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Crise aux urgences: pour Agnès Buzyn, "une prime ne permettra pas de régler la difficulté" 

Invitée de Grand Angle sur BFMTV, Agnès Buzyn a tenté de répondre aux revendications des personnels hospitaliers qui depuis trois mois multiplient les grèves, et tentent d'engager un dialogue avec le gouvernement. Mais la ministre de la Santé n'a plié sur aucun point.

Ce lundi soir sur notre antenne, la ministre de la Santé a tenté de répondre à la crise des urgences qui s'intensifie ces dernières semaines en s'adressant au personnel soignant des hôpitaux, et en leur assurant que tout était mis en oeuvre pour tenter d'améliorer leurs conditions de travail. 

Au cours des dernières semaines, plus de 80 services d'urgence se sont mis en grève en France pour dénoncer leurs conditions de travail. Ils réclament au gouvernement 10.000 postes d'infirmiers et autres aides-soignants supplémentaires, la réouverture de "lits d'aval" ainsi qu'une prime de 300 euros nets par mois. 

Sur les salaires, "on pourrait faire mieux"

Agnès Buzyn a rappelé qu'"une prime de risque ainsi qu'une prime de coopération" était attribuée "aux paramédicaux dans les services d'urgence". Néanmoins, elle a écarté l'idée d'une nouvelle augmentation de salaire pour les soignants, convaincue "qu'une prime ne permettra pas de régler la difficulté aux urgences".

"Je comprends que ce soit une reconnaissance. Mais quand la préoccupation est purement salariale alors que ça dysfonctionne, (...) sincèrement les problèmes ne vont pas se régler parce que je paye davantage", a affirmé Agnès Buzyn face à Bruce Toussaint.

Interrogée sur les salaires actuels, la ministre de la Santé a reconnu que "l'on pourrait faire mieux", mais elle a rappelé que la moindre hausse de salaire était multipliée par un million de soignants, sous-entendant que cela était donc trop conséquent.

"Une remise en état des locaux vétustes"

La ministre s'est ensuite adressée directement aux soignants, en leur lançant: "Ne désespérez pas, tout est mis en oeuvre depuis que je suis arrivée pour améliorer notre système et faire en sorte qu'il soit mieux organisé", annonçant par la même occasion qu'une "remise en état des locaux trop vétustes" serait engagée.

Une proposition qui avait déjà décriée sur notre plateau par une infirmière et membre du collectif "Inter Urgences". "Elle nous propose de l'argent pour les locaux mais ce n'est pas du tout ce qu'on lui demande. On veut de l'argent pour le personnel", avait déclaré Juliette Richard, assurant "on a pas besoin de câlins, on a besoin de budget". 

"Je ne veux plus qu'il y ait des gens sur des brancards", a encore déclaré Agnès Buzyn. Elle appelle notamment les directeurs d'hôpitaux à "laisser des lits libres en aval des urgences pour coucher les gens". Selon la ministre, "il y a moyen de le faire".
"Les urgences sont le symptôme du dysfonctionnement du système de santé", a enfin déclaré Agnès Buzyn, assurant que les urgences étaient le point de départ de la réforme de Santé mise en oeuvre afin de "renforcer la structuration de la médecine de ville et désengorger les urgences".
"Toute la réforme qui, j'espère, va être votée (ce mardi) au Sénat, vise à restructurer le système de santé et à soulager les urgences", a-t-elle martelé tout au long de l'entretien. 
Jeanne Bulant