BFMTV
Gouvernement

À la Fête de l'Humanité, débat électrique entre Delevoye et Martinez sur la réforme des retraites

Le haut-commissaire aux Retraites, Jean-Paul Delevoye, et le numéro un de la CGT, Philippe Martinez, à la Fête de l'Humanité, le 14 septembre 2019

Le haut-commissaire aux Retraites, Jean-Paul Delevoye, et le numéro un de la CGT, Philippe Martinez, à la Fête de l'Humanité, le 14 septembre 2019 - AFP - Stéphane de Sakutin

L'un des modérateurs de la discussion a dû plusieurs fois tempérer les invectives et les huées d'une partie des centaines de personnes dans l'assistance, au lendemain d'une grève contre le projet de réforme très suivie à la RATP.

C'était le match annoncé de cette 84ème édition de la Fête de l'Humanité. Au cours d'un débat tendu ce samedi à la Courneuve, le haut-commissaire aux Retraites Jean-Paul Delevoye a défendu le projet de réforme des retraites du gouvernement face au patron de la CGT Philippe Martinez.

L'un des modérateurs de la discussion, le directeur de la rédaction de L'Humanité Patrick Apel-Muller, a dû plusieurs fois tempérer les invectives et les huées d'une partie des centaines de personnes dans l'assistance, au lendemain d'une grève contre le projet de réforme très suivie à la RATP.

"C'est le Premier ministre qui accepte de débattre avec la CGT", s'est félicité Philippe Martinez. Mais, a-t-il attaqué, "pas une seule des 132 pages de votre rapport (qui sert de base à la réforme du gouvernement, ndlr) ne reprend nos propositions".

"Qui va définir la valeur du point?"

"Nous avons 42 régimes de retraite, ce qui pose un problème d'équité", a expliqué Jean-Paul Delevoye. "Nous avons immédiatement opté sur ce qui fait la richesse de ce pays, la répartition", mais en définissant les "mêmes règles pour tous, le même taux de cotisation, pour qu'à carrière identique, la retraite soit identique", a-t-il ajouté.

"Nos concitoyens jugent le système actuel injuste, illisible, nous travaillons à un système dans lequel la retraite sera le reflet du travail", a déclaré le haut-commissaire.

Philippe Martinez a déploré le système par points souhaité par le gouvernement. "Le président avait dit 'un euro cotisé, un euro reversé', ils ont modifié, un euro cotisé donnera un point. Mais qui va définir la valeur du point? Ne pourra-t-il pas baisser au nom, par exemple, de la réduction des déficits?" Jean-Paul Delevoye lui a rétorqué:

"Nous avons proposé d'indexer le point sur les salaires, mécaniquement sa valeur ne peut pas baisser". Mais, a-t-il convenu, "ce qui pose potentiellement problème, c'est la confiance, qui va déterminer la valeur du point. Ce sont les partenaires sociaux".

"Logiques d'austérité"

"Avec une telle gouvernance, sur l'injonction des marchés, des logiques d'austérité, la valeur du point baissera", s'est inquiété Philippe Martinez.

"Seules comptent deux choses: à quel âge je peux partir, et avec combien. Ne vous laissez pas embrouiller avec l'âge pivot, d'équilibre... ça, c'est ceux qui ne regardent qu'en termes de dépenses", a-t-il insisté.

La valeur et la gouvernance du point seront l'un des points-clés des consultations citoyennes lancées par le gouvernement entre septembre et décembre.

Si les deux hommes se sont accordés sur la nécessité de résoudre le problème de carrières de plus en plus heurtées et précaires, Jean-Paul Delevoye a estimé que ce qu'il préconisait "va redistribuer des carrières ascendantes, longues, vers les précaires".

Jules Pecnard avec AFP