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Fillon prend date sans détour pour la présidentielle de 2017

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par Sophie Louet PARIS (Reuters) - François Fillon a ouvert mardi la compétition à droite pour l'élection présidentielle de 2017 en se lançant le...

par Sophie Louet

PARIS (Reuters) - François Fillon a ouvert mardi la compétition à droite pour l'élection présidentielle de 2017 en se lançant le "défi" de la reconquête sur les fondements lézardés de l'UMP.

Offensif contre la politique du gouvernement socialiste, caustique contre "la petite France de M. Hollande avec ses petites blagues", ne reculant pas devant des boutades peu conformes à son registre, l'ancien Premier ministre a livré un discours de campagne électorale à la Mutualité, à Paris.

La Mutualité. Là même où Nicolas Sarkozy avait annoncé son retrait de la vie politique au soir de sa défaite, le 6 mai 2012. Surtout ne voir dans cette coïncidence aucun symbole, comme celui d'un envol sur les cendres d'un testament politique, affirmaient des proches de François Fillon.

Pourtant, le député de Paris a poursuivi devant ses partisans -800 à 1.000 mardi soir-, son émancipation à l'égard de Nicolas Sarkozy, auquel il a rendu hommage, et pris date pour les primaires de l'opposition en 2016.

"Nos lauriers sont à terre. Il n'y a plus ni préséance, ni hiérarchie", a-t-il lancé. "Il faut nous réinventer, nous désaccoutumer du passé pour repartir sur de nouvelles bases".

S'appliquant le "droit d'inventaire" qui hérisse les fidèles de Nicolas Sarkozy mais rencontre un écho favorable auprès de la jeune garde de l'UMP, François Fillon a dit regarder "lucidement le passé", "ce qui a marché et ce qui n'a pas marché".

"Ne cherchons pas d'excuses, ne cherchons pas de sauveur", a-t-il insisté dans un message clair à ceux qui, à l'UMP, entretiennent la flamme sarkozyste et le scénario du "recours". "Personne ne peut prétendre devenir l'homme de la Nation, ça ne se décrète pas".

"Nous devons tous faire nos preuves, et moi le premier", a souligné l'ancien Premier ministre, qui rompt un long silence consécutif à la guerre qui l'a opposé l'automne dernier à Jean-François Copé pour la présidence de l'UMP.

"NOTRE AVENTURE NE FAIT QUE COMMENCER"

Comme une réplique à ceux qui, parmi ses détracteurs mais aussi ses proches, lui reprochaient distance et réserve, François Fillon a fendu l'armure, se livrant plus qu'à l'accoutumée, évoquant son fils cadet pour mieux tracer "le chemin du rassemblement et de la reconquête" qu'il dit vouloir fouler d'ici à 2017.

"J'ai vécu dans l'intensité des responsabilités gouvernementales au point de me sentir parfois dépossédé d'une part de moi-même. La politique peut vous broyer", a confié celui qui fut relégué au rang de "collaborateur" à ses débuts à Matignon.

L'ex-Premier ministre s'est dépeint sous les auspices gaullistes, affirmant sa "vérité", son refus du "cynisme", sa "franchise" qui l'on conduit, dit-il, à refuser de briguer la municipalité de Paris.

"Si on veut servir son pays (...), on ne doit pas monter dans tous les trains qui partent", a-t-il justifié en présence de ses soutiens parlementaires et de Nathalie Kosciusko-Morizet, candidate à l'investiture UMP pour la municipale parisienne.

La seule voie qui importe à François Fillon, désormais sans ambiguïté sur ses ambitions élyséennes mais muet sur une éventuelle candidature à la présidence de l'UMP, c'est le "redressement" d'une France "qui s'enfonce dans les marais de la récession".

"Notre aventure ne fait que commencer", a-t-il dit sous les applaudissements, posant les grandes lignes du projet auquel il entend travailler les trois années qui viennent, au fil d'un tour de France avec son club "France.9", rebaptisé "Force républicaine".

Création d'une forme de "confédération" franco-allemande, retour aux 39 heures, relèvement de l'âge de la retraite à 65 ans...: "cela ne se fera pas avec de petits ajustements".

"Bâtir un projet pour relancer la France, construire une dynamique gagnante capable de rassembler les Français (...), c'est le défi qui m'obsède", a affirmé François Fillon. "Je veux percuter les lignes partisanes (...) sans chercher à copier la gauche, (...) sans chercher à dupliquer l'extrême droite".

"Serai-je prêt le moment venu, et les Français seront-ils au rendez-vous? Aujourd'hui je ne le sais pas", a-t-il avoué.

Un proche s'enthousiasme du "pari": "C'est Chirac en 1993 ou Sarkozy en 1995, tout est à rebâtir pour la victoire".