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"Fournée": pour Collard, "Jean-Marie Le Pen devrait prendre sa retraite"

Gilbert Collard juge "intollérable" la nouvelle sortie polémique de Jean-Marie Le Pen.

Gilbert Collard juge "intollérable" la nouvelle sortie polémique de Jean-Marie Le Pen. - -

En suggérant de faire une "fournée" des artistes qui ont récemment critiqué le Front national, le président d'honneur du mouvement exaspère même au sein de son propre parti. Sur nôtre antenne, Gilbert Collard lui conseille même de se retirer de la vie politique.

"Jean-Marie Le Pen nous fait du tort". Sans détour, Gilbert Collard a réagi sur BFMTV aux nouveaux propos polémiques proférés par Jean-Marie Le Pen, fondateur et président d'honneur du Front national (FN). Pour rappel, dans la dernière édition de son "Journal de Bord", sorte d'éditorial publié chaque semaine sur le site officiel du FN, l'homme, âgé de 85 ans, a suggéré faire une "fournée" avec les artistes qui ont récemment osé critiquer son parti.

"Sur la forme, c'est inacceptable et intolérable, ça fait du mal à ceux qui les entendent et se sentent concernés, ça fait du mal au rassemblement bleu marine et au Front national", a déploré le député du Gard, proche de Marine Le Pen.

L'heure de la retraite?

Alors que le partie d'extrême-droite n'a jamais été aussi haut placé sur l'échiquier politique français à la suite des élections européennes, Gilbert Collard a exprimé sa lassitude face à cette énième sortie de Jean-Marie Le Pen, habitué aux propos chocs depuis des années. "Je suis fatigué de ces cabrioles avec les mots qui font vraiment des bleus à l'âme", a ajouté l'avocat. "Je dis à tous ceux qui ont été blessés que je les comprends."

Interrogé sur l'intérêt pour le Front national de continuer à publier sur son site internet les chroniques hebdomadaires de Jean-Marie Le Pen, d'où a été extrait ce nouveau dérapage, Gilbert Collard a avoué que la question "doit se poser". L'avocat, qui n'est pas encarté au FN mais député du Rassemblement bleu marine, est même allé encore plus loin en appelant, à demi-mot, Jean-Marie Le Pen à se retirer de la vie politique: "Bedos (Guy, ndlr) a pris sa retraite, le roi d'Espagne a pris sa retraite et Jean-Marie ferait peut-être bien de se poser la question."

"Tout ça est exploité contre nous, pas pour nous", a poursuivi Gilbert Collard, en pointant du doigt, notamment, les journalistes, avant de conclure: "Il y a peut-être un moment où l'heure sonne de prendre sa retraite."

Jean-Marie Le Pen "va lui dire ce qu'il en pense"

Tout de suite après l'intervention de Gilbert Collard, BFMTV s'est entretenu en direct avec le principal intéressé, Jean-Marie Le Pen. Après avoir assuré qu'il ne comprenait "pas du tout" que ses propos, "proférés en tant qu'homme libre", puissent choquer certaines personnes, le président d'honneur du FN a réagi aux déclarations de l'avocat.

Qualifiant "Monsieur Collard" de "pièce rapportée" qui n'est "même pas membre du Front national", le père de Marine Le Pen a annoncé qu'il allait lui dire "ce qu'il pensait" de sa suggestion de partir à la retraite.

Le Pen met Collard au défi "de trouver, au cours de ses 60 ans de vie publique, une déclaration antisémite"

Présent au deuxième tour de l'élection présidentielle de 2002, l'homme est allé encore plus loin. Assumant totalement sa dernière sortie, Jean-Marie Le Pen a mis au défi "de trouver, au cours de ses 60 ans de vie publique, une déclaration antisémite".

"Je lui réponds qu'il devrait changer les consonnes de son nom", a répliqué Jean-Marie Le Pen sur LCI. "Vous me dites que monsieur Bruel est juif, je ne le savais pas", prétend aussi Le Pen, âgé de 85 ans.

De son côté, Florian Philippot a déclaré "se démarquer de ces propos parce qu'ils sont d'une brutalité qui est inappropriée, qui est excessive et qui n'est pas comprise par beaucoup de Français".

"De là à dire qu'il y a de l'antisémitisme, c'est véritablement un mauvais procès qui est fait à Jean-Marie Le Pen, qui n'est pas acceptable non plus. Quand on parle de Noah, de Madonna, de Patrick Bruel, de Guy Bedos etc, on est évidemment très loin de ce genre de connotation", a estimé le vice-président du FN.

Jérémy Maccaud