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Rassemblement national

Pourquoi Marine Le Pen peine à créer son groupe au Parlement européen

Marine Le Pen affirmait le 28 mai à Bruxelles que la création d'un groupe d'eurosceptiques au Parlement européen était proche.

Marine Le Pen affirmait le 28 mai à Bruxelles que la création d'un groupe d'eurosceptiques au Parlement européen était proche. - -

Si Marine Le Pen a incontestablement gagné son pari en plaçant son parti en tête des élections européennes en France, il lui restait lundi moins de 24 heures pour former un groupe au Parlement européen.

"Nous n'avons aucune inquiétude sur l'existence future de notre groupe" au Parlement européen, déclarait Marine Le Pen au lendemain des élections européennes. Un mois plus tard, à la veille du dernier jour pour constituer un tel groupe, le Front national se montre moins confiant.

Son concurrent réussit grâce à une dissidente du FN

L'europhobe britannique Nigel Farage a annoncé mercredi la formation d'un groupe concurrent au Parlement, à la suite du ralliement d'une dissidente du Front national français. Le groupe EFD (Europe, liberté, démocratie) comptera 48 députés, dont Joëlle Bergeron, élue en France sur les listes du FN mais qui a refusé de céder son siège malgré les injonctions de la direction du parti.

EFD rassemble des élus de sept pays, le minimum requis pour former un groupe politique au Parlement européen. Les 24 députés de l'Ukip (Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni) en forment l'ossature, tandis qu'on y retrouve également les 17 élus italiens du "Mouvement 5 étoiles" de Beppe Grillo.

Nigel Farage a toujours refusé de s'allier avec le Front national, qu'il juge antisémite.

Un boulet nommé Jean-Marie

De son côté, Marine Le Pen a déjà passé une alliance avec le Parti pour la liberté (PVV) du Néerlandais Geert Wilders, le Parti autrichien de la liberté (FPÖ), le Vlaams Belang belge et la Ligue du Nord italienne. Ils pourraient être rejoints par les élus du KNP polonais et du VMRO bulgare. Si ces ralliements étaient confirmés, Marine Le Pen pourrait alors former le huitième groupe du Parlement européen qui comptera 43 élus.

Comme son père dans le passé, Marine Le Pen découvre qu'il ne suffit pas d'avoir l'europhobie en partage pour siéger au sein d'un même groupe. De plus, la patronne du FN elle a vu sa quête de partenaires compliquée par les récentes déclarations de Jean-Marie Le Pen, président d'honneur du parti, évoquant une "fournée" à propos du chanteur Patrick Bruel. Marine Le Pen a jugé cette déclaration comme "une faute politique"; reste à savoir si cela suffira à rassurer ses partenaires.

De fait, cette image antisémite lui a déjà fait perdre des alliés potentiels. Les Démocrates suédois (SD), avec lesquels il siège au sein du parti paneuropéen Alliance européenne pour la liberté (AEF), ont pris leurs distances et ses deux élus ont rejoint l'EFD.

Philippot anticipe une déroute

Outre une meilleure visibilité, avoir un groupe au Parlement européen donne l'assurance de recevoir entre 20 et 30 millions d'euros de subventions au cours des cinq prochaines années, hors salaires et avantages des députés.

Le vice-président du FN et nouvel eurodéputé Florian Philippot a commencé à déminer le terrain en cas d'échec de son parti. "C'est vrai [qu'avoir un groupe] permet d'avoir une caisse de résonance, des prérogatives supplémentaires. En même temps, si on n'y arrive pas, ce n'est pas dramatique non plus", relativisait Florian Philippot au lendemain de la constitution du groupe de Nigel Farage.

Voici l'explication qu'il avance: "Même si on avait un groupe, nous n'aurions pas de majorité, à coup sûr, il faudrait construire des majorités de circonstance, groupe ou pas groupe". Faut-il croire que le FN saurait peser autant avec ou sans groupe? Ce n'est pas ce que le parti affirmait pendant la campagne.

Karine Lambin