BFMTV
Rassemblement national

Tribune de militaires: pour Marion Maréchal, il ne s'agit pas d'un "appel à l'insurrection"

Invitée à réagir au texte signé par de nombreux officiers dans Valeurs Actuelles, l'ex-députée FN a tenté la comparaison avec Charles de Gaulle, à qui on n'aurait pas fait ce "procès" selon elle.

La polémique autour de la tribune signée par des militaires dans Valeurs Actuelles est-elle disproportionnée? C'est ce qu'estime Marion Maréchal, invitée de BFMTV-RMC ce jeudi matin. Interrogée sur le contenu du texte publié le 21 avril, qui a suscité des réactions indignées, essentiellement à gauche et quelques-unes au sein du gouvernement, la directrice de l'Issep a exprimé sa solidarité à l'égard des signataires.

"Je constate que cette tribune fait plus d'émoi dans le débat public et auprès des ministres que les émeutes que nous vivons depuis maintenant des semaines, (...) c'est quand même surprenant", a d'abord réagi l'ex-députée Front national.

"Mauvaise foi"

Marion Maréchal regrette la "mauvaise foi" ambiante concernant la tribune. En particulier le passage où ses auteurs écrivent que, si rien n'est fait pour remédier au désordre actuel dans les banlieues, "le laxisme continuera à se répandre inexorablement dans la société, provoquant au final une explosion et l’intervention de nos camarades d’active dans une mission périlleuse de protection de nos valeurs civilisationnelles et de sauvegarde de nos compatriotes sur le territoire national".

"Je ne vois pas du tout un appel à l'insurrection", répond avec aplomb la directrice de l'Issep. "Je vois des gens qui expriment une crainte, (...) mais je ne vois pas un souhait et encore moins un appel", insiste-t-elle.

"C'est un procès qu'on n'aurait pas fait à de Gaulle"

Selon la nièce de Marine Le Pen, la notion même de "devoir de réserve", qui s'applique aux militaires d'active comme de réserve, "n'existe pas en tant que telle" et leur liberté d'expression comporte "des limites (...) extrêmement floues", prévues entre autres par le code de la Défense.

"Je trouve qu'au contraire, on a besoin des militaires dans le débat public, et je m'étonne d'autant plus que (...) c'est un procès qu'on n'aurait pas fait à de Gaulle (...) Il est colonel à l'époque où il écrit Vers l'armée de métier", rappelle-t-elle, faisant allusion au fameux essai de stratégie militaire paru en 1934.

Si Marion Maréchal concède que les militaires n'ont pas à s'épancher sur le contenu des missions qu'on leur assigne, "ils sont des citoyens (...) qui mettent quand même leur peau au bout de leur engagement", estime-t-elle. "Ils ont quelque chose à apporter dans le débat public", ajoute l'ancienne parlementaire. Et de se hasarder à une comparaison historique en évoquant Florence Parly, ministre des Armées qui a sévèrement réprimandé les officiers signataires de la tribune.

"Si on raisonnait comme Mme Parly en 33-40, tous les militaires qui à l'époque s'étaient exprimés pour alerter sur le réarmement de l'Allemagne auraient fini devant les tribunaux militaires", s'inquiète Marion Maréchal. Tout en précisant que le "péril n'est évidemment pas le même" aujourd'hui.
Jules Pecnard Journaliste BFMTV