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Fillon défend l'euro au Japon et évoque la "rigueur"

A Tokyo, le Premier ministre français François Fillon a fait pour la première fois usage du terme de "rigueur" en évoquant la politique de maîtrise des déficits de son gouvernement. /Photo d'archives/REUTERS/Philippe Wojazer

A Tokyo, le Premier ministre français François Fillon a fait pour la première fois usage du terme de "rigueur" en évoquant la politique de maîtrise des déficits de son gouvernement. /Photo d'archives/REUTERS/Philippe Wojazer - -

TOKYO (Reuters) - La crise de la dette en Europe s'explique par une mauvaise gestion des finances publiques et ne reflète pas une faiblesse...

TOKYO (Reuters) - La crise de la dette en Europe s'explique par une mauvaise gestion des finances publiques et ne reflète pas une faiblesse inhérente à la monnaie unique européenne, a déclaré François Fillon lors d'une conférence à Tokyo.

Le Premier ministre français a par ailleurs utilisé pour la première fois le terme de "rigueur" en évoquant la politique de maîtrise des déficits de son gouvernement.

"Dans tous les budgets de l'Etat, le seul qui n'est pas soumis à la rigueur, c'est le budget de l'Enseignement supérieur et de la recherche", a-t-il dit.

Il a également estimé que l'euro restait une monnaie forte, que son cours actuel était à un niveau conforme avec la situation et qu'il était "vain de spéculer" contre la Grèce.

"La crise grecque a fait naître de fortes inquiétudes sur l'avenir de l'Europe et de la monnaie unique", a reconnu le chef du gouvernement français, ajoutant que la zone euro venait de traverser "la crise la plus grave de son histoire".

Mais, a-t-il dit, cette crise ne découle pas de faiblesses qui seraient inhérentes à la monnaie unique.

"C'est une crise de dette souveraine classique, liée à une mauvaise gestion des finances publiques et consécutive à une crise financière dont l'histoire a déjà donné de nombreux exemples", a-t-il déclaré devant des représentants des milieux politiques et économiques.

La crise de la dette grecque a éclaté à la suite de l'alternance politique d'octobre dernier, lorsque le nouveau gouvernement, dirigé par le socialiste George Papandréou, a révisé spectaculairement les chiffres des déficits publics.

Attaquée sur les marchés du crédit, la Grèce a négocié un plan de soutien de 110 milliards d'euros avec ses partenaires européens et le Fonds monétaire international en échange d'une politique draconienne de rigueur.

Pour éviter les risques de contagion, les Européens se sont parallèlement dotés d'un plan de garantie financière de la zone euro de 750 milliards d'euros.

L'EURO DANS L'INTÉRÊT DU JAPON

Réfutant toute division entre les partenaires européens et s'inscrivant en faux contre le scepticisme auquel se heurte la construction européenne, François Fillon a nié que l'Europe soit "une zone à risque" et affirmé qu'elle avait au contraire montré "solidarité et cohésion".

"Nous avons signifié aux marchés qu'il était vain de spéculer contre ce pays (ndlr, la Grèce) et qu'il faut lui laisser le temps de se redresser", a-t-il dit.

François Fillon a noté par ailleurs que les finances publiques de la zone euro dans son ensemble se trouvaient dans une situation "sensiblement moins dégradée que celle des Etats-Unis ou du Japon, aussi bien en termes de déficit que de dette".

"Nous pensons que le cours actuel de l'euro correspond assez bien à la réalité de la situation économique de l'Europe. Nous pensons même que, à certaines périodes de son histoire, l'euro s'est trouvé surévalué", a-t-il dit.

Il a également appelé les entreprises japonaises à ne pas se détourner de l'euro et des investissements en Europe.

"La monnaie unique permet à vos entreprises d'investir dans un pays donné de la zone euro et de vendre ou d'acheter sans risque de change dans tous les pays de cette zone", a-t-il dit, concluant sur ce thème: "Quand une entreprise japonaise produit dans l'eurozone, elle réduit donc son risque monétaire et bénéficie d'une prévisibilité en termes de stabilité des changes et de rapatriement de profits qu'elle n'a pas dans d'autres régions du monde, y compris en Asie."

Evoquant le "plan d'action" mis en oeuvre par son gouvernement pour ramener le déficit public de la France à 6% du Produit intérieur brut en 2011 et à 3% d'ici 2013, il a affirmé que "cette politique ambitieuse de maîtrise budgétaire ne signifi(ait) en aucune manière de renoncer à promouvoir la croissance".

avec Charlotte Cooper et Nelson Graves, Henri-Pierre André pour le service français

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