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Clash Valls-Taubira: vives réactions, Matignon tempère

L'ambiance est tendue entre Manuel Valls et Christiane Taubira.

L'ambiance est tendue entre Manuel Valls et Christiane Taubira. - -

Alors que les désaccords entre les ministres de l'Intérieur et de la Justice sur le projet de réforme pénale ont éclaté au grand jour mardi, les réactions politiques ne se sont pas fait attendre. Matignon, de son côté, tempère.

Le Monde a révélé mardi que le ministre de l'Intérieur avait sollicité l'arbitrage de François Hollande sur le projet de loi pénale de Christiane Taubira, en soulignant les nombreux "désaccords" sur le texte. Selon le quotidien, la ministre de la Justice s'est dite "surprise" que son collègue ne l'ait pas informée de cette missive. Des divergences qui semblent irréconciliables. Si certains députés de l'opposition appellent au départ "de l'un ou de l'autre", Matignon tient à relativiser.

Le député Urvoas trouve cela "noble"

Dernière réaction en date, celle du député socialiste du Finistère, Jean-Jacques Urvoas, sur BFMTV. Ce proche de Manuel Valls estime "qu'on fait fausse route dans cette affaire." "Il n'y a pas de projet de loi écrit. Il y a depuis maintenant un an un débat sur le contenu de la loi pénale. Je reconnais et souhaite que les ministres puissent en débattre entre eux tant qu'il n'y a pas eu d'arbitrage. [...] Je trouve noble les deux courriers qui ont été écrits car ils discutent de problèmes de fond!"

Le député déplore la publication de ces deux courriers dans la presse. "Ca ne sert pas l'intérêt général, et ça contribue à créer une polémique, alors que ce sont des échanges de vues d'une très haute tenue entre deux ministres en charge de responsabilités importantes."

"Un boulevard aux criminels et aux délinquants"

Aux antipodes de son avis, Eric Ciotti. Sur BFMTV, le député UMP a estimé "totalement ahurissant que ce débat vienne sur la place publique". "C’est la conséquence directe de l’incapacité du président de la République à choisir un cap, une ligne", a-t-il fustigé avant de conclure que "ce débat doit aboutir à ce que l’un ou l’autre quitte le gouvernement".

Une position partagée par Guillaume Larrivé, député UMP de l'Yonne, qui a, lui aussi, appelé François Hollande à "choisir" entre Manuel Valls et Christiane Taubira.

Dans un communiqué, Larrivé estime que "ce désaccord majeur entre les deux ministres responsables de la sécurité des Français est extrêmement préoccupant pour notre pays".

"L'incapacité du président de la République à fixer un cap offre, hélas, un boulevard aux criminels et aux délinquants, comme on le voit cet été à Trappes, à Brétigny-sur-Orge, à Sevran, à Marseille, mais aussi dans les territoires ruraux où explosent les cambriolages", a-t-il ajouté.

"Une réforme mal partie"

Qu'en pense le Syndicat de la magistrature de la polémique entre l'Intérieur et la Justice? "C'est un débat compliqué pour la gauche. On n’est pas loin des municipales. Ce sont deux politiques qui s’affrontent", a-t-elle déclaré pour sa part la présidente du SM, Françoise Martres sur BFMTV.

"Ce n'est pas une surprise, on sait qu'il (Valls) fait pression depuis des mois, qu'il n'est pas d'accord", a-t-elle précisé.

"La loi doit changer et le gouvernement doit choisir," a poursuivi la magistrate en disant son "inquiétude", alors que "le système est au bord de l'implosion".

Un clash ministériel qui n'étonne pas non plus Christophe Régnard, président de l'Union syndicale des magistrats, pour qui "cette réforme était mal partie d'emblée". Et de fustiger la "méthode" de la Chancellerie qui aurait fait travailler sur le texte "des gens qui étaient tous d'accord".

"Une phase normale" pour Matignon

Alors que la Chancellerie et l'Elysée n'ont pour le moment fait aucun commentaire, Matignon a tenu à relativiser ce mardi après-midi la situation entre les ministres de l'Intérieur et de la Justice, parlant ainsi d'une "phase normale d'échanges préalables aux arbitrages".

"Qu'il y ait des divergences d'appréciation entre les ministres de la Justice et de l'Intérieur, cela n'est pas anormal. Le processus de préparation de la loi pénale est en cours et se poursuit", ont déclaré les services du Premier ministre, précisant que Jean-Marc Ayrault avait "eu Manuel Valls au téléphone et aura la garde de Sceaux en ligne cet après-midi.

"L'objectif de ce projet de loi pénale est de lutter plus efficacement contre la récidive, d'assurer la sécurité des Français et de protéger les victimes. C'est une nécessité et un engagement du président de la République", rappelle-t-on à Matignon.

Mélanie Godey et AFP