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Rassemblement national

FN: la sortie immédiate de l'euro ne fait plus consensus

La sortie de l'euro, un sujet de crispation au Front national

La sortie de l'euro, un sujet de crispation au Front national - Denis Charlet - AFP

Plusieurs cadres du FN sont convaincus que certaines des propositions du parti dans le domaine économique expliquent leurs échecs répétés au second tour d'élections importantes. Il en sera d'ailleurs question lors d'un séminaire à huis-clos début février. Mais déjà, plusieurs camps s'affrontent.

L'économie va être au coeur des discussions du séminaire organisé par le FN, début février. Derrière l'objectif de tirer les leçons des échecs au second tour des régionales de décembre 2015 en vue de 2017, il sera aussi question d'adapter un programme qui comporte toujours trop de points de détails suscitant le rejet d'électeurs indécis. A la manoeuvre on trouve Louis Aliot, le vice-président du parti, qui est aussi le compagnon de Marine Le Pen. Mercredi, il déclare notamment au Figaro attendre "un changement important" sur le volet économique du programme frontiste.

"La crédibilité du Front à pouvoir gérer les affaires publiques à un niveau important est le sujet. Il existe encore une crainte", expose celui qui a été le candidat FN en Languedoc-Pyrénées-Orientales-Roussillon aux dernières régionales. Un point de vue qui rappelle celui de Marion Maréchal-Le Pen, plus proche de la doctrine libérale de Jean-Marie Le Pen, que de celui défendu par Florian Philippot et librement inspiré de François Mitterrand.

Marion Maréchal-Le Pen joue la carte libérale

La benjamine de l'Assemblée nationale est persuadée que la victoire du FN aux prochains scrutins passera par la récupération de voix à la droite. Pas à la gauche. Sinon, explique un cadre du parti proche de Marion Maréchal-Le Pen, le FN est condamné à rester aux extrêmes; ce que le PC a été au PS dans les années 80. Elle prône notamment la suppression de l'ISF.

Les questions économiques doivent être rebattues, ont convenu les spécialistes du FN. Ainsi, des personnalités extérieures au parti -comme Philippe de Villiers ou Charles Beigbeder- devraient intervenir pour exposer des points de vue différents au cours du premier semestre. Peut-être en mai à Béziers, la ville de Robert Ménard, lors d'une réunion plus ouverte. "Car des divergences existent au sein du FN, notamment sur une mesure symbolique: la sortie de l'euro.

Bataille sur la question de l'euro

"Si l'on parle de sortie brutale et non négociée", cela pose problème, admet Louis Aliot alors que Libération cite l'interview donnée à Minute par Jean-Lin Lacapelle, un des cadres dirigeants du FN en charge des fédérations. Pour la première fois, ce dernier indique qu'il faut "réfléchir pour voir si l'on peut préserver l'euro et le faire évoluer" ou alors "changer de monnaie", soit le franc.

Mais le débat reste ouvert puisque dans la foulée, Florian Philippot a affirmé à l'AFP que "la position du FN, et celle qu'a toujours défendue Marine Le Pen et qu'elle défendra en 2017, c'est la fin de l'euro." Ce besoin de contrer très vite illustre les divisions internes du Front national.

"Je peux vous dire le programme du Front national. Le FN est un parti souverainiste. La souveraineté n'est pas à la carte, on n'est pas souverainiste sur un point et pas sur un autre", tranche encore le numéro deux du Front national.

Pour Florian Philippot, l'enjeu majeur du FN à l'approche de la prochaine présidentielle, pour briser le plafond de verre auquel il se heurte encore, est d'"expliquer" à ceux qui "se laissent intoxiquer par la propagande, en quoi ils ont intérêt à une monnaie nationale plus adaptée à leurs besoins. (...) Nous avons le devoir d'expliquer, de faire de la pédagogie." Avec les succès électoraux dont il se vante, le FN redécouvre aussi le débat. Dans son histoire récente, la contestation de la ligne politique a souvent conduit à l'implosion.

Samuel Auffray