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Politique

François Bayrou et Hervé Morin, deux ambitions au Centre

Le Centre entre en scène pour l'élection présidentielle avec François Bayrou, qui ambitionne de rééditer sa percée de 2007 en étrillant autant la droite que la gauche, et Hervé Morin, dont la candidature est contestée dans son propre camp. /Photos d'archi

Le Centre entre en scène pour l'élection présidentielle avec François Bayrou, qui ambitionne de rééditer sa percée de 2007 en étrillant autant la droite que la gauche, et Hervé Morin, dont la candidature est contestée dans son propre camp. /Photos d'archi - -

PARIS (Reuters) - Le Centre entre en scène pour l'élection présidentielle avec François Bayrou, qui ambitionne de rééditer sa percée de 2007 en...

PARIS (Reuters) - Le Centre entre en scène pour l'élection présidentielle avec François Bayrou, qui ambitionne de rééditer sa percée de 2007 en étrillant autant la droite que la gauche, et Hervé Morin, dont la candidature est contestée dans son propre camp.

Le président du Mouvement démocrate, "troisième homme" du précédent scrutin avec 18,57% des voix, a profité de l'"incroyable désordre" à gauche entre socialistes et écologistes pour avancer sa déclaration de candidature au nom du "sérieux" et de la "cohérence". Son entrée en lice officielle était prévue la semaine du 5 décembre.

Le député des Pyrénées-Atlantiques, que ni le retrait de Jean-Louis Borloo ni les difficultés de François Hollande ne favorisent pour l'heure dans les sondages (6% à 9% d'intentions de vote), a expliqué jeudi soir sur TF1 que la France devait repartir "sur des bases nouvelles".

"Il est impossible qu'on continue comme ça pendant cinq ans", a-t-il souligné, critiquant tout autant le bilan de Nicolas Sarkozy que le projet "insoutenable" du PS.

"Aujourd'hui, ce n'est plus Sarkozy, le capitaine, la question. C'est l'état du bateau. UMP, PS, les gens s'en moquent", déclarait-il récemment à des journalistes.

François Bayrou, qui a sonné l'alarme dès 2007 sur la crise des dettes souveraines, a vu son espace réduit par le positionnement social-démocrate de François Hollande, mais ses proches veulent croire que l'imbroglio idéologique avec Europe Ecologie-Les Verts (EELV) contribuera à détourner une partie de l'électorat centriste du candidat socialiste.

"On voit bien combien la question de l'indépendance est précieuse car quand vous dépendez d'accords électoraux, vous ne pouvez pas exprimer votre vision et vous êtes obligés de négocier ce que vous pensez pour la présidentielle", soulignait mercredi l'ancien ministre de l'Education.

"JE NE SUIS PAS UNE GIROUETTE"

L'indépendance chère au Béarnais, qui dialogue avec l'UMP et le PS tout en appelant de ses voeux une "majorité centrale", n'est pas exempte d'ambiguïté. Son entourage concède que se lier dès maintenant à la destinée de tel ou tel risquerait de "démonétiser" le candidat, pourtant bien esseulé.

"Les gens ne votent pas sur ce que vous dites, ils votent sur ce que vous êtes. Je ne suis pas quelqu'un qui change d'avis au gré des choses. Je ne suis pas une girouette", explique le dirigeant du MoDem.

En 2007, François Bayrou n'avait pas donné de consigne de vote entre les deux tours mais avait annoncé qu'il ne voterait pas pour Nicolas Sarkozy, opposé alors à Ségolène Royal. Il confiera plus tard avoir voté blanc.

En 2012, "nous aurons un choix clair", a-t-il dit dès juillet.

En octobre, le dirigeant du MoDem avait relevé des "points de rencontre" avec les idées de François Hollande, avec lequel il dit entretenir de "très bonnes relations depuis longtemps". Mais il estime que le candidat socialiste, qui avait posé la question d'une alliance avec le MoDem dès les municipales de 2008, s'est lié les mains en faisant sien le projet du PS.

A droite, Nicolas Sarkozy, cible d'une charge virulente dans "Abus de pouvoir", publié en 2009 par François Bayrou, a pacifié ses relations avec le député. Et la majorité commence à tendre les rameaux d'olivier.

MORIN, "UN PEU COURT"

"J'espère qu'il ne se trompera pas dans le choix de sa famille, de sa vraie famille d'origine qui n'est pas le Parti socialiste", a déclaré vendredi le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé.

Hervé Morin, l'ancien lieutenant de François Bayrou qui fera le grand saut présidentiel dimanche à Berville-sur-Mer (Eure), au pied du pont de Normandie, a déjà la réponse : "Voter Bayrou, c'est voter socialiste au second tour".

"Moi, je sais où je suis. Je sais que si je ne suis pas au second tour, j'appellerais à voter pour un candidat de droite", déclare l'ancien ministre de la Défense de François Fillon, qui fut évincé du gouvernement en novembre 2010.

L'ambition du président du Nouveau Centre, qui songe déjà au second tour, est au moins sans ambiguïté malgré un étiage confidentiel (autour de 1%) dans les sondages.

"Il est sympathique, mais un peu court", a lâché vendredi le député Nouveau Centre André Santini sur France 2.

Un reproche formulé en termes parfois moins diplomates par les ministres centristes du gouvernement et le président exécutif du Nouveau Centre, Jean-Christophe Lagarde, qui souligne que pour gagner une Coupe du monde de football, il vaut mieux des "joueurs internationaux, pas des joueurs en CFA".

François Sauvadet suggère que le Nouveau Centre "se mette autour de la table avec l'UMP, comme l'ont fait les Verts et le PS". Réponse d'Hervé Morin : "Renoncer maintenant, c'est décider de disparaître sans fleurs ni couronnes".

Un sort que brûle de lui réserver Jean-François Copé, qui manie déjà la menace.

Aux prochaines législatives, "un candidat UMP affrontera chacun des 24 députés Nouveau Centre sortants, sauf si ces derniers s'engagent à soutenir Nicolas Sarkozy dès le premier tour de la présidentielle et non Hervé Morin", a prévenu le secrétaire général de l'UMP.

Sophie Louet, édité par Yves Clarisse