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Rassemblement national

FN à Paris: le tractage express du "candidat du Marais" aux municipales

Bruno Clavet, candidat FN à Paris dans le 3e arrondissement et son directeur de campagne Jean-François Belmondo

Bruno Clavet, candidat FN à Paris dans le 3e arrondissement et son directeur de campagne Jean-François Belmondo - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE

A 24 ans Bruno Clavet est candidat Front National dans le IIIe arrondissement de Paris. A République, un quartier "pas vraiment favorable" à son parti, BFMTV.com l'a suivi avec son équipe à l'occasion d'un tractage.

"Mon équipe est sur place", plastronne-t-il par SMS à 18h15. Pourtant, la bouche du métro Temple à Paris, nichée au croisement des rues Turbigo et Temple, ne déborde pas d’activité. Peu de passants et surtout, aucun militant du Front national. Quand Bruno Clavet, candidat FN dans le IIIe arrondissement, arrive en retard d’une dizaine de minutes, il est mal à l’aise. Quand il parvient enfin à la joindre, "son équipe", son visage laisse apparaître une rangée de dents blanches encadrée d’une barbe savamment taillée.

"C’est un candidat à l’image du quartier, à l’image du Marais" se gargarise Jean-François Belmondo, son directeur de campagne, qui l’a "lui-même choisi" et que l’on a fini par retrouver quelques mètres plus haut, place de la République. Si Bruno Clavet était en retard pour le tractage du jour, c’est parce qu’il débute un stage dans une agence de communication près d’Opéra.

Le candidat n'a, en effet, que 24 ans et a déjà connu un (petit) quart d’heure de gloire dans l’émission X-Factor en 2009. Faisant mentir Warhol, il en a même connu un second quand Le Parisien, mais "surtout Morandini", ont raconté son parcours agrémenté aussi de quelques photos dénudées comme mannequin pour "mettre du beurre dans épinards" lorsqu’il vivait New-York.

"Dur d'être militant à l'époque du papa"

"L’équipe" du soir se compose de trois personnes, plus lui. "D’habitude nous sommes entre 14 et 18", répètent-ils à l’envi. Untel a rejoint un membre de sa famille en province, un autre s’est blessé au pied avec un carton. "A l’époque c’était dur d’être militant", précise Walter Griffo au discours aussi délicat que rôdé mais "aujourd’hui nous sommes acceptés". Avant, ça castagnait souvent. Il "militait déjà avec le papa". Comprendre Jean-Marie Le Pen, père de "Marine", l’actuelle présidente du FN.

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- © Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE

Peu sont ancrés dans l'arrondissement: Walter vient du 1er où il n’y pas de liste. Il y a aussi une sexagénaire, qui refuse de donner son nom, mais assure qu’en plus de "militer ici" elle est sur "la liste dans le 9e parce qu’il y avait besoin de monde". Selon Jean-François Belmondo, aucun chiffre n’est disponible sur le nombre d’adhésions dans la capitale. Ils ne nous seront pas non plus communiqués au siège de Nanterre, prévient-il.

"Un quartier pas favorable" car "pas touché par la crise"

La distribution des tracts se poursuit dans l’indifférence. Pas plus d’une dizaine ne trouveront preneur. "L’équipe" est passive et sollicite peu. Plantés sur leurs pieds, ils tendent le bout de papier. "C’est un quartier qui ne nous est pas vraiment favorable, où la crise ne touche pas les habitants", justifie Bruno Clavet. Mais "c’est important de se montrer". En 2012, Marine Le Pen y a fait 4,5% des voix. Le néo-candidat, qui "habite le quartier depuis 2009", vise le double pour entrer au conseil municipal avant de rêver à un mandat de député. Une dame s’arrête pour discuter mais elle "est convaincue par le FN" depuis bien longtemps. 

Bruno Clavet aborde alors un groupe de quatre jeunes filles. "Au début on n’a même pas voulu regarder, explique Yasmina 21 ans et étudiante en droit. Le FN bon… Mais je pense que je lirais" le tract. "Il est persuasif" finit-elle par admettre. Sourire satisfait du candidat formé par des proches à la communication orale. De loin on croirait à un flirt à la sortie de la fac.

Yasmina a "voté Hollande en 2012" mais est aujourd’hui "tellement déçue qu’elle ne sait plus quoi faire". Ça tombe bien, François Hollande concentre les invectives de Bruno Clavet qui ne prononce jamais le nom d’Anne Hidalgo, de Nathalie Kosciusko-Morizet ou de Wallerand de Saint-Just, l’avocat chef de file frontiste, avec lequel les relations sont inexistantes.

"De la motivation et du temps"

Si ses copines se sont écartées, Yasmina est restée et se retrouve à poser pour Jean-François Belmondo. "C’est à usage interne. Nous faisons des rapports pour montrer notre activité", précise-t-il. Le lendemain l’image est publiée sur le compte twitter de Bruno Clavet. Car au niveau communication, le FN fournit le strict minimum à ses candidats. Le reste, c’est "de la motivation et du temps".

Il est presque 19h. La majorité des badauds ont détourné la tête en passant ou offrent simplement un sourire gêné avant de filer. "Sans intérêt", jette simplement l’un d’eux sans se laisser rattraper. Walter et la femme militante sont partis sans dire au revoir. Jean-François Belmondo prend congé à son tour après s’être assuré que tout allait bien. Bruno Clavet, lui, retrouve un ami de Marseille, qui a patienté une petite heure non loin entre cigarette et téléphone. Ils vont aller boire un verre, et les tracts où son visage pose à côté de "Marine" sont déjà bien rangés au fond du sac.

Samuel Auffray