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Fillon lance un appel à Borloo et aux centristes

François Fillon a mis en garde Jean-Louis Borloo et ses soutiens contre les risques de division à droite pour l'élection présidentielle de 2012, tout en affirmant se reconnaître dans les valeurs du centre. /Photo d'archives/REUTERS/Charles Platiau

François Fillon a mis en garde Jean-Louis Borloo et ses soutiens contre les risques de division à droite pour l'élection présidentielle de 2012, tout en affirmant se reconnaître dans les valeurs du centre. /Photo d'archives/REUTERS/Charles Platiau - -

PARIS (Reuters) - François Fillon a mis en garde vendredi Jean-Louis Borloo et ses soutiens contre les risques de division à droite pour l'élection...

PARIS (Reuters) - François Fillon a mis en garde vendredi Jean-Louis Borloo et ses soutiens contre les risques de division à droite pour l'élection présidentielle de 2012, tout en affirmant se reconnaître dans les valeurs du centre.

Le président du Parti radical, qui avait quitté le gouvernement en novembre dernier après avoir été un temps pressenti pour le poste de Premier ministre, a annoncé jeudi soir sur France 2 qu'il s'émancipait de l'UMP.

Il s'est aussi dit "prêt" à être le candidat présidentiel de la confédération des centres qu'il appelle de ses voeux.

Le départ de Jean-Louis Borloo est un échec pour l'UMP, qui redoute de voir la fracture entre les pôles "droitier" et centriste de la majorité compromettre les chances de réélection de Nicolas Sarkozy.

"Je le dis à Jean-Louis Borloo et aux radicaux qui veulent le suivre, aux centristes qui hésitent, que je me reconnais moi aussi dans plusieurs des valeurs qu'ils défendent mais que personne n'a intérêt à découper la majorité en tranches", a dit François Fillon en marge d'un déplacement à Vitré (Ille-et-Vilaine).

"Les divisions d'hier nous ont épuisés, meurtris, éloignés de nos électeurs qui n'en pouvaient plus des déchirements de la droite et du centre", a-t-il poursuivi devant des militants UMP.

Avant d'ajouter: "Le nombre de nos adversaires nous interdit de multiplier les candidatures aux présidentielles. L'unité, ça n'est pas une option parmi d'autres, c'est une nécessité vitale".

L'état-major de l'UMP a exprimé vendredi ses regrets, assortis d'avertissements voilés au chef de file du Parti radical, désormais privé d'une manne financière et fragilisé pour les investitures aux élections législatives de 2012.

L'ex-ministre de l'Ecologie entend incarner "l'aile sociale" de la majorité en réunissant la nébuleuse centriste, du Nouveau Centre d'Hervé Morin à La Gauche moderne de Jean-Marie Bockel, en passant par les déçus de l'UMP et une partie des écologistes.

Le Parti radical doit arrêter une position officielle lors de son congrès des 14 et 15 mai prochains.

LE CENTRE ATTISE LES AMBITIONS

Selon Laurent Hénart, secrétaire général du Parti radical, Jean-Louis Borloo prendra sa décision sur une éventuelle candidature "avant l'été". Mais d'autres ambitions personnelles existent au centre.

François Bayrou, qui recueillit plus de 18% des voix au premier tour de la présidentielle de 2007, aspire toujours à l'onction des urnes, Hervé Morin jauge ses chances et Dominique de Villepin, président de République solidaire, est tenté par une chevauchée en solitaire.

Interrogé sur ses intentions par le JDD.fr, Hervé Morin affirme être "toujours déterminé" mais "intelligent" et qu'il se retirera si Jean-Louis Borloo tient la corde.

Depuis la présidentielle de 2007, les élections intermédiaires ont mis en évidence un espace politique vierge au centre-droit - déserté par le Mouvement Démocrate - qui aurait tendance à "se gauchiser" selon les enjeux.

Une offre politique au centre, face à une UMP qui se droitise en mettant l'accent sur la sécurité, l'immigration et l'islam, porte en germes les risques d'une dispersion semblable à celle qui avait été fatale, à gauche, au socialiste Lionel Jospin au premier tour de la présidentielle de 2002.

L'ex-secrétaire d'Etat Rama Yade a annoncé sa démission de l'UMP pour accompagner "une page de l'histoire politique".

D'autres défections suivront-elles en nombre ? A l'UMP, on en doute et on note que tous les radicaux ne sont pas sur la même ligne que leur chef.

"Je crains que l'on ne casse la famille politique (...) avec une stratégie de rupture, avec comme risque de faire perdre notre propre camp", a dit à Reuters le député radical Jean Leonetti.

Mais pour un autre responsable de l'UMP d'obédience radicale, la rupture est inévitable.

"On assiste à une hémorragie de militants, sympathisants, et même d'électeurs de sensibilité centriste qui ne supportent plus la droitisation de l'UMP", dit-il. "Le Parti socialiste devient attirant pour eux dès lors que les candidats qu'il met en avant ne font pas figure d'épouvantail".

Sophie Louet, Emile Picy et Yann Le Guernigou, édité par Patrick Vignal