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Politique

Fronde inédite des juges contre Nicolas Sarkozy

Mouvement de grève au tribunal de Nantes. Le Syndicat de la magistrature (SM) appelle à deux jours de grève, jeudi et vendredi prochains, pour protester contre des propos de Nicolas Sarkozy dans l'affaire Laëtitia. /Photo prise le 4 février 2011/REUTERS/S

Mouvement de grève au tribunal de Nantes. Le Syndicat de la magistrature (SM) appelle à deux jours de grève, jeudi et vendredi prochains, pour protester contre des propos de Nicolas Sarkozy dans l'affaire Laëtitia. /Photo prise le 4 février 2011/REUTERS/S - -

Les deux principaux syndicats de magistrats appellent désormais à des mouvements de protestation dans les prochains jours. Une révolte sans précédent contre les accusations de «fautes» de Nicolas Sarkozy, suite au meurtre de Laëtitia. François Fillon devait s'entretenir cet après-midi avec le ministre de la Justice et de l'Intérieur.

Après l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire), qui appelle les tribunaux français à reporter toutes les audiences jusqu'à jeudi, c'est le Syndicat de la magistrature (SM) qui appelle à deux jours de grève jeudi et vendredi prochains.

Tous deux protestent contre les propos de Nicolas Sarkozy dans l'affaire Laëtitia.
Parlant de Tony Meilhon, meurtrier présumé de la jeune femme, le président de la République avait affirmé la semaine dernière que « quand on laisse sortir de prison un individu comme le présumé coupable sans s'assurer qu'il sera suivi par un conseiller d'insertion, c'est une faute ».

Trois-quarts des tribunaux organiseront des AG

Selon un décompte effectué par RMC, les trois-quarts des tribunaux de grande instance et des cours d'appel de France doivent organiser des assemblées générales extraordinaires d'ici mardi. Dès vendredi dernier, les juridictions de Rennes, Quimper, Bayonne et Besançon ont notamment décidé de suspendre leurs audiences jusqu'à jeudi, jour de mobilisation nationale. D'autres pourraient décider de rassemblements ce même jour devant les palais de justice, ou encore des journées portes-ouvertes.

Plusieurs présidents de ces juridictions, qui veulent participer pour la première fois à la contestation, confiaient néanmoins à RMC leur inquiétude, dimanche soir. Le but, disent-ils, n'est pas d'engorger plus encore les tribunaux et se mettre les justiciables à dos. Ils souhaitent pourtant faire savoir au public quelles sont leurs conditions de travail et les moyens dont ils disposent pour effectuer leurs missions.

« Nos décisions sont contraintes par le manque de moyens »

Selon Serge Portelli, vice-président au tribunal de grande instance de Paris, même les décisions de justice sont contraintes par le manque de moyen. « On ne peut pas prononcer les peines qu’on veut, qui nécessitent une prise en charge des gens et un suivi réel parce qu’on sait qu’il n’y a pas assez de poste » explique-t-il. « Les gens qui sont chargés de suivre les travaux d’intérêt général, les sursis avec mise à l’épreuve » ne sont pas assez nombreux.

« Les moyens ne sont pas en cause dans le drame de Pornic »

Certains estiment que les juges se cachent derrière cet argument du manque de moyen pour justifier une faute. Pour Xavier Bébin, délégué général de l’Institut pour la justice (institut qui défend les droits des victimes), « que la justice manque de moyens c’est un fait, que les moyens soient en cause dans le drame de Pornic, c’est absolument faux ». La réaction des magistrats, selon lui, « accroit le divorce entre les français et leur justice parce que les Français voient bien qu’il y a un problème quand quelqu’un condamné à 13 reprises et 2 fois pour des crimes où il encourrait plus de 20 ans de prison était en liberté ».

François Fillon devait s'entretenir ce lundi à 16H00 à Matignon des « suites de l'affaire Laetitia » avec les ministres de la Justice Michel Mercier et de l'Intérieur Brice Hortefeux.