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Politique

Fonctionnaires : première grève d’envergure du quinquennat de François Hollande

5,2 millions d'agents publics sont appelés à cesser le travail et à descendre dans la rue

5,2 millions d'agents publics sont appelés à cesser le travail et à descendre dans la rue - -

Ce jeudi, les fonctionnaires sont appelés à descendre dans la rue, première grande manifestation du quinquennat de François Hollande. Les salariés du public protestent entre autres contre les coupes dans les effectifs.

C’est une première, pour le président François Hollande. Ce jeudi, les fonctionnaires sont dans la rue. 120 rassemblements sont attendus dans toute la France, avec la plus grosse manifestation prévue à Paris, et 5,2 millions d'agents publics sont appelé à cesser le travail par la CGT, FSU et Solidaires. Près d'un professeur des écoles sur trois sera en grève selon le SNUipp-FSU, le 1er syndicat du primaire.
A l’origine du mouvement de grogne : la demande de revalorisation du point d'indice qui sert de base au calcul de leur salaire et qui n’a pas bougé depuis 2010, l'abrogation du jour de carence sur les arrêts maladie, mais aussi l’arrêt des coups dans les effectifs. Si, durant la campagne, François Hollande avait promis des embauches dans l'éducation (plus de 8 700 en 2013), dans la police et la justice, le reste des services publics est à la diète : 7 200 postes sont supprimés dans la Défense, 2 350 dans les finances, ou encore 186 par exemple dans l'hospitalier, selon l’Assemblée nationale. Des chiffres de l'Assemblée nationale.

« Un agent qui gérait 100 dossiers en gère maintenant 150 »

A la Direction des Affaires juridique du ministère des finances, le service de répression des fraudes a pu remarquer les effets de ces coupes entamées il y a plusieurs années. Pour Romain Guillonnet, un des inspecteurs, il n'y a pas que le salaire qui compte, il y aussi les conditions de travail. « Quand on faisait un contrôle de pizzeria, on allait voir la chaine du froid, les produits dans le congélateur. Aujourd’hui, on va prendre une heure au lieu de deux heures et demi et vous allez trouver de la viande avariée dans le frigo, mais on n’ira pas le voir ».
Le problème serait aussi le même du côté des impôts, selon Sylvestre Hubert, du syndicat Unsa. « Un agent qui gérait 100 dossiers, il en gère maintenant 150. Tous les ans, on parle de la fraude fiscale, évaluée à tant. Mais si on avait les moyens pour lutter contre la fraude fiscale, on pourrait l’appréhender », regrette-t-il.

« Certains collègues ont des situations difficiles »

Et ce n’est pas fini. Aux Impôts, plus de 2 300 postes doivent être supprimés en 2013 à la direction générale des finances publiques. Frédéric Barrois, responsable à Paris du syndicat Solidaire finance, fait le compte. « Depuis 2010, 500 emplois supprimés. Par exemple, dans le 13e arrondissement, on reçoit environ 400 personnes par jour, sauf que les personnes qui faisaient trois ou quatre guichets, on les a supprimés, et donc il n’y a plus qu’une personne. Le temps d’attente est de 45 à 90 minutes, voilà les conséquences concrètes des suppressions d’emploi. L’ancien directeur général avait d’ailleurs reconnu que la charge de travail avait augmenté de 15%. Moi, ça fait 15 ans que je travaille dans l’administration, et je touche à peu près de 1900 euros net par mois. L’évolution des salaires ne suit pas la technicité reconnue, et on a certains collègues qui ont des situations difficiles financièrement ».

« Une certaine méconnaissance du métier »

Parmi les services qui subissent les coupes budgétaires, les douanes ne sont pas épargnées. Luc Doumont, du syndicat Unsa de la fonction publique, regrette que les agents soient de moins en moins nombreux. « On leur impose un rythme de suppression d’emplois au niveau d’un agent par jour. Ce qu’on ne comprend pas, c’est que la douane exerce des missions sécuritaires, comme la lutte contre les contrefaçons, les stupéfiants. Or, comme elle est hors du champ du ministère de l’intérieur, c’est une administration qui passe au rabot. Il y a un vrai problème. Je pense qu’il vaut mieux mettre des douaniers derrière les frontières pour saisir des quantités importantes de stup que de les laisser passer à l’intérieur du territoire. Je pense qu’il y a une certaine méconnaissance, je ne suis pas persuadé en effet que les politiques en tout cas appréhendent bien ce métier ».

Mathias Chaillot avec Thomas Chupin