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Fillon appelle au calme entre Paris et Bruxelles sur les Roms

A l'occasion des journées parlementaires du Nouveau Centre à Nice, François Fillon a renvoyé dos-à-dos mardi la Commission européenne et une partie de la classe politique française dans la polémique sur les expulsions de Roms, estimant que les torts étaie

A l'occasion des journées parlementaires du Nouveau Centre à Nice, François Fillon a renvoyé dos-à-dos mardi la Commission européenne et une partie de la classe politique française dans la polémique sur les expulsions de Roms, estimant que les torts étaie - -

NICE (Reuters) - François Fillon a renvoyé dos-à-dos mardi la Commission européenne et une partie de la classe politique française dans la polémique...

NICE (Reuters) - François Fillon a renvoyé dos-à-dos mardi la Commission européenne et une partie de la classe politique française dans la polémique sur les expulsions de Roms, estimant que les torts étaient des deux côtés.

Le Premier ministre s'exprimait à Nice lors des journées parlementaires du Nouveau Centre, quelques jours après le Conseil européen de jeudi dernier à Bruxelles où un vif affrontement sur ce sujet a eu lieu entre Nicolas Sarkozy et le président de l'exécutif européen, José Manuel Barroso.

Le chef de l'Etat français s'était emporté contre la commissaire européenne à la Justice et aux Droits fondamentaux, Viviane Reding, qui a fait une comparaison entre l'expulsion des Roms et les événements de la Seconde Guerre mondiale.

José Manuel Barroso, tout en regrettant ces propos, avait maintenu le droit pour son institution de vérifier si la France respectait les directives européennes sur l'intégration des personnes de cette ethnie.

"Nous sommes plus attendus que d'autres nations et, quand nous répondons aux attentes des Européens, notre influence peut être considérable", a déclaré François Fillon mardi.

"Mais l'inconvénient, c'est que la moindre maladresse, le moindre soupçon à notre égard prend vite des proportions exagérées. Et on l'a vu ces derniers jours avec la polémique sur les évacuations de campements illicites en France."

"D'abord, il faut s'interdire toute déclaration excessive et blessante", a-t-il ajouté dans son discours.

LE PIRE DU XIXE SIÈCLE

Le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Pierre Lellouche, a estimé que la Commission n'était pas la gardienne des traités, ce qui avait ulcéré José Manuel Barroso.

Le sénateur UMP Philippe Marini a quant à lui vivement attaqué le Luxembourg, pays d'origine de Viviane Reding, en affirmant qu'il aurait "préféré qu'en 1867 Napoléon III et Bismarck aient un entretien qui débouche autrement et que le Luxembourg n'existe pas".

Nicolas Sarkozy avait auparavant suggéré au Luxembourg d'accueillir des Roms, lors d'un déjeuner à l'Elysée avec sénateurs UMP, selon des participants.

Mais François Fillon s'en est également pris à la Commission européenne, tout en souhaitant en terminer avec ce débat.

"Je ne reviens pas sur certains propos outranciers qui ont été tenus, l'incident est clos", a-t-il dit.

"Il est légitime que la Commission vérifie la légalité européenne de la conduite des opérations d'évacuation des campements illicites, mais la Commission doit s'abstenir de tout jugement de valeur hâtifs", a-t-il dit.

Selon lui, "les chiffres démontreront l'absence de toute discrimination", 80% des personnes visées par les démantèlements de camps étant des gens du voyage français.

Pour le Premier ministre, "jamais les peuples européens n'ont été aussi détachés de l'aventure européenne" et la faute en revient largement aux institutions de l'UE.

"Avec le temps, les habitudes technocratiques ont pris le pas sur les ambitions politiques", a-t-il dit en critiquant le fait que l'exécutif européen ne se soit pas assuré qu'une partie des milliards d'euros destinés à la Roumanie et à la Bulgarie soient utilisés pour l'intégration des Roms.

"Les institutions européennes doivent se saisir sérieusement du problème", a-t-il estimé en critiquant l'application sans nuances du principe de libre circulation qui entraînerait la création de bidonvilles et encouragerait la mendicité.

"Qui voudrait de cette Europe qui nous replongerait dans le pire du XIXe siècle ?", a-t-il demandé.

Pierre Thébault, avec Yves Clarisse à Paris, édité par Gilles Trequesser