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Gouvernement

Bernard Cazeneuve rebaptise la "clause Molière" en "clause Tartuffe"

Le Premier ministre s'est immiscé dans le débat autour de la "clause Molière", une disposition imposant l'usage du français sur les chantiers, dans laquelle il y voit qu'un simple calcul électoraliste.

Bernard Cazeneuve connaît bien le sujet, lui passionné de littérature. En pleine polémique atour de la "clause Molière", cette disposition imposant l'usage de la langue française sur les chantiers, le Premier ministre a pris la parole pour fustiger l'hypocrisie et l'aspect électoraliste et populiste des communes, départements ou régions qui ont décidé d'imposer cette clause. 

"Derrière la 'clause Molière', c'est la clause Tartuffe dont il faut se méfier", a dénoncé le chef du gouvernement, évoquant le célèbre personnage hypocrite de Molière pour s'en prendre à une "mesure ouvertement discriminatoire", lors d'un discours devant le Conseil économique, social et environnemental (Cese).

Plusieurs régions, comme les hauts-de-France, l'Ile-de-France ou l'Auvergne-Rhône-Alpes, des départements, Charente, Haut-Rhin ou des communes comme Montfermeil ou Chalon-sur-Saône ont adopté cette mesure qui prévoit de stipuler dans les contrats de travail qu'un ouvrier doit maîtriser la langue française. Le débat a été relancé avec la mise en place d'une brigade de contrôle chargée de veiller au respect de cette clause. "Elle est juridiquement inutile car la loi travail prévoit d'ores et déjà une obligation pour les employeurs d'afficher les consignes de sécurité sur les chantiers dans une langue intelligible par tous", avait alors estimé le ministère du Travail, parlant "d'enfumage politique".

"Profit électoral"

Dans un discours consacré au dialogue social et à la langue française, le Premier ministre a repris cet argument.

"Je crois donc être bien placé pour vous dire que l'on peut, en cette matière, lutter contre les fraudes et contre les excès sans prendre, au mépris du droit, en contravention avec l'Etat de droit et parfois par pur calcul électoraliste, des mesures ouvertement discriminatoires à l'égard d'entreprises étrangères et qui seront infailliblement condamnées comme telles par n'importe quel tribunal", a-t-il pointé dans une longue tirade.

Pour Bernard Cazeneuve, la mise en place de cette "clause Molière" n'a qu'un enjeu électoraliste de la part de ces élus, majoritairement de droite. Le Premier ministre s'en est alors pris à ses responsables politiques qui "ne font pas mystère de ce que ces clauses ne sont pas inspirés par l'amour de notre langue, mais par l'objectif de faire obstacle à la concurrence d'entreprises étrangères faisant appel à des travailleurs détachés". Avant d'ajouter: "Et ils ont peine à cacher qu'ils espèrent pour un certain nombre d'entre eux, je dis les choses franchement, en tirer un profit électoral."

"La langue française doit être la langue de l'intégration", a rappelé le chef du gouvernement mais qui déplore cette mesure de "pure posture électoraliste".

Justine Chevalier avec AFP