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Rassemblement national

Jean-Marie Le Pen: "moi, je suis désolé, je ne suis pas Charlie"

"La responsabilité de nos gouvernants depuis 20 ou 30 ans est engagée", estime Jean-Marie Le pen dans son jounal de bord.

"La responsabilité de nos gouvernants depuis 20 ou 30 ans est engagée", estime Jean-Marie Le pen dans son jounal de bord. - -

Jean-Marie Le Pen déplore dans une vidéo sur son site internet "la mort de douze compatriotes" dans l'attaque de Charlie Hebdo, mais dénonce le rassemblement prévu dimanche "orchestré par les médias". Il estime enfin que "la responsabilité de nos gouvernants depuis 20 ou 30 ans est engagée, car il est évident que ce phénomène terroriste est lié d'abord au phénomène de l'immigration massive".

Dans une vidéo publiée sur son site vendredi, enregistrée manifestement avant le dénouement des prises d'otages, le président d'honneur du Front national Jean-Marie Le Pen se désolidarise du mouvement Je suis Charlie".

"Aujourd'hui, c'est: 'nous sommes tous Charlie, je suis Charlie'. Eh bien moi, je suis désolé, je ne suis pas Charlie. Et autant je me sens touché par la mort de douze compatriotes français dont je ne veux même pas savoir l'identité politique, encore que je la connaisse bien, qu'elle soit celle d'ennemis du FN qui en demandaient la dissolution par pétition il n'y a pas tellement longtemps. Je ne me sens pas du tout l'esprit de Charlie. Je ne vais pas, moi, me battre pour défendre l'esprit de Charlie qui est un esprit anarcho-trotskyste parfaitement dissolvant de la moralité politique", explique le fondateur du parti d'extrême droite.

L'octogénaire dénonce également dans son journal de bord vidéo le rassemblement prévu dimanche "orchestré par les médias" et qui lui rappelle Carpentras et l'entre-deux tours de 2002.

"La manière dont tout cela est orchestré me rappelle des manifestations du même type qui furent organisées avec la complicité des médias, y compris des médias de droite, lors par exemple de l'affaire de Carpentras où le Front national fut accusé d'avoir violé une sépulture dans un cimetière juif alors qu'il était parfaitement innocent (...) Et puis il y a eu 2002, ce fut exactement le même phénomène: rassemblement orchestré par toute la presse".

"L'immigration massive" pointée du doigt

Le Front National n'a pas été convié à la "marche républicaine", dimanche à Paris, à laquelle participeront la quasi-totalité des partis politiques, syndicats, associations, mais aussi de nombreux dirigeants étrangers. Sa fille manifestera dans une ville tenue par son parti, à Beaucaire dans le Gard. Le père n'a pas déprogrammé une galette à laquelle il avait prévu de participer depuis longtemps.

"Dans le fond, notre mise à l'écart est un hommage qui nous est rendu et qui, je pense, sera interprété comme tel par nos concitoyens. Ils auront l'occasion s'ils le souhaitent de manifester leur opinion dans les urnes", estime Jean-Marie Le Pen.

L'attentat contre Charlie Hebdo est "un acte à mon avis significatif dans l'évolution de l'insécurité de notre pays. Et la responsabilité de nos gouvernants depuis 20 ou 30 ans est engagée, car il est évident que ce phénomène terroriste est lié d'abord au phénomène de l'immigration massive", avance Jean-Marie Le Pen.

Le frontiste avait déjà saisi la balle au bond pour récupérer des voix en tweetant vendredi une photo de sa fille Marine Le Pen avec un message en anglais appelant à "rester calme" et à voter pour elle.

Interrogé par Le Huffington Post sur cette manœuvre politique, il avait répondu: "On ne peut pas appeler à voter quand on veut? Est-ce que je dois m'habiller en noir? Je déplore la disparition de douze Français. Mais je ne suis pas Charlie du tout, je suis Charlie Martel si vous voyez ce que je veux dire!".

Une référence historique à la bataille de Poitiers et à la victoire des chrétiens sur les musulmans, partagée par de nombreux internautes d'extrême droite depuis l'attentat.

K. L. avec AFP