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Rassemblement national

Le RN sort renforcé de la séquence des retraites, selon une étude de la Fondation Jean Jaurès

Le centre de réflexion politique observe qu'à la suite des semaines de débats et de contestation autour de la réforme des retraites, une nouvelle dynamique électorale s'enclenche, à la faveur du RN et au détriment de la majorité présidentielle.

Le Rassemblement national "a clairement le vent en poupe" à la suite des semaines de débats et d'opposition à la réforme des retraites malgré sa "faible implication" dans la séquence, selon une étude de la Fondation Jean Jaurès publiée ce mardi.

"L'envolée du Rassemblement national est (...) spectaculaire pendant cette séquence des retraites, les intentions de vote augmentant de 7 points, si de nouvelles élections législatives devaient avoir lieu", détaille le groupe de réflexion.

La Fondation Jean Jaurès base une partie de son analyse sur un sondage Ifop pour le JDD réalisé en ligne les 20 et 21 mars auprès d'un échantillon représentatif de 1094 personnes selon la méthode des quotas, avec une marge d'erreur de 1,4 à 3,1 points.

26% des électeurs opteraient pour le parti d'extrême droite en cas de nouvelles législatives, alors qu'il avait réalisé un score de 19% aux élections de juin 2022.

La Nupes stabilisée, la majorité dévisse

Dans ce même scénario prévisionnel, la coalition de gauche Nupes se stabilise à 26% (son score au premier tour des législatives 2022), tandis que la majorité Renaissance chute à 22% (-4 points). Mais l'électorat de la Nupes évolue "au profit des catégories sociales supérieures et au détriment des catégories populaires".

La Fondation Jean Jaurès interprète cela comme "une redéfinition des équilibres internes en faveur du Parti socialiste et d’Europe Écologie-Les Verts" et donc au détriment de La France insoumise.

"Le RN bénéficie de la séquence des retraites car il est à la fois perçu comme sérieux et antisystème dans l'opinion publique, et a affiché une attitude de compromis lorsque LFI a été vue comme trop radicale", assure Antoine Bristielle, chercheur en sciences sociales et auteur de l'étude.

Le parti présidé par Jordan Bardella continue de progresser chez les employés (+10 points) et chez les ouvriers (+5 points), mais son score augmente également chez des catégories "moins acquises" comme les artisans, commerçants et chefs d'entreprises (+15 points) et chez les professions intermédiaires (+12 points).

"Si le RN devient incontestablement le parti des classes populaires et travailleuses, il augmente considérablement ses scores dans d'autres secteurs clés de l'électorat, au point de ressembler de plus en plus à un parti de gouvernement", souligne l'étude.

Une nouvelle dynamique électorale?

Une nouvelle "dynamique électorale s'enclenche" à la suite de la crise liée à la réforme des retraites, observe Antoine Bristielle. Ce dernier trace un parallèle avec la crise des "gilets jaunes" de la fin 2018 qui avait préfiguré la montée du RN lors des européennes du printemps 2019.

De son côté, "la majorité présidentielle pâtit largement de la séquence actuelle", affirme l'étude. Le parti Renaissance voit son bloc électoral s'effriter (artisans, professions intermédiaires), ne conservant plus que deux grandes bases: les cadres et les retraités (à 33% d'intentions de vote pour la majorité chacune).

La Fondation Jean Jaurès note que l'image du président de la République s'est détérioriée et qu'il renvoie une impression d'"immobilisme". Elle ajoute que "les Français imputent au gouvernement et à Emmanuel Macron la responsabilité principale de la crise que nous traversons aujourd’hui". Le groupe de réflexion en conclut que "la situation n’est pas à même de s’arranger pour Emmanuel Macron".

S.C avec AFP