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Gouvernement

Cazeneuve accuse Le Pen et Fillon d'instrumentaliser l'attentat des Champs-Elysées

Lors d'un discours depuis Matignon, le Premier ministre a livré une charge sans équivoque contre Marine Le Pen et François Fillon sur le terrorisme, à deux jours de la présidentielle, et peu après leurs allocutions ce vendredi matin.

Sortant de sa réserve habituelle, Bernard Cazeneuve s'est exprimé à la mi-journée vendredi, au lendemain de l'attaque terroriste où un policier a été tué et trois personnes blessées sur les Champs-Elysées. Fait rare pour un Premier ministre en exercice, il s'en est pris de manière frontale à Marine Le Pen et à François Fillon, nommément cités, pour leur reprocher leur réaction face à cet événement, et plus généralement leurs propos et leur programme sur la lutte contre le terrorisme.

Le Premier ministre les a tous deux accusés d'avoir choisi "l'outrance et la division", ciblant en particulier la candidate frontiste: 

Marine Le Pen "cherche comme après chaque drame à en profiter pour instrumentaliser et diviser, elle cherche à exploiter sans vergogne la peur et l'émotion à des fins exclusivement politiciennes", a déclaré le Premier ministre.

"Il faut rétablir la vérité"

"Marine Le Pen demande la restauration immédiate de nos frontières nationales. Elle fait donc mine d’ignorer que c’est ce gouvernement qui a rétabli le contrôle aux frontières. Depuis le 13 novembre 2015 (…) plus de 2.300 policiers et gendarmes sont mobilisés chaque jour à nos frontières. Plus de 105 millions de personnes y ont été contrôlées depuis cette date et 80.000 n’ont ainsi pu rentrer sur le territoire national", a poursuivi Bernard Cazeneuve qui, lors des derniers mois de campagne, avait déjà ciblé particulièrement la présidente du Front national, insistant avec François Hollande sur le danger du vote frontiste.

"Sur ce sujet comme sur les autres, il faut rétablir la vérité", a martelé Bernard Cazeneuve. "En matière de lutte contre le terrorisme, la facilité n’est pas la fermeté, ni l’outrance le gage de l’efficacité", a-t-il ajouté.

"Elle s'est opposée à tout"

Pour étayer ses critiques, le Premier ministre a évoqué en particulier le fait que son parti s'était opposé à toutes les lois antiterroristes en votant "contre". "Elle s’est opposée à tout sans jamais rien proposer de sérieux ou de crédible", a-t-il insisté, s'efforçant de répondre point à point aux critiques et aux propositions émises par la candidate pendant la campagne.

Ce vendredi, elle a notamment déclaré que "depuis dix ans, sous les gouvernements de droite et de gauche, tout a(vait) été fait pour que nous perdions" la "guerre" contre le terrorisme.

Réponse cinglante de Florian Philippot

Quant à François Fillon, il "préconise la création de 10.000 postes de policiers. Comment croire sur ce sujet un candidat qui lorsqu'il était Premier ministre en avait supprimé 13.000 dans les forces de sécurité intérieure?", a accusé Bernard Cazeneuve. 

Le Front national a immédiatement répliqué, par la voix de son numéro deux, Florian Philippot:

"Pour son inconséquence et sa légèreté, Cazeneuve depuis longtemps aurait dû démissionner", a lâché le bras droit de Marine Le Pen sur Twitter, ajoutant que le Premier ministre "ferait mieux de fustiger Daesh" au lieu de la candidate frontiste. 

Charlie Vandekerkhove