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Politique

François Fillon pense déjà à 2017 en passant par l'UMP

François Fillon, dans un bureau de vote de Paris, à l'occasion des législatives. L'ancien Premier ministre prend date sans attendre pour la présidentielle de 2017 en comparant à une primaire "avant l'heure" l'élection en novembre du président de l'UMP, qu

François Fillon, dans un bureau de vote de Paris, à l'occasion des législatives. L'ancien Premier ministre prend date sans attendre pour la présidentielle de 2017 en comparant à une primaire "avant l'heure" l'élection en novembre du président de l'UMP, qu - -

par Sophie Louet SAINT-MICHEL-SUR-MEURTHE, Vosges (Reuters) - François Fillon prend date sans attendre pour la présidentielle de 2017 en comparant à...

par Sophie Louet

SAINT-MICHEL-SUR-MEURTHE, Vosges (Reuters) - François Fillon prend date sans attendre pour la présidentielle de 2017 en comparant à une primaire "avant l'heure" l'élection en novembre du président de l'UMP, qu'il ne se voit pas perdre.

L'ancien Premier ministre, que les sondages plébiscitent face à son principal rival Jean-François Copé, a fait campagne lundi dans les Vosges, sur les terres de son mentor Philippe Séguin, troisième étape de sa tournée des fédérations UMP avant une pause en Italie et dans la Sarthe. Il repartira au combat le 19 août en Haute-Loire.

Le secrétaire général de l'UMP, qui devrait officialiser sa candidature fin août, se prévaut de "labourer le terrain" depuis qu'il a pris les rênes du parti en novembre 2010. François Fillon, lui, met en avant les "39 déplacements" à son actif durant les campagnes présidentielle et législative.

"Le regard des militants sur moi n'a pas foncièrement changé", confie le député de Paris à quelques journalistes, alors que les baromètres d'opinion favorables se succèdent.

Au point, pour François Fillon, d'avancer qu'il "ne pense pas perdre" au congrès de novembre.

Selon un sondage Ifop mené auprès de 609 sympathisants UMP du 10 au 19 juillet, François Fillon est préféré à 62% face à Jean-François Copé (21%) pour la présidence du parti.

L'entourage du secrétaire général feint d'ignorer ces chiffres, soulignant que les adhérents à jour de cotisation, évalués par le parti à 264.137, et "cible" déclarée, trancheront.

"Les prescripteurs d'opinion internes au parti ne sont pas du tout dans le scénario 'on va choisir le favori des sondages'", commente un proche du secrétaire général.

"TENDANCES LOURDES"

François Fillon s'agace d'une distinction "médiatique" entre sympathisants et militants qui selon lui n'a pas de sens. "La proportion peut varier, mais le vote ne peut pas être inversé" par rapport aux sondages, estime-t-il à l'unisson de son directeur de campagne, Eric Ciotti.

Les sondages reflètent les "tendances lourdes que l'on sent chez les militants", assure le député des Alpes-Maritimes.

Laurent Wauquiez, qui complète le "ticket Fillon" avec Valérie Pécresse - provisoirement absente pour avoir manqué le train du départ à Paris - enfonce le clou tout en se défendant de décocher des piques à l'adversaire.

"Les sondages montrent que toutes les personnes qui divisent leur camp sont en baisse", dit l'ancien ministre en défendant la candidature "rassembleuse" de François Fillon.

"Les attaques contre François Fillon ne prennent pas", renchérit Eric Ciotti, qui ne désespère pas de rallier Nathalie Kosciusko-Morizet, désormais en lice, et Xavier Bertrand, qui réserve sa décision.

La dernière attaque en date, celle de l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin dans Le Monde, est jaugée avec ironie par l'intéressé, qui concède des relations historiquement "difficiles" avec le chef de file des "humanistes" de l'UMP.

"Il paraît que je n'ai pas le bon profil, mais je ne suis pas candidat au secrétariat général", lâche François Fillon.

Jean-Pierre Raffarin, qui a apporté officiellement son soutien à Jean-François Copé, estime dans Le Monde que le profil "sérieux, secret et solitaire" de François Fillon n'est pas "celui d'un chef de parti".

WAUQUIEZ BRÛLE LES ETAPES

Le scrutin de novembre, insiste François Fillon, "ce sont nos primaires à nous, avant l'heure, qui donneront une vraie légitimité à celui qui dirigera le parti".

"On va vers des secousses très sérieuses en Europe et en France. On ne s'en sortira qu'en se rassemblant. Il faut que le discours de l'UMP s'adresse à tous les Français."

Une affirmation à rebours de l'argumentaire des "copéistes", attachés à un net distinguo entre le scrutin de l'automne et les primaires de 2016 qui désigneront, selon la méthode du Parti socialiste, le champion de la droite pour la prochaine présidentielle.

Si François Fillon prend soin de cultiver l'ambiguïté sur les échéances, dont Alain Juppé souhaite aussi qu'elles soient clairement déconnectées, Laurent Wauquiez n'hésite pas à franchir le pas et balaie les jalons, notamment le congrès de 2015.

"Ces primaires 'avant l'heure', ça permet à notre famille de bénéficier d'un président incontestable pour les cinq ans qui viennent", dit-il à des journalistes.

Eric Ciotti corrige : "La comparaison avec les primaires socialistes, ce n'est pas sur le fond, ce n'est pas le même choix. Celui qui gagnera en novembre aura le socle pour bâtir une maison pour aller vers 2017".

Qu'importe la nuance, François Fillon, qui a parcouru 10 kilomètres à pied et 50 km à vélo le week-end dernier, se voit déjà sur la ligne d'arrivée.

Edité par Yves Clarisse