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Fusillade à Strasbourg: l'extrême droite relance le débat sur l'exécution des peines

La BRI patrouillant dans les rues de Strasbourg.

La BRI patrouillant dans les rues de Strasbourg. - SEBASTIEN BOZON / AFP

Le personnel politique de la droite de la droite a pointé ce mercredi "un laxisme" de la justice dans le parcours de Chérif Chekatt, auteur présumé de la fusillade de Strasbourg. L'homme, âgé de 29 ans, a déjà reçu 27 condamnations.

29 ans, 27 condamnations. Tel est le pedigree de Chérif Chekatt, auteur présumé de la fusillade meurtrière de Strasbourg mardi soir. Une question se fait jour à l'extrême droite: comment se fait-il qu'avec un tel profil Chérif Chekatt ait pu se trouver en liberté, apte à mener son projet assassin?

Levée de bouclier 

Salle des Quatre-Colonnes, ce mercredi à l'Assemblée nationale, le député élu dans l'Essonne et président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, s'est agacé:

"Je demande qu’on arrête avec le laxisme judiciaire. Quand vous pensez qu’il a reçu 27 condamnations, que son prosélytisme religieux a été constaté en prison et qu’il était libre, la situation est inacceptable, vraiment."

Sur notre antenne, le député européen du Rassemblement national, Nicolas Bay, a embrayé: "Il a bénéficié du laxisme judiciaire en France. 27 fois condamné, il était en liberté alors qu’il aurait dû être derrière les barreaux." Le vice-président de sa formation politique, Steeve Briois, a développé le même argumentaire. "27 condamnations à 29 ans! Combien de milliers sont-ils dans ce cas? La justice actuelle n’est plus en capacité de mettre ce genre d’individus hors d’état de nuire ni de protéger les Français. Nous devons mettre en place des mesures fermes", s'est-il exclamé sur Twitter.

Un très long parcours judiciaire

Examinée dans le détail, l'histoire pénale de Chérif Chekatt explore le banditisme sous toutes les coutures. Connu pour des faits de droit commun, il s'est signalé par des viols avec violence, cambriolages, des faits de braquage. Mardi matin, les forces de l'ordre se sont d'ailleurs déplacées à son domicile pour l'interpeller, sans succès, dans le cadre d'une enquête pour extorsion avec tentative d'homicide. La justice a appris à le connaître depuis ses dix ans, et l'a condamné pour la première fois lorsqu'il n'en avait que treize. 

En-dehors du son seul casier judiciaire, qui ne tient compte que des actes ayant été sanctionnés d'une condamnation pénale prononcée par un tribunal français, son dossier au Traitement des antécédents judiciaires (le TAJ, qui enregistre quant à lui, les données issues de comptes rendus d'enquêtes pour des crimes, des délits mais aussi certaines contraventions) révèle 67 mentions.

C'est en prison qu'il a fait montre d'une pratique de l'islam décrite comme prosélyte, ce qui a motivé son suivi par la DGSI en 2015 à sa sortie de prison, son inscription au Fichier des signalements pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT) en janvier 2016 et l'établissement d'une fiche S en mai suivant. 

S'agissant de son passage pénitentiaire, il apparaît, selon les informations de notre consultant police/justice Dominique Rizet, qu'il a séjourné en tout et pour tout cinq ans derrière les barreaux. 

Des aménagements soumis à conditions 

Il faut noter qu'un individu condamné par la justice peut éviter la prison si les magistrats l'estiment éligible à un aménagement de peine. Dans le cas de peines d’emprisonnement inférieures à deux ans (ou un an en cas de récidive légale), des formules d'aménagement précises peuvent être étudiées: le régime de semi-liberté, sous lequel le détenu peut sortir à certaines heures de la journée mais est tenu de passer la nuit en prison, l'assignation à résidence avec bracelet ou boîtier électronique et l'autorisation de ne quitter son logement qu'en certains créneaux horaires, et le placement à l'extérieur. Dans ce dernier cas, la personne est hébergée dans un centre, qu'il doit impérativement regagner le soir, et doit exercer une activité dans la journée. 

Pour les peines plus longues, certaines conditions, outre les réductions de peine, permettent parfois à un détenu de bénéficier d'une sortie anticipée. Ainsi, les prisonniers ayant effectué la moitié de leur peine (ou les deux tiers s'il s'agit de récidivistes) et montrant leur volonté de réussir leur réadaptation sociale peuvent se voir notifier une libération conditionnelle, sous réserve de s'astreindre à un suivi régulier et à se conformer à certaines obligations, relevant par exemple de soins, de travail, ou de remboursement des victimes. 

Robin Verner avec le service Police/Justice de BFMTV