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Emprunt russe du FN: pourquoi les banques sont frileuses avec les partis

Est-il de plus en plus difficile à un parti politique d'obtenir un prêt d'une banque ou est-ce un problème propre au Front national? (Photo d'illustration, présentant une quête pour le Front national à la suite d'un meeting)

Est-il de plus en plus difficile à un parti politique d'obtenir un prêt d'une banque ou est-ce un problème propre au Front national? (Photo d'illustration, présentant une quête pour le Front national à la suite d'un meeting) - Martin Bureau - AFP

Le trésorier du Front national Wallerand de Saint-Just est revenu, lundi soir sur BFMTV, sur le prêt russe de neuf millions d'euros accordé au Front national. En refusant de prêter de l'argent à son parti, les banques françaises ont-elles boycotté le FN? "Non", affirme-t-il. Le problème est plus général.

C’est un prêt qui suscite la polémique autant qu’il soulève de questions. Face aux refus de l’intégralité des banques françaises, le Front national a dû passer par une banque privée russe afin de se faire prêter neuf millions d’euros. Est-il de plus en plus difficile pour un parti politique de se faire financer, ou s’agit-il d’un problème propre au FN?. Le Front national, qui a dévoilé les lettres de refus des banques françaisesa-t-il été victime d’une certaine discrimination de la part de ces établissements?

La diabolisation du FN en cause?

"Je ne pense pas", a répondu Wallerand de Saint-Just, trésorier du parti, invité lundi de BFMTV. "D’abord parce que c’est réprimé pénalement de faire de la discrimination à raison des idées politiques. Je pense que c’est une décision générale, stratégique de leur part, de ne plus rien à voir à faire avec les partis politiques et surtout avec les candidats pour les campagnes électorales."

Un sujet sur lequel Marine Le Pen, en se justifiant ce lundi, a laissé planer le doute, en évoquant de nouveau une diabolisation du Front national.

"Ça a pu arriver dans le passé, je me souviens d’un procès fait à une banque pour cette raison là, mais je ne pense que ce soit le cas en l’espèce. Mais si c’est appliqué à nous et pas aux autres, je pense qu’on le saura un jour", a nuancé Wallerand de Saint-Just, ancien candidat FN à la mairie de Paris.

Les banques sont-elles plus frileuses avec les partis politiques?

"Il y a une frilosité des banques à prêter d’une manière générale, depuis la crise de 2008 il y a une nouvelle réglementation européenne qui a durci les octroies de crédit", a estimé de son côté Eric Delannoy, du Cabinet Weave.

Pour ce spécialiste des marchés financiers, quand une banque refuse de prêt de l’argent à parti politique, c’est parce qu’elle souhaite placer ses fonds propres "dans autre choses que dans des prêts risqués". Or, pour cet expert, prêter à des partis politiques "est très risqué".

Quid d’un prêt pour une campagne électorale où, comme c’est le cas en France, l’intégralité des dépenses peut être remboursée par l’Etat si un candidat obtient au moins 5% des suffrages?

"Ce sont des remboursement aléatoires et très lointains", a analysé Eric Delannoy. "Puis une élection reste incertaine, si on n’obtient pas ses 5%."

Les marques "PS" ou "UMP" peuvent mobiliser plus

Toujours selon Eric Delannoy, également militant pour le parti "Nous citoyens", les partis politiques fonctionnent comme des marques aux yeux des banques.

"La marque PS ou la marque UMP sont susceptibles de mobiliser plus les Français pour donner de l'argent, et donc être en mesure de rembourser des prêts", a-t-il précisé.

Dernier frein pour les établissements bancaires français: le coût des campagnes, même s'il est plafonné, augmente chaque année. "Une banque qui prêterait à un parti politique devrait prêter à tous, pour ne pas être taxée de parti-pris et de risque son image", a encore justifié ce spécialiste des marchés financiers, pour conclure.

Jé. M.