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François bayrou se dit sourd aux "manoeuvres de beau temps"

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PARIS (Reuters) - Consulté deux fois par Nicolas Sarkozy sur les retraites, ce que d'aucuns ont interprété comme un rapprochement avec le chef de l'Etat, François Bayrou affirme que l'heure n'est pas aux "manoeuvres de beau temps" et qu'il reste un "opposant".

Le président du Mouvement démocrate (MoDem) a posé ses conditions à une éventuelle approbation de sa part d'une réforme des retraites "raisonnable", qui devra selon lui préserver "le filet de sécurité" qu'est la retraite à 65 ans sans décote.

Pour François Bayrou, la réforme que le gouvernement prépare doit tenir compte des salariés ayant commencé à travailler tôt, de la pénibilité et de la retraite sans décote à 65 ans - qui concerne notamment les femmes qui ont élevé leurs enfants, les salariés ayant travaillé à l'étranger ou dont la carrière a été en dent de scie, avec des périodes de chômage.

"Si cette disposition était mise en cause, je ne pourrais pas soutenir la réforme des retraites", a-t-il dit lors d'une conférence de presse au siège du MoDem.

Le leader centriste a reconnu avoir évoqué le sujet avec le ministre du Travail Eric Woerth, le Premier ministre François Fillon, le conseiller social de l'Elysée Raymond Soubie et le président Nicolas Sarkozy, avec qui il s'est entretenu pour la seconde fois mardi.

Certains observateurs ont vu dans ces rencontres une tentative de séduction de la part de l'Elysée et une réorientation vers la droite de François Bayrou, qui se présentait jusqu'ici comme un opposant farouche au chef de l'Etat.

Dans une lettre envoyée la semaine dernière à ses militants, François Bayrou s'était défendu de toute connivence avec Nicolas Sarkozy.

Ce qu'il a réaffirmé jeudi face aux journalistes.

"JE SUIS UN OPPOSANT"

"Je suis un opposant" a-t-il dit, justifiant d'avoir choisi "le chemin aride de l'opposition".

"Même si c'était une opération de séduction ou de captatio benevolente, comme on dit en latin, ça n'a rien à voir avec la gravité de ce que nous avons à traiter", a-t-il ajouté à propos de ses entretiens à l'Elysée.

"Les manoeuvres sont des manoeuvres de beau temps. Quand tout va bien, les hommes d'équipage s'amusent (...) mais là on n'est pas dans le temps serein qui permet des jeux comme ça".

La France, qui vit "la période la plus difficile depuis la Guerre" a "besoin d'une nuit du 4 août et de l'abolition des privilèges", a ajouté l'ancien "troisième homme" de l'élection présidentielle de 2007.

Quand on évoque devant lui une éventuelle candidature en 2012 du ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo, ou de celui de la Défense, Hervé Morin, tous deux issus du centre, la réponse de François Bayrou est sans appel.

"Quand on est membre du gouvernement, on est solidaire de l'action du gouvernement et on ne peut pas désavouer ce qu'on a approuvé, applaudi et voté", a-t-il affirmé.

Bien que très seul dans son camp, notamment depuis ses mauvais scores aux élections européennes et régionales, le député béarnais a de nouveau plaidé pour un "centre indépendant".

"Si on renonce à l'indépendance, on renonce à la nature même de cette maison", a-t-il insisté.

Elizabeth Pineau, édité par Gérard Bon