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François Fillon relance les hostilités sur les retraites

Le Premier ministre François Fillon a relancé les hostilités avec la gauche et les syndicats en plaidant pour un recul à terme de l'âge légal de départ à la retraite à 67 ans au nom de la convergence avec l'Allemagne. /Photo prise le 15 juillet 2011/REUTE

Le Premier ministre François Fillon a relancé les hostilités avec la gauche et les syndicats en plaidant pour un recul à terme de l'âge légal de départ à la retraite à 67 ans au nom de la convergence avec l'Allemagne. /Photo prise le 15 juillet 2011/REUTE - -

PARIS (Reuters) - Le Premier ministre François Fillon a relancé les hostilités avec la gauche et les syndicats en plaidant pour un recul à terme de...

PARIS (Reuters) - Le Premier ministre François Fillon a relancé les hostilités avec la gauche et les syndicats en plaidant pour un recul à terme de l'âge légal de départ à la retraite à 67 ans au nom de la convergence avec l'Allemagne.

La majorité a souligné que le chef du gouvernement avait évoqué jeudi un objectif général, sans mentionner la barre des 67 ans prévue en Allemagne, et qu'une révision de la réforme entrée en vigueur cette année, qui repousse l'âge de départ de 60 à 62 ans, était de toute façon programmée en 2018.

"Il faudra aller vers une fiscalité des entreprises commune à la France et à l'Allemagne, il faudra aller vers un temps de travail commun, il faudra aller vers un âge de retraite commun", avait déclaré jeudi François Fillon.

La gauche et les syndicats ont aussitôt déclenché un tir de barrage, à commencer par François Hollande, candidat à la primaire socialiste, pour qui le Premier ministre a "révélé le programme de Nicolas Sarkozy" pour 2012.

"François Fillon a pris un exemple, l'Allemagne, qui n'est pas le bon et qui laisse penser aux Français que la réforme qui vient d'être votée, finalement, est déjà insuffisante", a-t-il dit aux journalistes jeudi soir en Saône-et-Loire.

Ségolène Royal, autre postulante socialiste à la primaire, a accusé le Premier ministre de "ne pas être honnête" en raison de la différence de système entre la France et l'Allemagne.

En Allemagne, pour pouvoir prendre sa retraite, "c'est soit la durée de cotisation, soit l'âge. La France est le seul pays qui cumule les deux critères", a-t-elle dit.

La coalition d'Angela Merkel a décidé en 2007 de porter progressivement l'âge légal de départ à la retraite en Allemagne de 65 ans à 67 ans en 2029.

En France, la réforme des retraites, entrée en vigueur le 1er juillet, prévoit que l'âge légal de départ sera progressivement relevé à 62 ans en 2018 contre 60 ans aujourd'hui. L'âge de départ augmentera de quatre mois par an.

SUJET PAS SUR LA TABLE, DIT L'UMP

Pour Martine Aubry, autre candidate PS à la primaire, François Fillon "mélange tout". "Je suis d'accord pour être en conformité avec l'Allemagne, mais pas avant 2029 et, comme l'Allemagne, en distinguant les emplois pénibles, ce que ne fait pas le gouvernement français", a-t-elle dit aux journalistes.

La plupart des syndicats ont estimé que le ballon d'essai du Premier ministre était inopportun dans la situation actuelle.

"Il est assez irresponsable de balancer une idée comme ça dans ce contexte", a dit Annick Coupet, porte-parole du syndicat Sud sur RTL.

"C'est une déclaration très inopportune et provocatrice, on sort d'une réforme et on veut en rajouter une couche", a dit à la presse Jean-Louis Malys, de la CFDT.

En revanche, Laurence Parisot, présidente du Medef, a défendu sur RMC/BFM-TV la "bonne idée" du Premier ministre. "La convergence sociale passe par une convergence sur les retraites", a-t-elle estimé.

Plusieurs ténors de la majorité ont dénoncé un mauvais procès fait au Premier ministre.

"Le Premier ministre a dit qu'on allait vers une convergence globale avec les Allemands, il n'a pas dit 'je propose une réforme pour les semaines ou les mois à venir'", a expliqué le ministre de l'Industrie Eric Besson sur Canal +.

"Il n'y pas de réforme en cours de préparation, la discussion pourra être ouverte dans les années à venir. Mais dans les mois qui viennent le sujet n'est pas sur la table", a-t-il ajouté.

Chantal Jouanno, ministre des Sports, s'est voulue tout aussi rassurante.

"Le fond de son propos était qu'on ne pouvait pas avoir de distorsions manifestes entre la France et l'Allemagne. L'Allemagne s'est engagée dans cette voie ça ne veut pas dire que la France le fera", a-t-elle avancé sur RTL.

Nadine Morano, ministre chargée de l'Apprentissage et de la Formation, a expliqué que François Fillon avait seulement souhaité un "cadrage général de convergences" avec l'Allemagne.

"L'Allemagne, c'est 2029 pour 67 ans, chez nous, nous n'en sommes pas là (...) Une réforme des retraites, il faut toujours la remettre sur le chantier, et donc en 2018 il y aura une révision, c'était prévu comme tel", a-t-elle dit sur Europe 1.

Gérard Bon, édité par Yves Clarisse