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Francois Hollande prie le gouvernement de "se bouger" cet été

François Hollande invite le gouvernement à "se bouger" tout l'été au service des Français pour répondre par un volontarisme réaffirmé à la déprime sociale et une colère latente, à un an des élections municipales et européennes. /Photo prise le 28 juin 201

François Hollande invite le gouvernement à "se bouger" tout l'été au service des Français pour répondre par un volontarisme réaffirmé à la déprime sociale et une colère latente, à un an des élections municipales et européennes. /Photo prise le 28 juin 201 - -

par Elizabeth Pineau PARIS (Reuters) - François Hollande invite le gouvernement à "se bouger" tout l'été au service des Français pour répondre par...

par Elizabeth Pineau

PARIS (Reuters) - François Hollande invite le gouvernement à "se bouger" tout l'été au service des Français pour répondre par un volontarisme réaffirmé à la déprime sociale et une colère latente, à un an des élections municipales et européennes.

Avant une rentrée périlleuse sur le front des retraites et du chômage, le chef de l'Etat invite ses troupes à se mobiliser non "en se démultipliant partout avec des annonces" mais en se concentrant sur l'emploi, le logement et le pouvoir d'achat, explique-t-on à la présidence de la République.

"Il y a dans l'opinion un mélange de lucidité, de colère et puis une fatalité, une résignation. C'est ce sentiment-là qu'il faut essayer de transformer en flamme d'espoir", fait-on valoir de même source.

La recette pour réussir, selon un conseiller : "De la pédagogie, de la patience et en même temps une mobilisation, parce que ce que veulent les gens, c'est qu'on mouille la chemise. C'est quand même dur pour beaucoup donc il faut que ceux qui sont au gouvernement se bougent. Il faut se bouger !"

Avant la pause estivale, du 2 au 19 août, le Parlement réuni en session extraordinaire doit examiner une série de textes sur la transparence de la vie publique, la santé et la séparation des activités bancaires.

Matignon présentera pour sa part le 9 juillet un plan d'investissements d'avenir qui pourrait être assorti d'un emprunt limité.

Dans ce contexte studieux, la question d'un remaniement ministériel, brûlante après les aveux de l'ex-ministre du Budget Jérôme Cahuzac sur ses comptes à l'étranger et sa démission au printemps, semble enterrée.

De sévères mises en garde élyséennes ont mis en sourdine la cacophonie des premiers mois de présidence.

TOUR DE FRANCE

Une refonte du gouvernement "n'est pas d'actualité et nous ne pensons pas que ce soit ça qu'attendent les Français. C'est pour cela qu'il faut que les ministres se mobilisent", insiste-t-on dans l'entourage du chef de l'Etat.

Il n'y aura pas de vacances ou presque pour François Hollande, à qui les Français ont beaucoup reproché l'an dernier sa pause de quelques semaines après son élection.

Au terme d'une année qui a vu le pays s'enfoncer dans la crise et transformer François Hollande en président le plus impopulaire de la Ve République à ce stade de son mandat, le chef de l'Etat entend passer l'été 2013 auprès des Français.

Selon des sources locales, il suivra dimanche prochain l'étape du Tour de France cycliste entre Saint-Girons et Bagnières-de-Bigorre, dans les Pyrénées récemment touchées par de graves inondations.

Le président n'a pas encore décidé s'il donnerait, comme l'an dernier, une conférence de presse le 14 juillet. Son entourage annonce pour ce jour-là, au minimum, "une expression publique" du président, dont la dernière intervention télévisée remonte au dimanche 16 juin, dans "Capital", sur M6.

L'émission a fait peu d'audience, comme si l'opinion se détournait d'un chef de l'Etat au discours immuablement volontariste, qu'il s'agisse de rappeler lors de la conférence sociale son but d'inverser "durablement" la courbe du chômage avant la fin de l'année ou la nécessité de contenir la dépense publique après un rappel à l'ordre de la Cour des comptes.

"L'ESPÉRANCE" POUR CONTRER LE FRONT NATIONAL

"Quand les temps sont difficiles, la dernière des choses à faire est de changer de stratégie, il faut s'y tenir coûte que coûte", argumente un ministre proche du président.

Dans l'esprit du chef de l'Etat, constance doit rimer avec espérance face à une opinion tentée par les extrêmes, comme l'a récemment montré le score du Front national, arrivé en seconde position lors de la législative partielle de Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne), ancien fief de Jérôme Cahuzac.

Un chômage record (10,4% au premier trimestre) alimente les extrêmes, tout comme les séquelles du vif débat sur le mariage pour tous et les "affaires" - des suites judiciaires de l'arbitrage en faveur de Bernard Tapie au dossier Cahuzac en passant par la mise en cause de l'intermédiaire franco-libanais Ziad Takkiedine par l'enquête sur des commissions versées lors de contrats d'armement avec l'Arabie saoudite et le Pakistan.

La réponse de la majorité au discours du Front national sera une donnée-clé des campagnes électorales du printemps prochain.

De l'avis d'un conseiller de la présidence française, l'argument face au FN ne doit pas être moral mais économique.

"On ne lutte pas en disant 'moralement vous n'avez pas le droit de voter Front national', dit-il. "Le seul discours qui permette de limiter ou de casser l'extrême-droite est un discours d'espérance, de confiance, de progrès, parce que l'extrême-droite ne prospère que sur le terrain du renoncement, de l'abandon, de la peur surtout."

L'Elysée assure ne pas sous-estimer la tâche, face à une extrême-droite qui "menace non seulement les partis de gouvernement mais aussi une conception de la démocratie".

"C'est pour cela que ce combat-là doit être mené", ajoute-t-on de même source.

Avec Julien Ponthus, édité par Emmanuel Jarry