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Rassemblement national

Le FN tente de se rapprocher des "oubliés" avec son collectif "Banlieues patriotes"

Montfermeil, en Seine-Saint-Denis, fait partie des villes où le FN a fait un score important aux dernières départementales.

Montfermeil, en Seine-Saint-Denis, fait partie des villes où le FN a fait un score important aux dernières départementales. - Dominique Faget - AFP

Le secrétaire départemental du FN en Seine-Saint-Denis lancera après les régionales "Banlieues patriotes", un nouveau collectif destiné aux "oubliés des banlieues".

Il y a eu le collectif "Racine" pour les enseignants, le "Clic" destiné au monde de la culture, le collectif "Marianne" pour les étudiants… Il y aura bientôt "Banlieues patriotes", le septième collectif du Front national cette fois destiné aux banlieues françaises. Un projet qui doit être lancé après les élections régionales, piloté par Jordan Bardella, 20 ans, secrétaire départemental du Front national en Seine-Saint-Denis. Le jeune homme est aussi chargé de la veille et de la prospective auprès de Florian Philippot. Mais surtout, il est tête de liste départementale de Wallerand de Saint-Just, le candidat du FN aux régionales en Ile-de-France.

La cible de "Banlieues patriotes": "les oubliés des banlieues", explique le jeune homme, qui affirme vouloir "déconstruire le mythe selon lequel banlieues et Front national sont des antithèses". Pour cela, le collectif s'adresse "à tous les Français ou ceux qui se sentent comme tels", avec des thèmes comme la sécurité, le communautarisme, l’urbanisme et l’écologie. "Jusqu’ici, le FN est très présent sur la ruralité, mais il y a aussi une France oubliée dans les banlieues", justifie Jordan Bardella.

La politique de la ville, "un échec"

Pour lui, les maux actuels de ces territoires sont à aller chercher du côté de la politique de la ville, "un échec". Le collectif veut donc faire des propositions visant à "réparer la fracture territoriale" qu'elle a causée. Pour les élaborer, des contacts ont donc été pris avec des élus du Front national intéressés par la question, ainsi que des élus sans étiquette et des personnes issues de la société civile. L'idée, comme pour les autres collectifs du FN, est de séduire de nouveaux électeurs potentiels, mais surtout constituer un vivier de propositions destinées à alimenter le programme du Front national.

Dans un premier temps, le collectif va se lancer en Seine-Saint-Denis. Un département "emblématique de la banlieue" dont est originaire Jordan Bardella, né à Drancy. Traditionnellement le département vote peu, mais ses scores aux dernières départementales n'ont pas échappé au parti: à Montfermeil par exemple, le FN avait atteint les 48%. Dans le canton, où Jordan Bardella était candidat, le parti avait réuni 30 et 42% des suffrages: de quoi donner des espérances au FN, qui cherche à élargir sa base électorale. Et tente donc une opération séduction à un mois des élections régionales. Le scrutin doit justement "servir de tremplin" à ce nouveau collectif du FN.

Une "posture marketing"?

Devant les caméras de BFMTV, face à des habitants de Montfermeil, Jordan Bardella discute et distribue des tracts. L’un d’eux est consacré à la banlieue, et sera envoyé par voie postale aux habitants des 203 zones urbaines sociales, promet-il. Le logo du Front national n'y apparaît qu'à la fin, et on y lit ce slogan: "Musulmans peut-être mais Français d'abord". "On fait la différence entre le Français de confession musulmane qui travaille, paie ses impôts et envoie ses enfants à l'école, et l'émergence d'un islam politique, les terroristes, etc", assure le jeune homme devant des passants. "Le vote de nos compatriotes de confession musulmane nous intéresse. Il y aura un mot pour eux", ajoute Wallerand de Saint-Just.

Une position proche de la "posture marketing", estime Gaël Slimane, président de l'institut de sondage Odoxa, cité par Reuters. Pour lui, les populations de confession musulmane et les banlieues ne sont "pas vraiment une zone de force sociologique pour le FN". 

Le lancement prochain du collectif n'a pas manqué de faire réagir. Sur Twitter, un membre de la liste du Front de gauche aux régionales en Ile-de-France s'interroge: "Où sont-ils lors des rassemblements contre les expulsions? Que font-ils pour le mal logement?" L'opposition n'aura pas tardé.

https://twitter.com/ariane_k Ariane Kujawski Journaliste BFMTV