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Politique

Faut-il durcir la loi sur les chiens dangereux ?

« Tous les chiens, quelle que soit la race, quel que soit le croisement, sont  potentiellement susceptibles d'être dangereux », souligne une vétérinaire…

« Tous les chiens, quelle que soit la race, quel que soit le croisement, sont potentiellement susceptibles d'être dangereux », souligne une vétérinaire… - -

Ce mardi à Marseille, un enfant de 4 ans a été mordu au visage par un chien. Ses jours ne sont pas en danger mais après plusieurs attaques de ce type, le débat est relancé. Rappelant la responsabilité des propriétaires, certains prônent même « un casier judiciaire du chien ». Et vous, qu'en pensez-vous ?

Des plaies au cuir chevelu, à la mâchoire et à une paupière. Hier mardi, un enfant de quatre ans a été attaqué par un chien, croisé entre un Bouvier et un Danois. Gravement blessé, l'enfant a été hospitalisé à l’hôpital de la Timone à Marseille. Si ses jours ne sont pas en danger, plusieurs incidents de ce type ont déjà eu lieu récemment. En juillet, trois attaques ont été recensées. Le 17, une fillette de 4 ans était défigurée à Boulogne-sur-Mer par un Bull-terrier. Une dizaine de jours plus tard, dans le Morbihan, un bébé de 20 mois a été gravement mordu à la tête par le chien de sa grand-mère, un croisé Labrador. Et le 31, une fillette d'un an était grièvement mordue au visage par un berger malinois, en Charente-Maritime.

Les propriétaires, pénalement responsables...

La loi est pourtant claire en la matière, il existe deux catégories de chiens considérés comme dangereux : les chiens d’attaque (Pitbulls, Boerbull, Tosa) et les chiens de défense (Rottweiler, American staff). Et ces deux catégories sont soumises à des contraintes strictes. Les propriétaires doivent être titulaires d’un permis de détention délivré par la mairie de leur commune. Permis remis après une évaluation comportementale du chien et une formation du maître sur l’éducation canine. De plus, ils doivent systématiquement être tenus en laisse et muselés dans les lieux publics. Les chiens d'attaque y sont même interdits et n’ont ni le droit d’être vendus ni d’être donnés. Les propriétaires de chiens dangereux sont pénalement responsables en cas d’agression provoquée par leur animal. Ils encourent entre 2 et 10 ans d’emprisonnement et des amendes allant jusqu’à 150 000€. Malgré ses précautions, la loi est souvent peu ou pas appliquée.

« Mettre en place un casier judiciaire du chien »

Jean-Pierre Decool, député UMP du Nord, favorable au durcissement de la loi, a écrit au ministre de l’Intérieur Claude Guéant, lui demandant le retour du projet d’Observatoire national du comportement canin : « Un animal n’est pas un jouet et cela peut être parfois une arme. Des chiens croisés, comme malheureusement 80% des cas, peuvent être dangereux. Il faut donc absolument mettre en place un casier judiciaire du chien et du maitre pour qu’on puisse avoir une traçabilité de l’agressivité des animaux, notamment quand ils ont mordu et qu’on puisse en tenir compte dans leur cursus en quelque sorte. »

« C’est aberrant de stigmatiser certaines races ! »

Monique Bourdin, vétérinaire et comportementaliste à l’école vétérinaire de Maisons Alfort, s’oppose à un durcissement de la loi : « Tous les chiens, quelle que soit la race, quel que soit le croisement, sont potentiellement susceptibles d'être dangereux et capables de mordre un jour. C’est aberrant et inadmissible de stigmatiser certaines races de chiens. Des Hamstaff et des Pitbulls j’en ai vus passer plus de 300 et j’ai toujours vu des chiens adorables. Je ne les ai jamais vu émettre le moindre grognement ni même retrousser une babine. »

La Rédaction, avec Julien Coudrot