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Rassemblement national

Vel d'Hiv: Le Pen réveille les "vieux démons" qui collent à la peau du FN

Après ses propos sur la non-responsabilité de la France lors de la rafle du Vel d'Hiv, Marine Le Pen a été vivement critiquée par l'ensemble de la classe politique française, ainsi que par plusieurs éditorialistes qui mettent en cause une "communication mal maîtrisée".

Banalisation du Front national ou retour des vieux démons du parti? Le débat est ouvert. Dimanche, Marine Le Pen a créé la polémique en affirmant que la France n'était pas responsable de la rafle du Vel d'Hiv, au cours de laquelle plus de 13.000 Juifs ont été arrêtés. Avec ces propos, la présidente du Front national a souhaité se revendiquer de l'héritage du Général de Gaulle, estimant que "la France et la République étaient à Londres pendant l'Occupation et que le régime de Vichy n'était pas la France".

"Marine Le Pen a peut-être pensé que l'image du Front national était à ce point banalisé qu'il était possible d'aller sur des terres gaullistes, d'en revendiquer l'héritage au travers d'un événement historique. Manifestement ce n'est pas le cas et à ce titre-là, c'est totalement une bourde", a estimé François Miquet-Marty, président de l'institut Viavoice, sur BFMTV.

Un avis partagé par Jérôme Béglé, directeur adjoint de la rédaction du Point, qui considère que la présidente du Front national a commis "une énorme bêtise qui lui coûte très cher", notamment en termes de crédibilité. 

Des propos "qui se retournent contre elle"

"Le gaullisme n'est pas dans l'ADN du Front national, s'en réclamer est quelque chose de très neuf", analyse le politologue Jean-Yves Camus, spécialiste de l'extrême droite, pour Europe 1. Mais si cet héritage peut contribuer à renforcer la normalisation du Front national, le fait d'évoquer le drame du Vel d'Hiv "réactive de manière spectaculaire tous les vieux démons associés à l'image du Front national", affirme François Miquet-Marty. Marine Le Pen "a peut-être voulu remobiliser ses troupes mais cela s'est retourné contre elle", considère quant à elle Cécile Cornudet, éditorialiste aux Echos.

Pour Jean-Sébastien Ferjou, directement de la publication chez Atlantico, Marine Le Pen n'avait visiblement pas spécialement envie de rouvrir le débat sur la rafle du Vel d'Hiv dimanche. "Elle était en train de parler des manuels scolaires", rappelle-t-il. "Elle s'est totalement trompée en choisissant cet exemple. C'est de la communication très mal maîtrisée", estime-t-il. Un faux-pas qui illustre la "mauvaise campagne" de la candidate, conclut Cécile Cornudet.
Mélanie Rostagnat