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Gouvernement

Affaire Théo: le gouvernement ne convainc pas les associations antiracistes

A leur demande, le gouvernement a reçu des associations antiracistes pour évoquer les suites de l'affaire Théo. A l'issue, les deux parties ont montré des différences d'appréciation de la situation dans les banlieues.

C'est un fait, les incidents du week-end ont remis les banlieues dans le débat, à deux mois de l'élection présidentielle. A la sortie de la réunion qui a vu se rencontrer, à leur demande, des associations antiracistes avec le gouvernement, Bruno Le Roux a lancé un "appel au calme" et "à la confiance dans la justice". Le ministre de l'Intérieur a condamné dans le même élan les violences de Bobigny, où une manifestation en soutien à Théo a dégénéré en multiples dégradations, et à Argenteuil dans le Val-d'Oise.

Bernard Cazeneuve a, de son côté, évoqué L'émotion légitime" suscitée par l'affaire Théo. Puis ajoutant immédiatement que de drame "ne saurait en rien justifier" ces "violences inacceptables". Etaient reçues notamment à Matignon lundi les associations antiracistes SOS Racisme, la Licra et la Ligue des droits de l'Homme (LDH).

"Nous avons articulé cette rencontre autour de la question centrale du respect. (...) D'abord pour les forces de sécurité qui agissent dans le cadre républicain, qui sont contrôlées dans ce cadre républicain quand il y a des manquements. Et puis le respect qu'il doit y avoir aussi de la part de la population", a expliqué Bruno Le Roux à BFMTV. 

"Le gouvernement a-t-il pris la mesure du problème?"

Du côté des associations, le scepticisme règne. Le problème est selon elle plus profond. La réponse du gouvernement n'est pas à la hauteur.

"Nous avons rencontré un gouvernement qui se repose sur un bilan dont il semble très satisfait. Nous en venons à nous demander s'il a vraiment pris la mesure de la gravité des actes qui ont été commis et ce que ça révèle de malsain et toxique au sein des forces de police, au sein même de notre pays", expose Pierre Tartakowsky, président de la ligue des Droits de l'Homme.

Pour certaines associations, les dérives ont pris un caractère raciste et sexuel. 

"Oui, il y a u problème avec une certaine partie de la police nationale. Quand il y a un problème, il faut l'évoquer. Non pas, pour accuser la police qui est soumise à des tensions extrêmement fortes dans le contexte de terrorisme dans lequel nous vivons, mais pour faire en sorte que les choses s'améliorent. Où tout cela mène-t-il? Cela mène à de la tension qui n'est bonne pour personne", souligne Dominique Sopo, président de SOS Racisme. 

Les associations réclament la mise en place de certaines mesures comme la généralisation des caméras piéton et la mise en place des récépissés de contrôle d'identité. Le but serait d'une part de dissuader les policiers de commettre des actes injustifiés et, d'autre part, de limiter les "contrôles au faciès". Les associations souhaitent être à nouveau reçues pour porter ces revendications.

David Namias avec Sophie Hébrard