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Rassemblement national

Pourquoi la guerre entre Marion et Marine Le Pen n'aura pas lieu (avant 2017)

Marine Le Pen et Marion Maréchal-Le Pen, le 7 avril 2016.

Marine Le Pen et Marion Maréchal-Le Pen, le 7 avril 2016. - Dominique Faget - AFP

Pas toujours sur la même ligne politique, Marine Le Pen et sa nièce Marion tentent néanmoins d'afficher l'image d'un parti uni à moins d'un an de la présidentielle. Le départ du patriarche a déjà laissé des traces. Mais le FN pourrait subir un nouveau séisme après 2017.

Elles n'en ont pas l'envie, c'est encore moins leur intérêt: à en croire de nombreux frontistes, las des "fantasmes médiatiques", Marine Le Pen et sa nièce Marion ne s'affronteront pas... en tout cas pas avant les élections de 2017.

Après l'exclusion, en août, du Front national du patriarche Jean-Marie Le Pen, "Marine ne peut pas tuer un deuxième Le Pen", s'amuse un soutien de la jeune députée du Vaucluse. En fait, c'est plus simple: à moins d'un an de la présidentielle, sauf déflagration, les deux femmes ont zéro raison de déclencher la guerre.

De l'avis général, "Marion", comme tous la désignent, est "réglo", d'une "extrême droiture". "Elle n'a jamais franchi le Rubicon", souligne un proche de sa tante. Continuum entre homosexualité et polygamie, "agacement" face aux valeurs républicaines, participation à une réunion de l'Action française... "Marion dit ce qu'elle pense. Si quelqu'un n'est pas content, elle s'en fout", note un soutien, qui s'inquiète: "Elle fait des erreurs qu'elle ne devrait pas faire à son niveau".

Une nièce "tétanisée" par sa tante?

Par sa musique singulière, la jeune députée fait parfois tousser la direction du parti, jusqu'à Marine Le Pen. "Marion s'enferme dans une image de catholique conservatrice. On a l'impression qu'elle se sent obligée de faire plaisir à ses fans. Je perds une généraliste", s'inquiète devant des proches la patronne du parti.

Avec le souverainiste Philippot et l'identitaire Maréchal-Le Pen, très populaire en interne, la candidate à la présidentielle peut toutefois espérer ratisser plus large : "Si Juppé est candidat, Marion peut occuper l'espace" de la droite libérale économiquement et conservatrice sociétalement, note un dirigeant. Mais "il n'y a pas de répartition des rôles", assure la jeune députée. "Marine ne se dit pas: 'Je vais fabriquer un Florian, une Marion'", s'amuse-t-elle.

"Des gens cherchent à nous diviser. On peut avoir des désaccords, abordés de façon sereine. Il n'y a pas d'ambiguïté sur le sens de mon engagement au sein du FN", confie la nièce. "Marion, c'est comme ma fille", renchérit la tante.

Avec certaines prises de distance publiques, l'éviction de Jean-Marie Le Pen et les recadrages en mai de deux historiques, Bruno Gollnisch et Marie-Christine Arnautu, Marion Maréchal-Le Pen serait pourtant "tétanisée par sa tante", indique à l'AFP un haut responsable du parti.

Le(s) score(s) de la présidentielle déterminant(s)

Son entourage admet au plus quelques tensions. Peu après le 1er mai, où Florian Philippot et sa lieutenante Sophie Montel ont visé de manière assez directe la benjamine de l'Assemblée, les deux femmes ont dîné ensemble et débriefé ce sujet.

Un futur affrontement? Un habitué du siège du parti à Nanterre s'agace de cette "politique fiction", tout comme Marion Maréchal-Le Pen. Preuve s'il en faut de leurs "bonnes relations": Marine "va m'offrir un chat prochainement!" confie-t-elle.

Et si de vraies tensions devaient apparaître, ce qui reste "peu probable", ce ne serait qu'après les élections de 2017, estiment plusieurs soutiens de Marion. Tout dépendra bien sûr du score à la présidentielle, puis aux législatives (obtention ou non d'un groupe FN?) et in fine des conclusions stratégico-programmatiques qu'en tirera Marine Le Pen. Beaucoup d'inconnues, donc.

Marion a bien le "virus" de la politique

"Le vrai enjeu, c'est le Congrès" du FN fin 2017: "personne ne croit qu'on gagnera la présidentielle. Si les législatives aussi sont ratées mais qu'après Marine flingue Philippot, ça se passera très bien", avertit un "marioniste". Car, confirme un proche de Marine Le Pen, "le vrai débat" est plutôt "entre Marion et Florian", déjà perceptible d'ailleurs, par médias interposés ou dans les tweets acrimonieux de leurs partisans respectifs.

Certains interprètent aussi le souhait récurrent de Marion Maréchal-Le Pen de prendre de l'air comme, notamment, le fruit de son insuccès à infléchir la ligne "Marine Le Pen - Florian Philippot", plus interventionniste économiquement et plus discrète sur les sujets de société.

"Je réfléchis encore à des options de sortie" de la politique, se confiait cette semaine la députée. Même si, "a priori", elle sera bien candidate à sa réélection. "Elle a un petit côté 'si vous m'emmerdez, j'arrête tout'. Mais elle a le virus...", résume un dirigeant frontiste.

P. P. avec AFP