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Gérard Longuet tente de désamorcer la polémique sur la Halde

Les propos de Gérard Longuet affirmant que le futur président de la Halde devrait être issu du "corps français traditionnel" continuent de provoquer colère à gauche et malaise à droite en France. Le socialiste Malek Boutih, fils d'immigrés algériens, est

Les propos de Gérard Longuet affirmant que le futur président de la Halde devrait être issu du "corps français traditionnel" continuent de provoquer colère à gauche et malaise à droite en France. Le socialiste Malek Boutih, fils d'immigrés algériens, est - -

PARIS - Gérard Longuet a tenté jeudi de clore le tollé déclenché par ses propos sur le profil du futur président de la Halde en annonçant qu'il...

PARIS (Reuters) - Gérard Longuet a tenté jeudi de clore le tollé déclenché par ses propos sur le profil du futur président de la Halde en annonçant qu'il inviterait Malek Boutih à défendre son projet devant le Sénat.

Le président du groupe UMP au Sénat, qui ne s'est cependant pas excusé, a expliqué sur RTL s'être entretenu par téléphone avec ce socialiste, fils d'immigré algérien, et avoir constaté son réel intérêt pour ce poste.

"Puisque nous aurons à nous exprimer, nous sénateurs, et bien je l'inviterai à présenter son projet devant le groupe sénatorial et j'aurai ainsi ouvert le dialogue", a-t-il dit.

Les propos, mercredi, de Gérard Longuet affirmant que le futur président de la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité devrait être issu du "corps français traditionnel" ont continué de provoquer colère à gauche et malaise à droite.

Malek Boutih est donné favori pour succéder à Louis Schweitzer à la présidence de la Halde.

Pour Gérard Longuet, qui s'exprimait lors de l'émission Questions d'info, sur LCP et France Info, "ce n'est pas le bon personnage. Parce qu'il vaut mieux que ce soit le corps français traditionnel qui se sente responsable de l'accueil de tous nos compatriotes".

Le sénateur UMP a ensuite reconnu avoir utilisé une expression "peut-être raccourcie et maladroite", sans retirer ses propos. Il a expliqué jeudi qu'il voulait que la lutte contre les discriminations soit l'affaire de tous et qu'elle ne soit pas incarnée par quelqu'un représentant les quartiers ou telle ou telle communauté.

Interrogé sur les réactions frileuses de ses amis de la majorité, il a répondu: "On est dans un pays où le courage du débat n'est pas le point fort. Je reconnais que ma formule n'est pas la plus heureuse, il m'arrive d'avoir une sémantique incertaine."

BOUTIH A "LE BON PROFIL", DIT BORLOO

Le Parti socialiste crie au scandale et réclame l'intervention de Nicolas Sarkozy.

"Ça commence à devenir assez nauséabond (...) Je voudrais que le président de la République s'exprime", a déclaré sur Canal+ le porte-parole du PS, Benoît Hamon.

A ses yeux, "la droite a un problème avec l'immigration manifestement et tout ça pèse sur le débat politique. Il y a des millions de nos compatriotes qui se sentent légitimement insultés, à répétition, par la droite française".

"J'ai mal à mon pays, j'ai mal à ma France quand j'entends ça", a renchéri sur i>Télé Razzy Hammadi, secrétaire national du PS. "Il y a une véritable banalisation de ce type d'expression".

"Est-ce que l'UMP veut prendre Jean-Marie Le Pen sur sa droite ? Je ne comprends pas", a-t-il ajouté.

La Licra a estimé que le discours de Gérard Longuet témoignait "d'une vision essentialiste et racialiste de notre société". "Le sénateur ne fait rien de plus que de réhabiliter (...) le statut révolu d'indigène au coeur de notre République", écrit dans un communiqué la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme.

Le président du Front national, Jean-Marie Le Pen, soupçonne une "ruse" politique dans l'intervention de Gérard Longuet.

"Ça peut être un 'coup' destiné à dire 'vous savez on n'est pas tous d'accord avec le président à l'UMP, on n'est pas toujours d'accord avec l'ouverture vers l'étranger que fait systématiquement M. Sarkozy'", a-t-il dit sur RMC.

Sa fille Marine, vice-présidente FN, a estimé que Gérard Longuet était "dans la logique de M. Sarkozy". "Ce qui me choque dans la nomination de M. Boutih, c'est qu'il est socialiste", a-t-elle déclaré sur LCI.

Le porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre, a fait part de son malaise, sans condamner les propos de Gérard Longuet.

"Je considère que c'est plutôt regrettable et pour tout vous dire j'ai vu qu'il avait lui-même dit que c'était une maladresse", a-t-il déclaré sur France 2.

Selon Xavier Bertrand, secrétaire général de l'UMP, qui s'exprimait sur France Info, Gérard Longuet "n'a voulu blesser personne, n'a voulu choquer personne, c'est pourquoi il a décidé d'écrire, de faire un communiqué et de préciser des choses".

Pour le ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo, Malek Boutih a "le bon profil" pour prendre la tête de la Halde.

"Il a à la fois la culture initiale du militantisme et en même temps il a pris de la sérénité et de la tranquillité. Moi, j'ai beaucoup d'estime pour lui", a-t-il dit sur France Info.

Elizabeth Pineau et Gérard Bon, édité par Gilles Trequesser