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Rassemblement national

Immunité de Marine Le Pen levée: quelles conséquences pour elle?

Marine Le Pen va devoir affronter la justice, malgré son mandat d'eurodéputée.

Marine Le Pen va devoir affronter la justice, malgré son mandat d'eurodéputée. - -

Le parlement européen a voté mardi la levée de l'immunité parlementaire de Marine Le Pen, visée par une information judiciaire à Lyon pour des propos tenus en 2010 sur les prières de rue musulmanes.

Marine Le Pen est désormais une justiciable comme les autres. Mardi, le Parlement européen a décidé de lever l'immunité parlementaire de la députée européenne d'extrême droite, à la demande du parquet de Lyon.

Avant elle, déjà, son père, Jean-Marie Le Pen, avait été privé de son immunité parlementaire européenne à trois reprises, à chaque fois pour des propos antisémites ou ayant trait au néonazisme, comme lorsqu'il avait ironisé aux dépens du ministre du Travail Michel Durafour, le qualifiant de "Durafour-crématoire".

Cette décision mardi a déclenché une salve de réactions du Front national, qui a raillé "la crainte croissante de l'oligarchie" face à son "irrésistible montée en puissance". Que risque Marine Le Pen? Que cela peut-il signifier pour le parti? Explications.

> Que lui reproche la justice?

La présidente du Front national est visée par une information judiciaire instruite à Lyon pour "provocation à la discrimination, à la violence et à la haine envers un groupe de personnes en raison de leur religion".

En décembre 2010, pendant une réunion publique devant des militants de son parti, elle avait dénoncé dans un discours les "prières de rue" de musulmans, les qualifiant d'"occupation", en référence à l'occupation allemande. "Je suis désolée, mais pour ceux qui aiment beaucoup parler de la Seconde Guerre mondiale, s'il s'agit de parler d'occupation, on pourrait en parler, pour le coup, parce que ça c'est une occupation du territoire", avait lancé la vice-présidente du FN d'alors.

Des propos très controversés qui avaient déclenché le tollé dans la classe politique, à gauche comme à droite, et le dépôt d'une plainte par le MRAP, le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples.

> Que risque-t-elle?

Devant la justice, Marine Le Pen risque gros. L'incitation à la haine raciale peut être punie d'un an d'emprisonnement, de 45.000 euros d'amende, outre cinq ans d'inégibilité, selon l'article 24 de la loi du 29 juillet 1881.

Pourtant, elle ne semble pas craindre de condamnation. "Je vais me défendre devant le tribunal et je suis absolument convaincue qu'il me donnera raison", a-t-elle dénoncé sur BFMTV. "J'assume mes propos, et je les défendrai et je prouverai devant le tribunal qu'il ne s'agit là en aucune manière qu'une quelconque provocation à la haine."

> Cela peut-il lui servir politiquement?

Le politologue Jean-Yves Camus, spécialiste de l'extrême droite, estime que cela pourrait à terme profiter à la présidente du Front national en lui fournissant "une nouvelle tribune".

"Les propos reprochés à Marine le Pen diffèrent de ceux de son père sur le fait que là, c'est l'islam qui est en cause", a souligné auprès de l'AFP le chercheur, pour qui ce sujet est loin d'être "aussi consensuel" dans l'opinion que l'est "la nature du régime nazi et ses conséquences".

Et dans ce contexte, dit-il, "toute critique principielle adressée à l'islam recueille un écho qui dépasse l'électorat classique du FN et donnera à Marine le Pen une possibilité d'être entendue quand elle présentera sa défense. Et, plus le jugement sera proche des échéances électorales, plus il pourra constituer une caisse de résonance."

Alexandra Gonzalez