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Comment Gérald Darmanin est devenu le favori de la Macronie

Gérald Darmanin, le ministre de l'Action et des comptes publics, le 22 novembre 2017 à Paris.

Gérald Darmanin, le ministre de l'Action et des comptes publics, le 22 novembre 2017 à Paris. - Ludovic Marin - AFP

Le ministre de l'Action et des Comptes publics, qui vient d'adhérer à La République en marche après avoir quitté les rangs des Républicains, est devenu incontournable.

Lors de la prochaine élection présidentielle, en 2022, Gérald Darmanin aura 39 ans. L'âge d'Emmanuel Macron au moment de son élection à la tête de l'Etat. Pour l'heure, le ministre de l'Action et des Comptes publics jure qu'il n'a aucune envie de devenir président. Lorsqu'il a laissé son fauteuil de maire de Tourcoing, début septembre, il l'a promis à ses administrés: "Je reviendrai le jour où je ne serai plus ministre". Pour autant, ses proches s'accordent à dire qu'il ne cache pas ses ambitions, et il a su se rendre indispensable au gouvernement. 

Pour Sébastien Lecornu, qui vient lui aussi d'adhérer à La République en marche après avoir été un transfuge des Républicains au gouvernement, il ne doute de rien. "Il a une très forte envie de réussir socialement, de montrer que l'ascenseur républicain n'est pas en panne", confie encore un ami du ministre au JDD. "Je ne me sens pas opportuniste, je saisis des opportunités", justifie aux Echos Gérald Moussa Darmanin, petit-fils de tirailleur algérien et fils d'une femme de ménage à la Banque de France. Quatre mois après sa nomination, tout semble réussir à cet ancien coordinateur de la campagne de Nicolas Sarkozy pour la primaire, qui fut aussi le second de Xavier Bertrand à la tête du conseil régional des Hauts-de-France.

Adoubé par les députés LaREM

Ce lundi, il était aux côtés d'Edouard Philippe pour présenter l'une des mesures phares promises par Emmanuel Macron lors de sa campagne: son projet de loi sur "le droit à l'erreur", qui vise à simplifier les démarches administratives. Fin septembre, il a eu la lourde tâche de présenter son premier budget. Malgré les critiques incessantes envoyées par son ancienne famille politique, Gérald Darmanin est devenu un incontournable du gouvernement, apprécié autant par le président de la République que par les députés de la majorité.

"Venant de la gauche, j'aurais eu des réticences à vous dire cela il y a quelques mois mais Darmanin, je le trouve excellent", glisse par exemple un député LaREM cité par l'AFP.

Et pour cause, il y a quelques mois, Gérald Darmanin était encore présenté comme l'enfant prodige du sarkozysme. A l'Assemblée nationale, l'adoption a pourtant été immédiate. Comme le rapportait Libération début septembre, lors de ses débuts dans la rangée des ministres au Palais Bourbon, il est vrai qu'il a été accueilli par des huées venues des rangs de la droite. Mais c'était sans compter sur les députés de la majorité, qui lui ont offert un tonnerre d'applaudissements. A ses anciens camarades des Républicains, il ne pardonne pas leurs réticences à appeler à voter pour Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle.

"Moi, face à Le Pen, j’aurais voté pour Hollande, voire pour Mélenchon. Alors qu’ils aient hésité à le faire pour Macron…", lâche, perplexe, le ministre, cité par Libération.

La carte de la proximité

Pour s'attirer la bienveillance des députés LaREM, Gérald Darmanin, conseiller régional du Nord-Pas-de-Calais dès 2010 puis député du Nord de 2012 à 2016, a joué la carte de la proximité. Une méthode qu'il employait déjà avec ses administrés, quand il passait ses samedis à faire les courses à Carrefour, à leur rencontre pendant parfois quatre heures, rappelle Le Figaro. Le soir des législatives, Gérald Darmanin a envoyé un SMS à tous les gagnants de La République en marche pour les féliciter et les inviter à l'appeler quand ils le désiraient. A Bercy, il briefe les députés lui-même, et leur a par exemple fait la pédagogie du projet de loi de finances avant sa présentation en conseil des ministres.

Tous les quinze jours, il a aussi réuni un groupe d'élus travaillant sur le "droit à l'erreur". La première version du texte avait été accueillie avec une moue par le chef de l'Etat fin juillet, qui ne l'avait pas trouvé "assez riche". Elle a donc été retouchée par un conseiller d'Etat et des députés. C'était le deuxième faux-pas de Gérald Darmanin, le premier ayant eu lieu quelques semaines plus tôt. La baisse de 5 euros des APL? C'est lui. Une "connerie sans nom", aurait pesté en privé le chef de l'Etat.

Une "place éminente dans la majorité"

Pas programmé pour Bercy, Gérald Darmanin, diplômé de Sciences Po Lille, ne l'était pas non plus pour s'entendre avec Emmanuel Macron, dont il dénonçait en janvier 2017 le "bobopopulisme" et en qui il voyait "un pur produit du système". Le président est arrivé à la politique par le haut, Gérald Darmanin répète à l'envi qu'il y est parvenu par le bas, en gravissant chaque échelon, et en commençait comme simple militant RPR à 17 ans. Ni énarque, ni spécialiste des finances publiques, il a constitué un atout pour le président de la République en tant que prise de droite. Et la greffe a pris.

"Je lui fais pleinement confiance et je souhaite d'ailleurs qu'il s'engage dans le mouvement" (La République en marche, NDLR) disait de lui le président en septembre, avant d'être exaucé. "Un homme doté du talent et des réseaux de Darmanin a vocation à occuper une place éminente dans la majorité", ajoutait son entourage, qui a aussi été exaucé. 
Charlie Vandekerkhove