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Rassemblement national

1er mai: comment le défilé du FN s'est imposé, avec puis sans Jean-Marie Le Pen

Jean-Marie Le Pen défile lors de la première manifestation indépendante du Front national, en 1988.

Jean-Marie Le Pen défile lors de la première manifestation indépendante du Front national, en 1988. - AFP

Alors que le Front national s'apprête à défiler, vendredi 1er mai, en l'honneur de Jeanne d'Arc, Jean-Marie Le Pen devrait à peine faire une apparition en marge de la manifestation. Pourtant, il avait lui-même fait de cet événement annuel un temps fort de la vie du FN.

Pour la première fois depuis 27 ans, Jean-Marie Le Pen ne défilera pas en l’honneur de Jeanne d’Arc, ce 1er mai. Entre problèmes de santé et dérapages mal vus de sa fille, Marine Le Pen, le fondateur du Front national dit vouloir assister à la manifestation, mais ne montera pas sur la tribune, et ne pourra pas non plus défiler aux côtés des nouveaux élus frontistes.

Pourtant, en 1988, c’était bien Jean-Marie Le Pen qui avait choisi la date de ce rendez-vous annuel des militants du Front national. BFMTV.com revient sur l’histoire de ce temps fort de la vie médiatique de l’extrême droite.

> Un hommage à Jeanne d’Arc hérité de l’Action française

Jean-Marie Le Pen défile avec divers groupes d'extrême droite, le deuxième dimanche de mai, en 1985. Ses filles marchent à ses côtés.
Jean-Marie Le Pen défile avec divers groupes d'extrême droite, le deuxième dimanche de mai, en 1985. Ses filles marchent à ses côtés. © Derrick Ceyrac - AFP

Jeanne d’Arc, qui avait lutté contre l’envahisseur anglais au 15e siècle, est devenue un symbole nationaliste au début du 20e. A la fin des années 1970, le Front national se joint aux manifestations des héritiers de l’Action française, qui rendent hommage à la sainte le deuxième dimanche de mai.

Mais en 1988, Jean-Marie Le Pen fait 14,38% au premier tour de l'élection présidentielle. Difficile, dans ces conditions, d’appeler ses partisans à manifester en pleine journée électorale. Il appelle donc les manifestants frontistes à se réunir le 1er mai, en plein entre-deux tours.

> Les drames des années 1990

Depuis, le 1er mai est l’occasion de voir défiler un parti dont les militants ont longtemps préféré rester discrets. Dans les années 1990, ils sont des milliers à défiler chaque année. Quinze mille, plus précisément, en 1995, alors que leur candidat n’a fait que 4,5% au premier tour de la présidentielle.

Cette année-là, le meurtre de Brahim Bouarram, un Marocain de 30 ans poussé dans la Seine par des skinheads en marge du défilé du FN, pousse Jean-Marie Le Pen à affirmer: "Il n’y a pas de skinhead au Front national". Début d’un effort de dédiabolisation du FN, aujourd’hui mené par Marine Le Pen... Au détriment de son père.

En 1999, c’est un drame interne que reflète le défilé frontiste. Bruno Mégret, bras droit de Jean-Marie Le Pen, a été renvoyé du parti avec fracas. Les deux figures de proue de l’extrême droite organisent deux défilés séparés, qui ne réunissent que 3.000 personnes chacun. La cause de l'exclusion: Jean-Marie Le Pen estime que Bruno Mégret est trop prêt à faire des alliances avec l'aile droite du RPR. Aujourd’hui, l’ancien bras droit affirme que Marine Le Pen reprend "une partie de la stratégie qui était la sienne", dans un entretien au Point.

> Les triomphes de 2002 et 2012

Jean-Marie Le Pen, triomphant, le 1er mai 2002.
Jean-Marie Le Pen, triomphant, le 1er mai 2002. © Joël Saget - AFP

"On est en finale, on est en finale!" En 2002, les électeurs frontistes ne cachent pas leur joie, alors que Jean-Marie Le Pen est qualifié pour le second tour de la présidentielle, contre Jacques Chirac. La manifestation réunit 10.000 personnes, alors que le rendez-vous du 1er mai était boudé des partisans depuis la scission de 1999.

Dix ans plus tard, c’est au tour de Marine Le Pen de se féliciter de ses résultats à la présidentielle. Son père la précède pour vanter les mérites de Jeanne d’Arc, elle enchaîne sur un discours plus politique, où elle vilipende Bruxelles. La séparation des tâches dure depuis qu’elle lui a succédé en 2009.

> Jean-Marie se fait discret depuis deux ans

Jean-Marie et Marine Le Pen se recueillent devant la statue de Jeanne d'Arc, le 1er mai 2014.
Jean-Marie et Marine Le Pen se recueillent devant la statue de Jeanne d'Arc, le 1er mai 2014. © Pierre Andieu - AFP

Mais en 2013, pour la première fois, Jean-Marie Le Pen ne prend pas la parole, et reste silencieux à ses côtés, sur la tribune. Souci d’éviter les dérapages du père de la part de sa fille, ou fatigue physique? En 2014, il déclame un discours... Qui s’avère être parfois mot pour mot le même qu’en 2012. Le patriarche ne dicte plus la ligne de son parti.

Aujourd’hui interdit de tribune, il pourrait même refuser de siéger à ses pieds dans le carré VIP qui lui est proposé... Mais où il devrait s’asseoir aux côtés de Louis Aliot et de Florian Philippot, symboles d’un nouveau FN auquel il s’oppose.