BFMTV
Politique

Fin houleuse de l'examen de la réforme des retraites

Les députés français ont achevé mercredi à l'aube l'examen de la réforme des retraites dans une atmosphère houleuse qui laisse présager des débats difficiles lors du passage du projet de loi au Sénat. /Photo d'archives/REUTERS/Philippe Wojazer

Les députés français ont achevé mercredi à l'aube l'examen de la réforme des retraites dans une atmosphère houleuse qui laisse présager des débats difficiles lors du passage du projet de loi au Sénat. /Photo d'archives/REUTERS/Philippe Wojazer - -

Les députés français ont achevé mercredi à l'aube l'examen de la réforme des retraites dans une atmosphère houleuse qui laisse présager des débats difficiles lors du passage du projet de loi au Sénat.

Le vote solennel sur l'ensemble du texte doit avoir lieu ce mercredi à 15h à l'Assemblée nationale, dont le président UMP, Bernard Accoyer, a subi les foudres de l'opposition de gauche pour avoir coupé court aux débats. Les socialistes ont crié "démission" en sa direction lorsqu'il a refusé de laisser certains d'entre eux expliquer leur vote, estimant que tout avait été dit. Cette opération risquait de retarder le vote et Bernard Accoyer a dit vouloir mettre un terme "à ces petites manoeuvres qui abîment l'image de l'Assemblée".

Bruno Le Roux, porte-parole du PS à l'Assemblée nationale, a jugé "légitime" la colère des députés de gauche. "Si l'on décide de ne plus faire discuter l'Assemblée nationale, dans quelle démocratie est-on aujourd'hui ?", a-t-il demandé sur i-Télé.
La tension a été à son comble au petit matin, lorsque la socialiste Catherine Coutelle, à l'issue d'une nuit blanche, a attaqué le ministre du Travail Eric Woerth, qui porte cette réforme cruciale du quinquennat de Nicolas Sarkozy.

L'AFFAIRE BETTENCOURT POLLUE LE DÉBAT

Elle a accusé Eric Woerth, éclaboussé par des soupçons de trafic d'influence pour ses liens avec l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt, d'avoir menti en niant être intervenu pour que son gestionnaire de fortune obtienne la Légion d'honneur. "Vous nous avez habitués à mentir, cela semble chez vous une seconde nature", a dit Catherine Coutelle en séance. Dans la confusion, des noms d'oiseau ont été échangés et, selon le socialiste Christian Eckert, Eric Woerth a traité Catherine Coutelle de "collabo", ce qui "n'est pas correct". Dans une déclaration à Europe 1, le ministre du Travail n'a ni confirmé ni démenti avoir tenu ces propos. "Vous savez, l'opposition caricature et me caricature depuis des semaines", a-t-il dit. "Aucun député de l'opposition n'aurait tenu face aux insultes qui ont été proférées (contre moi-NDLR) pendant une seconde. J'ai tenu 70 heures."
Plus tôt dans la nuit, les socialistes avaient crié "démocratie, démocratie" lorsque leur temps de parole a été écoulé, estimant que le gouvernement passait en force.

Le vote solennel sur ce texte qui reporte progressivement de 60 à 62 ans de l'âge légal de départ à la retraite à l'horizon 2018 et relève progressivement de 65 à 67 ans l'âge permettant d'obtenir une retraite à taux plein quel que soit le nombre de trimestres cotisés aura donc bien lieu ce mercredi.
Les groupes UMP, à l'exception des partisans de l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin, qui vont s'abstenir, et du Nouveau centre (NC) soutiennent cette réforme que dénonce vivement l'opposition, les socialistes, les communistes, les Verts et les radicaux de gauche ainsi que les syndicats.

Des manifestations doivent avoir lieu mercredi avant une nouvelle journée de mobilisation prévue le 23 septembre. Le 7 septembre, la précédente journée de grèves et de manifestations contre la réforme avait rassemblé entre 1,1 et 2,7 millions de personnes à travers le pays.
Le Sénat, où la majorité est beaucoup moins importante qu'à l'Assemblée nationale, examinera à son tour la réforme à partir du 1er octobre et son président, l'UMP Gérard Larcher, s'est montré ouvert à certaines revendications des syndicats. Il a notamment estimé qu'il fallait étudier l'impact du maintien à 65 ans de l'âge de la retraite à taux plein, principale exigence de la CFDT. L'objectif du gouvernement, qui a décidé d'utiliser la procédure d'urgence, est de faire adopter définitivement cette réforme par le Parlement à la fin octobre ou début novembre.