"C'est une erreur": le rétropédalage de Jordan Bardella sur les prix plancher crée la "confusion" au RN

En l'espace de 24 heures, le président du Rassemblement national a donné deux visions contradictoires de son parti sur l'instauration de prix plancher pour les agriculteurs, forçant Marine Le Pen à éclaircir la position auprès de son groupe.

Une "maladresse" qui crée de la "confusion" au sein du Rassemblement national. Le président du parti d'extrême droite a, en l'espace de 24 heures, regretté que le gouvernement se soit opposé aux prix plancher à l'Assemblée nationale avant d'assurer qu'il n'y était lui-même pas favorable.

Ainsi, ce samedi 24 février, le président de la République a plaidé, depuis le Salon de l'agriculture, pour un "prix plancher pour garantir le revenu agricole". En d'autres termes, ces prix garantiraient pour chaque filière un prix minimal auquel une production agricole pourrait être vendue, en l'état des possibilités de production.

Les prix plancher, "une trappe à pauvreté"

Interrogé ce dimanche sur BFMTV à ce sujet, Jordan Bardella a pointé du doigt le gouvernement. "Quand il s’est agi de voter les prix planchers à l’Assemblee nationale, il n'y a eu qu’un malheur, c’est que la majorité d’Emmanuel Macron s’y est opposée", a-t-il déploré sur notre antenne.

L'eurodéputé faisait ainsi référence à une proposition de loi déposée par La France insoumise qui n'a pas été votée à l'Assemblée en novembre, en partie à cause de l'opposition de 107 des 170 députés Renaissance. Côté RN, 47 des 88 députés avaient voté en faveur de cette proposition de loi, défendant une idée portée depuis plus d'une décennie par leur parti.

Mais, ce lundi, Jordan Bardella a brouillé les pistes en changeant totalement d'avis sur le sujet. Une nouvelle fois interrogé sur la question, cette fois-ci en plein Salon de l'agriculture, il a annoncé y être défavorable.

Colère des agriculteurs: pourquoi le Salon de l'agriculture est-il si agité?

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"Si vous mettez en place des prix plancher au niveau français, c’est une trappe à pauvreté parce que précisément on ira se tourner sur le marché européen, et si vous mettez en place de manière totalement chimérique des prix plancher au niveau européen, on ira se fournir sur les marchés internationaux", a-t-il expliqué.

Avant d'ajouter: "Quand il y a dans la négociation une distorsion trop importante dans la répartition de la marge entre les producteurs, les agriculteurs et les gros industriels, que l’État et son rôle d’arbitre puisse intervenir et fixer des règles."

Moins expérimenté que Marine Le Pen?

Confronté à ce changement de pied inattendu du président du parti, un député du RN a confié à BFMTV:

"J'avoue je n'arrive pas à comprendre. Je ne peux pas l'expliquer. Il faut qu'il s'explique. Dès qu'il y a une ambiguïté, il ne faut pas laisser l’ambiguïté."

L'élu a par la suite dressé un parallèle avec la présidente des députés RN à l'Assemblée, Marine le Pen: "Ce que je constate c'est qu’il y en a une qui est prête pour la présidentielle et un autre, pas encore." "C'est une maladresse", a-t-il poursuivi, avant de reconnaître, "c'est une erreur".

Un proche de Marine Le Pen a bien constaté "une confusion". En entendant le rétropédalage de Jordan Bardella, il a reconnu avoir été très surpris. "La deuxième partie de sa réponse c’est un prix plancher", a-t-il analysé, tout en relativisant, "c’était son deuxième jour sur le salon, ce n’est pas un robot."

Ce même proche a raconté que Laurent Jacobelli avait demandé sur une boucle interne quelle était la position réelle du parti, et Grégoire de Fournas et Jean-Philippe Tanguy ont "rappelé la ligne", sans être contredits.

"Ce mardi matin, en réunion de groupe, Marine Le Pen a pris la parole en ouverture pour rappeler la position: Il faut que l’État soit arbitre s’il n’y a pas d’accord. Elle n’a pas utilisé les mots 'prix plancher', mais ça équivaut au prix plancher."

Marine Le Pen se rendra ce mercredi au Salon de l'agriculture et "devrait rappeler la position". "J'attends de voir comment elle va le faire", a conclu ce proche.

Sophie Dupont avec Théo Putavy