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Gouvernement

Calais: Cazeneuve défend l'action de l'État en faveur des migrants

Le ministre de l'Intérieur s'est rendu au Mans pour visiter un centre d'accueil pour des réfugiés qui ont quitté la "jungle" de Calais. Il y a défendu le bilan de l'État français dans l'aide aux migrants.

Bernard Cazeneuve l'affirme, l'État français n'est pas dépassé par l'afflux massif de réfugiés sur son territoire. Alors que la moitié de la "jungle" de Calais doit être évacuée d'ici mercredi soir, le ministre de l'Intérieur a tenté d'apaiser les tensions, en promettant notamment que l'évacuation se ferait "de manière progressive, par la persuasion et dans le respect de la dignité des personnes". Une promesse faite alors que le ministre s'est rendu lundi dans un Centre d'accueil et d'orientation (CAO) au Mans (Sarthe).

Il y a rencontré des réfugiés venus principalement du Soudan ou d'Afghanistan, en passant par la "jungle" de Calais. Une jungle qu'ils ont volontairement quittée, pour la promesse de meilleures conditions de vie et la possibilité de bénéficier du droit d'asile. Lors de sa conférence de presse sur place, Bernard Cazeneuve a d'ailleurs rappelé que 85% des réfugiés accueillis dans un centre ont choisi d'y rester, et 80% ont déposé une demande d'asile sur le territoire français.

"Depuis le 27 octobre dernier, grâce à la mise en place des CAO, ce sont 2.667 hommes et femmes qui ont pu quitter la boue et le froid des campements pour rejoindre des lieux conviviaux à l’image du CAO du Mans, a ainsi souligné le ministre de l'Intérieur. Et la très grande majorité d’entre eux ont pu reconsidérer leur projet migratoire et saisir la main que la France leur tend en leur proposant de déposer ici une demande d’asile."

251 filières de passeurs démantelées en 2015

Ces centres d'accueil font partie de l'action plus large de l'État français contre les filières de passeurs qui sévissent depuis des années, notamment à Calais et Grande-Synthe. 

"Dans l'intérêt des migrants eux-mêmes, qui sont avant tout des victimes, la réponse de l'État se situe à la fois sur le terrain de la répression des passeurs, du contrôle des frontières, de l'assistance humanitaire et de la gestion de l'asile", a expliqué Bernard Cazeneuve.

Selon le ministre, "en 2015 vingt-huit filières de passeurs qui sévissaient à Calais ont été démantelées, soit deux fois plus qu'en 2014." 251 filières clandestines ont également été mises hors d'état de nuire sur l'ensemble du territoire national, "un record".

Des dépenses importantes, mais jugées insuffisantes 

Mais cette action a un coût important, a tenu à rappeler Bernard Cazeneuve. Le gouvernement a ainsi investi plus de 18 millions d'euros pour aider la commune de Calais à accompagner les réfugiés, notamment par l'ouverture du centre d'accueil de jour Jules Ferry. "Il distribue, chaque jour, 2.500 repas et pas loin de 2.000 petit-déjeuners, a expliqué le ministre. Il offre également environ 500 douches aux migrants installés sur la lande."

Ces dépenses restent encore insuffisantes selon les associations présentes sur la "jungle" de Calais. Ces dernières jugent qu'il n'y a pas assez de place dans les centres pour accueillir tous les migrants évacués de la zone sud, qu'elles estiment au nombre de 3.450, dont 450 enfants.

"Il y a 1.500 places dans le camp des conteneurs, appelé 'centre d'accueil provisoire', alors qu'on recense plus de 4.000 personnes sur le bidonville, rappelle Vincent de Coninck, chargé de mission au Secours catholique. Parmi ces 4.000 personnes, il y en a beaucoup qui n'accepteront pas d'aller en CAO, même si c'est une solution intéressante."

Si Bernard Cazeneuve affirme que "la mise à l’abri des migrants de la zone sud du campement est une étape humanitaire", les associations sont tout sauf convaincues. Dans une tribune, elles s'associent à des artistes et des intellectuels pour appeler les pouvoirs publics à revenir sur le démantèlement du camp. Elles ont également déposé un recours devant le tribunal administratif de Lille pour reporter l'évacuation. L'audience est prévue pour mardi après-midi. 
H. M. avec Stéphanie Zenati et Stéphane Beaugeard