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Politique

François Fillon prend une longueur d'avance avant le remaniement

La cote de François Fillon remonte à l'approche d'un remaniement qui ne cesse d'empoisonner le climat politique français et prend plus que jamais des allures de casse-tête pour Nicolas Sarkozy. /Photo prise le 28 octobre 2010/REUTERS/Philippe Wojazer

La cote de François Fillon remonte à l'approche d'un remaniement qui ne cesse d'empoisonner le climat politique français et prend plus que jamais des allures de casse-tête pour Nicolas Sarkozy. /Photo prise le 28 octobre 2010/REUTERS/Philippe Wojazer - -

par Patrick Vignal PARIS (Reuters) - La cote de François Fillon remonte à l'approche d'un remaniement qui ne cesse d'empoisonner le climat...

par Patrick Vignal

PARIS (Reuters) - La cote de François Fillon remonte à l'approche d'un remaniement qui ne cesse d'empoisonner le climat politique français et prend plus que jamais des allures de casse-tête pour Nicolas Sarkozy.

En annonçant dès le mois de juin qu'il allait rebattre les cartes du gouvernement, le chef de l'Etat a lancé un curieux manège qui a connu ces derniers jours un coup d'accélérateur.

Le choix du futur Premier ministre en demeure la principale inconnue et semble se résumer désormais à deux options : soit Nicolas Sarkozy donne une coloration plus sociale à son gouvernement en nommant à Matignon le centriste Jean-Louis Borloo, soit il opte pour la continuité en maintenant sa confiance en un François Fillon à la compétence reconnue.

Le ministre de l'Ecologie semblait récemment tenir la corde et François Fillon apparaissait résigné à lui céder la place lorsque le verdict tombera, vraisemblablement fin novembre.

"Il y a 10 jours, il (Fillon) ne se voyait pas rester", confie ainsi un ministre qui ne cache pas son agacement devant les manoeuvres des chefs du gouvernement putatifs, à commencer par Jean-Louis Borloo, omniprésent dans les médias. "Sarkozy s'est beaucoup avancé auprès de Borloo."

La donne a brusquement changé mercredi avec une sortie de l'actuel Premier ministre dans laquelle il se déclare implicitement candidat à sa propre succession.

"Je crois à la continuité de notre politique réformiste parce que je pense qu'on ne gagne rien à changer de cap au milieu de l'action et parce que le redressement de la France réclame de la durée", a dit François Fillon lors d'un discours devant des ingénieurs à Matignon.

"Cette politique, c'est une politique équilibrée et ça n'est pas en la faisant basculer à gauche ou à droite qu'on obtiendra des résultats", a-t-il ajouté.

AVAL DE L'ELYSÉE ?

S'il suggère ainsi à Nicolas Sarkozy de garder le cap plutôt que de donner un hasardeux coup de barre au centre, c'est que François Fillon a dû recevoir de l'Elysée un signal l'autorisant à le faire, estime un membre du gouvernement.

Personnage perçu comme sympathique mais imprévisible, Jean-Louis Borloo offre moins de garanties que François Fillon, qui a été blanchi sous le harnais depuis trois ans.

Le ministre de l'Ecologie, dont la gestion de la grève dans les raffineries a été critiquée, a pu en outre contrarier le chef de l'Etat en plaidant sa cause, allant jusqu'à sonder les membres de l'actuel gouvernement pour savoir s'il étaient disposés à travailler sous ses ordres, selon un ministre.

Nicolas Sarkozy aurait par ailleurs toute les peines du monde à justifier sa décision éventuelle de remercier un Premier ministre plus populaire que lui et très apprécié dans les rangs de la majorité présidentielle.

LA TENTATION DE LA SÉCURITÉ

Alors qu'il souhaite lancer la dernière phase de son quinquennat, qu'il espère plus consensuelle que la précédente, Nicolas Sarkozy pourrait donc être tenté de jouer la sécurité.

"La situation créée par la déclaration de François Fillon n'est pas surprenante parce qu'au fond, face aux difficultés du choix, la tentation du non-choix est toujours très forte", a déclaré jeudi Jean-Pierre Raffarin sur RMC.

"Dans les palais présidentiels, au bout d'un certain temps, il y a toujours la tentation conservatrice", a ajouté l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac.

Jean-Louis Borloo qui suscite de vives inimitiés au sein du gouvernement ainsi que les railleries de l'opposition, pourrait donc faire une croix sur ses ambitions, même si la décision finale appartient à Nicolas Sarkozy et que ce dernier ne laisse pour l'instant échapper publiquement aucun indice.

Le chef de l'Etat, dont l'impopularité atteint des records, sait qu'il lui faut donner un signal fort. Le maintien de François Fillon plaiderait, dans cette perspective, pour un remaniement du gouvernement plus en profondeur que dans l'hypothèse d'un changement de Premier ministre.

Mais il risque d'être confronté au départ d'un ministre populaire, Jean-Louis Borloo ayant, selon un ministre, fait savoir qu'il quitterait le gouvernement s'il n'obtenait pas Matignon, ce qui compliquerait la donne pour 2012.

La gauche, pendant ce temps, a beau jeu de se moquer d'un débat qui illustre, selon elle, le peu d'importance que revêt au fond la fonction de Premier ministre dans la pratique institutionnelle sous l'impulsion de Nicolas Sarkozy.

"On connaît déjà le Premier ministre", a ironisé jeudi le premier secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry. "Ce sera Nicolas Sarkozy."

Edité par Yves Clarisse