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François Fillon accuse François Hollande d'être derrière les affaires qui le touchent

François Fillon a accusé François Hollande d'être impliqué dans l'affaire qui bouleverse sa campagne depuis deux mois, notamment en couvrant des fuites de documents. Il dit s'appuyer sur un livre mettant récemment en cause le chef de l'Etat.

"Qui est derrière cette 'machination' dont vous parlez?" Cette question a été posée par David Pujadas, lors de "L'émission politique" ce jeudi soir, à François Fillon qui s'étonnait de "l'importance" prise par "l'affaire" le concernant. L'ex-Premier ministre a alors répondu: "Vous avez des journaux qui reçoivent des documents, 48 heures après qu'ils aient été saisis dans des perquisitions, par exemple dans mon bureau. Qui leurs donne? Des services de l'État. Vous pensez qu'ils le font sans être couverts par leur hiérarchie?"

Le candidat de la droite et du centre s'est alors lancé dans le développement suivant: "Je vais mettre en cause le Président de la République. Il y a un livre qui sort ces jours-ci, dont j'ai pu lire les bonnes feuilles, qui a été écrit par des journalistes qui sont très loin d'être mes amis puisque deux d'entre eux sont des journalistes du Canard enchaîné."

"Je demande qu'une enquête soit ouverte"

Il a alors décrit le contenu du livre en question: "C'est un livre ("Bienvenue Place Beauvau, Police: les secrets inavouables d'un quinquennat", ndlr) sur le ministère de l'Intérieur et la place Beauveau, qui, en 250 pages, explique que François Hollande fait remonter toutes les écoutes judiciaires qui l'intéressent à son bureau, ce qui est d'une illégalité totale, comment il est branché directement sur Bercy, sur Tracfin, sur les informations qui lui sont apportées en permanence, comment il est au courant des moindres faits, des moindres filatures, y compris concernant son ancien Premier ministre Manuel Valls", a-t-il expliqué. Selon lui, "on cherchait un cabinet noir, on l'a trouvé, en tout cas, à travers ces allégations".

Le candidat de la droite et du centre à l'élection présidentielle a alors fait cette demande: "Moi, ce soir, solennellement, je demande qu'il y ait une enquête d'ouverte sur les allégations qui sont portées dans ce livre, parce que c'est un scandale d'Etat". "Si ce qui est écrit dans ce livre est vrai, je pense que dans l'histoire récente de la Ve République, un chef d'Etat n'est jamais aussi loin dans l'illégalité, la prise de pouvoir sur des services sur lesquels il ne devrait pas avoir autorité", a-t-il également affirmé.

"Le scandale ne concerne pas l'Etat"

Un communiqué de l'Elysée n'a pas tardé à tomber dans la soirée: "Le Président de la République condamne avec la plus grande fermeté les allégations mensongères de François Fillon ce soir sur France 2. Depuis 2012, et c'est un fait établi, l'exécutif n'est jamais intervenu dans aucune procédure judiciaire et a toujours respecté strictement l'indépendance de la magistrature."

Le texte a ensuite abordé l'affaire Fillon plus particulièrement: "Et sur les affaires particulièrement graves concernant M. Fillon, parce qu elles touchent à l intégrité et à l'exemplarité, le président de la République n'en a été informé que par la presse. Le seul scandale ne concerne pas l'Etat, mais une personne qui aura à en répondre devant la justice."

"Les propos de M. Fillon, qui s'ajoutent aux révélations des dernières semaines, n'ont donc aucun fondement et provoquent un trouble insupportable à la campagne présidentielle qui appelle dignité, sérénité et responsabilité", conclue le communiqué. 

D'autres responsables politiques ont réagi sur l'antenne de BFMTV ce même soir. Sébastien Denaja, député PS élu dans l'Hérault, a lancé: "C'est la tentative de diversion d'un homme en plein désarroi. On est toujours consterné par l'attitude de François Fillon" Arnaud Leroy, député des Français de l'Etranger et soutien d'Emmanuel Macron, est allé plus loin encore: "François Fillon devient une vraie menace pour la République. Et ça devient malsain et dangereux". Julien Dray, proche de François Hollande, a lâché sa colère sur notre antenne: "C'est un mensonge total. Il ne mérite même plus de figurer dans cette élection!"

R.V. avec AFP