé par des signaux envoyés à l'aile gauche de LaREM. D'où l'accent mis sur l'écologique et le social.

Avec une opposition plus émiettée, "archipellisée" que jamais, le résultat des deux votes de confiance sera décisif pour la suite. Le 4 juillet 2017, Édouard Philippe avait recueilli le soutien de 370 députés, 67 votes contre et 129 abstentions. À cette nouvelle étape, le Premier ministre tient le casino et distribue les cartes dans un contexte chamboulé; chaque parlementaire devra révéler sa main.

Jules Pecnard