Bio express de l'été: Manuel Valls

Vous aider à réviser vos classiques en tâchant de vous en apprendre davantage sur les personnalités qui feront l'actualité de la rentrée, telle est la mission que nous nous sommes fixée cet été. People, politiques, sportifs… vous croyez les connaître? Vraiment?

C'est peu de dire que l'actuel ministre de l'Intérieur Manuel Valls est une figure montante de la vie politique française. La petite cinquantaine fringante, il multiplie les apparitions. Malgré la difficulté des dossiers à gérer au quotidien, qu'il s'agisse des émeutes dans les banlieues, des problèmes avec les gens du voyage, du port du voile, des braquages multiples à Cannes, le locataire de la place Beauvau ne voit pas sa popularité faiblir, contrairement à celle de la tête de l'exécutif.

Comme avant lui les anciens ministres de l'Intérieur, François Mitterrand (sous la IVe République), Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, il se pourrait qu'il connaisse un destin présidentiel. Retour sur le parcours quasi sans faute d'un surdoué de la politique.

> D'où vient-il?

Manuel Valls n'est pas né en France mais à Barcelone en Espagne, le 13 août 1962. Il n'a obtenu la nationalité française qu'à l'âge de 20 ans, mais s'était engagé dans la politique dès 17 ans, en soutien de Michel Rocard. Diplômé d'histoire, il est conseiller régional d'Ile-de-France en 1986 puis adjoint au maire d'Argenteuil de 1989 à 1998. A partir de 2001, il est maire d'Evry, puis député de l'Essonne à partir de 2002. Cela fait un peu plus d'un an qu'il est ministre de l'Intérieur.

Côté vie privée, Manuel Valls est divorcé et père de quatre enfants issus d'une précédente union. Il s'est remarié en 2010 avec la violoniste Anne Gravoin, premier prix du conservatoire de Paris.

Son père Xavier était artiste peintre et appartenait au courant de la jeune peinture de l'école de Paris (Bernard Buffet, Maurice Boitel, Pierre-Henry notamment). Sa mère Luisangela, enseignante originaire de la Suisse italienne, est la sœur de l'architecte Aurelio Galfetti.

> Ses hauts

Manuel Valls, s'il était confronté à Nicolas Sarkozy lors du second tour d'une prochaine élection présidentielle, battrait ce dernier de cinq points. C'est du moins ce qu'indique un sondage du samedi 3 août pour l'hebdomadaire Marianne. A la question "Pouvez-vous indiquer laquelle des deux personnalités vous souhaitez voir élue président de la République", 49% des personnes interrogées ont répondu Manuel Valls, 44% se prononçant pour l'ex-chef de l'Etat. 7% ne se prononcent pas.

"Je me méfie beaucoup des sondages, mais ça tombe bien. Cela montre que les Français sont conscients qu'en matière de sécurité nous faisons mieux, et de manière bien plus sérieuse, et nous obtenons des résultats par rapport au passé", a réagi Manuel Valls interrogé sur ce sondage.

> Ses bas

Un premier épisode marquant est celui qui l'a opposé par voie de presse à Martine Aubry, en 2009, quand la maire de Lille était encore première secrétaire du Parti socialiste. Manuel Valls payait alors son positionnement qui a toujours été à l'aile droite du Parti socialiste. Elle lui écrivait dans les colonnes du Parisien: "Si les propos que tu exprimes reflètent profondément ta pensée, alors tu dois en tirer pleinement les conséquences et quitter le Parti socialiste". Il répond le 16 juillet et indique qu'il ne compte pas partir, précisant qu'il a toujours "respecté le choix des militants".

> L'anecdote

Giovanna, la sœur de Manuel Valls, est passée par un épisode très sombre, quand elle était droguée. Dans une biographie de Jacques Hennen et Gilles Verdez, Manuel Valls, les secrets d'un destin, elle évoque cet épisode douloureux et souligne l'attitude d'un frère aimant. "Manuel m'a tenu la main, m'a dit: fais quelque chose, se souvient-elle. J'ai mis sur la balance d'un côté l'héroïne, de l'autre ma vie."

Après avoir échappé à la drogue grâce à une thérapie en Amazonie, Giovanna découvre qu'elle est atteinte du "virus du Sida et de l'hépatite C". Peut-être la position de rejet franc et massif par l'actuel ministre de l'Intérieur de toute idée de légalisation des drogues, n'est pas étrangère à ce drame.

> La phrase

Manuel Valls traîne cette conversation avec son directeur de cabinet, qui aurait dû rester en off, comme un boulet. La scène se passe en 2009 lors du tournage dans sa ville d'Evry d'une séquence pour l'émission "Politiquement parlant" de Direct 8. La séquence est diffusée le 8 juin. Dans les allées d'une brocante, il soupire: "Belle image de la ville d’Evry..., avant d'ordonner "tu me mets quelques Blancs, quelques white, quelques blancos."

Le ministre justifiait quelques jours plus tard sur Europe 1: "Il ne faut pas avoir peur des mots mais dire les choses telles qu’elles correspondent à la réalité", ajoutant qu'il "se bat contre la ségrégation territoriale, sociale, ethnique" depuis vingt ans.

> Sa rentrée

Peut-on vraiment parler d'une rentrée pour Manuel Valls qui, s'il était censé prendre quelques jours de vacances en familles du côté d'Aix-en-Provence, semble n'avoir jamais décroché? Pas sûr. Dans les tuyaux, on notera un projet de loi sur l'immigration qui, prévu pour un examen imminent, a été reporté à 2014 afin d'y inclure une réforme du droit d'asile. Il s'agit, selon le ministre de l'Intérieur, de réformer un système "à bout de souffle". Un dossier à suivre comme celui d'une hypothétique interdiction du port du voile à l'université à propos de laquelle Manuel Valls s'est déclaré favorable.

David Namias