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Politique

François Hollande pressé de faire son aggiornamento face au FN

François Hollande promet de tirer les enseignements de la législative du Lot-et-Garonne, huitième désaveu pour le Parti socialiste depuis juin 2012, alors que la majorité se divise sur les remèdes à l'essor du Front national. /Photo prise le 28 mai 2013/R

François Hollande promet de tirer les enseignements de la législative du Lot-et-Garonne, huitième désaveu pour le Parti socialiste depuis juin 2012, alors que la majorité se divise sur les remèdes à l'essor du Front national. /Photo prise le 28 mai 2013/R - -

PARIS (Reuters) - François Hollande promet de tirer les enseignements de la législative du Lot-et-Garonne, huitième désaveu pour le Parti socialiste...

PARIS (Reuters) - François Hollande promet de tirer les enseignements de la législative du Lot-et-Garonne, huitième désaveu pour le Parti socialiste depuis juin 2012, alors que la majorité se divise sur les remèdes à l'essor du Front national.

Privilégiant la tactique électorale, la direction du PS défend la pertinence du "front républicain" en vue des élections municipales et européennes de 2014 là où l'aile gauche du parti prône des réponses de fond - une nouvelle ligne politique pour ne pas s'aliéner l'électorat populaire.

Le député de Seine-Saint-Denis Razzy Hammadi, membre de l'aile gauche du PS, s'est fait sèchement rappeler à l'ordre par Harlem Désir et son entourage pour avoir appelé dimanche via Twitter à "la fin de l'automaticité" du "front républicain".

Le premier secrétaire du PS a réaffirmé lundi la nécessité de "faire barrage à l'extrême droite".

Le PS, dont le candidat a été éliminé dès le premier tour à Villeneuve-sur-Lot, dans l'ex-circonscription de Jérôme Cahuzac, avait appelé à faire barrage au Front national au second tour. L'UMP Jean-Louis Costes l'a emporté avec 53,76% des voix, mais son adversaire FN Etienne Bousquet-Cassagne (46,24%) a vu son score nettement progresser.

De 8.552 voix au premier tour à 15.647 voix au second, ce jeune étudiant est passé de 11% à 21% des inscrits.

"L'événement, c'est que le FN est devenu un problème pour le PS, pas pour l'UMP. Le PS s'effondre, il est en train de devenir le troisième parti derrière le FN", estime Dominique Reynié, directeur général de la Fondation pour l'innovation politique.

"DES RÉPONSES DE FOND"

Pour Thomas Guénolé, "Marine Le Pen a raison de dire que 'le front républicain est mort', mais ce n'est pas parce que les électeurs PS préfèrent voter FN plutôt qu'UMP".

Le politologue juge peu probable un report de voix socialistes sur le candidat FN, comme l'avancent des responsables de l'UMP. "Jusqu'à présent, mis en demeure de choisir entre l'UMP et le FN, les électeurs du PS se sont toujours répartis entre l'abstention et le vote de front républicain pour l'UMP. Leur comportement de vote le plus probable est qu'ils sont massivement restés chez eux".

Un forme de renoncement et de défiance dans un bastion historique du radical-socialisme face à une politique qu'ils désapprouveraient, au-delà du retentissement de l'affaire Cahuzac qu'avaient pu invoquer d'emblée l'Elysée et Matignon.

Un "très gros coup de semonce politique", juge la ministre écologiste Cécile Duflot, qui a déclaré sur France Inter que le "front républicain" n'était plus "une réponse suffisante".

Il faut, a-t-elle souligné, "apporter des réponses de fond à la progression du FN". A l'issue du premier tour, le PS avait mis en cause la stratégie d'indépendance d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV) dont le candidat avait obtenu 2,78% des voix.

Le chef de l'Etat n'a pas encore précisé la teneur de ses réflexions sur l'exemple villeneuvois, mais on jugeait dimanche dans son entourage que la question de l'union de la majorité dès le premier tour des municipales se posait plus que jamais.

"La question maintenant, c'est comment la gauche agit aux municipales?", dit-on.

Trop court, considère l'élu socialiste Christian Paul, proche de Martine Aubry, qui amplifie les interrogations dans la majorité sur les choix économiques de François Hollande.

"Quand l'action de la gauche se différencie mal de la politique de la droite, le FN bouscule les digues républicaines. Injuste, mais réel", a-t-il écrit sur Twitter.

"BEAUCOUP DE MAL"

Harlem Désir a préféré parler lundi d'"intensification" des mesures gouvernementales. "L'essentiel, c'est l'intensification de tout ce que nous devons faire pour l'emploi, la réindustrialisation, répondre aux problèmes des agriculteurs, le maintien et le renforcement des services publics dans les zones rurales", a-t-il dit à la presse.

Pour Dominique Reynié, "la majorité électorale de François Hollande est en train de disparaître". "Il ne faudrait pas qu'une difficulté économique plus grave survienne, parce que là, il serait très exposé. Il va avoir beaucoup de mal si le chômage continue à augmenter", a-t-il expliqué à Reuters.

Si le gouvernement "ne relève pas le gant sur ces enjeux économiques, nous sommes en position de faiblesse", a affirmé sur France Info le président du groupe UMP à l'Assemblée, Christian Jacob. "Le Front national progresse à chaque fois que nous avons un taux de chômage élevé".

Pour le lieutenant de Jean-François Copé, la percée du FN valide la doctrine contestée du "ni front républicain ni FN" en vigueur à l'UMP depuis les cantonales de 2010.

"On n'apporte pas une réponse politique durable uniquement par des accords politiques ou des déclarations d'intention, c'est sur des propositions concrètes, c'est sur des réponses à l'emploi", a-t-il dit.

L'analyse dispensée par le président de l'UMP ne fait toutefois pas l'unanimité au sein du parti d'opposition où le débat entre "droitiers" et "modérés" reprend de la vigueur quant aux moyens de capter l'électorat du FN.

"La meilleure réponse au FN, c'est l'unité de l'UMP", alliant ses "deux cultures", "la droite décomplexée et la complexité des centres", a résumé l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin sur RTL.

Sophie Louet avec Service France, édité par Marc Joanny