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Politique

François Hollande doit faire oublier 2013

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François Hollande présente ce soir à la télévision ses vœux aux Français. C’est l’occasion de tirer un bilan de la première année pleine de son quinquennat – pour vous, un bilan plutôt négatif.

Cela a plutôt été une année pourrie qu’une année pour rien. La crise ne s’est pas aggravée mais les Français l’ont ressentie plus cruellement, avec la baisse du pouvoir d’achat et les hausses d’impôts cumulées (celles de Hollande plus celles de Sarkozy). Le chômage a continué à augmenter et on a vu monter des crispations sociales et sociétales – contre l’immigration (affaire Leonarda), l’évolution des mœurs (mariage gay), la fiscalité (bonnets rouges)… Et l’affaire Cahuzac a miné pour longtemps le crédit des politiques et d’abord celui de l’exécutif. Dans ses vœux de 2012, F. Hollande promettait une France "réconciliée". On a plutôt une France recroquevillée.

Le 31 décembre 2012, François Hollande avait surtout fixé un objectif : inverser la courbe du chômage. On peut dire aujourd'hui qu'il a échoué ?

C’était une habileté qui, jusqu’ici, s’est retournée contre lui. François Hollande a choisi de focaliser l’attention sur cette courbe : il était persuadé que la conjecture allait se retourner et qu’un flot d’emplois aidés accélèrerait le processus. Seulement la reprise n’est pas venue et, à force de mettre l’inversion de la courbe au cœur de son discours, les quelques réussites du gouvernement sont passées un peu inaperçues (l’accord sur la sécurisation de l’emploi ou la loi bancaire, qui est un début de maîtrise de la spéculation). Résultat : non seulement, il n’a pas inversé la courbe, mais il est attendu au tournant.

On sait au moins une chose sur ses vœux, c'est qu'il va promettre la "stabilité fiscale" : il l'a dit en Arabie saoudite, où il était en voyage officiel. Ça peut suffire à apaiser la grogne ?

C’est le moins qu’il pouvait faire après toutes les palinodies sur le sujet – au passage, ça confirme que la grande réforme de Jean-Marc Ayrault n’est pas pour demain. Mais ce qui est en cause, c’est la lisibilité d’ensemble de sa politique. La taxe de 75% est inepte, mais populaire dans l’opinion. Le fait est qu’elle contredit l’objectif de compétitivité des entreprises dont François Hollande disait l’an dernier qu’il était prioritaire. On a baissé les charges des entreprises pour les aider, mais on les augmente pour financer les retraites. On est à la fois dans le colbertisme, le libéralisme, la social-démocratie. C’est une politique qui n’est pas inqualifiable… mais on a du mal à la qualifier.

On sait que François Hollande est très impopulaire mais dans les sondages, l'opposition n'apparaît pas plus crédible pour sortir la France de la crise. Qu'est-ce qu'il faut lui souhaiter pour rebondir ?

Des résultats – mais on sait que ça ne dépend pas que de lui. De la clarté dans les décisions, notamment sur les fameuses économies à faire sur la dépense publique (pour l’instant, c’est comme la courbe du chômage : en fait de baisse, il n’y a qu’une diminution de la hausse). Il faudra bien que l’on sache, cette année, quels budgets seront réduits et de combien. Il y a aussi une séquence d’élections difficile qui s’annonce (municipales, européennes, sénatoriales). En fonction des résultats, François Hollande devra remanier son gouvernement un peu, beaucoup ou passionnément. Autrement dit, en 2014, François Hollande ne devra pas se contenter des vœux ; il devra faire des choix.

Hervé Gattegno