BFMTV
Politique

Fabius : « Une histoire de faux-jetons »

-

- - -

Tandis que le gouvernement nie toujours vouloir privatiser la Poste, la gauche, et notamment l'ancien Premier ministre Laurent Fabius, exige un référendum sur le changement de statut de celle-ci.

La "votation citoyenne" sur l'avenir de la Poste aurait mobilisé environ 2 millions de personnes toute la semaine dernière [ndlr, les résultats complets de ce scrutin sans valeur juridique seront connus à la mi-journée]. Fort de cette participation, le comité organisateur (qui regroupe une soixantaine de partis de gauche, syndicats ou associations) demande le gel du projet de loi sur le changement de statut de l'entreprise publique, et un référendum contre la réforme de la Poste qu'ils voient comme un pas vers la privatisation, malgré les démentis du gouvernement.

« On nous a déjà fait le coup... »

Tandis que l'UMP dénonce une "pantalonnade" et se défend de toute velléité de privatisation de la Poste, l'ancien Premier ministre socialiste Laurent Fabius affirme : « Si ce n'est pas pour privatiser, on se demande pourquoi le gouvernement change le statut. On nous a déjà fait le coup. Avec Gaz de France, la plus haute autorité de l'Etat, monsieur Sarkozy avait dit, la main sur le cœur : jamais de privatisation, on change simplement le statut. Et puis, il y a eu privatisation.
Ensuite, le gouvernement dit : on change de statut parce que ça va permettre de donner 2,7 milliards de capitaux publics. Mais l'Etat peut parfaitement les donner aujourd'hui, avec le statut actuel. Donc c'est une histoire de faux-jetons.
La Poste a besoin de réformes, certes, tout ne marche pas à 100%. Mais là, l'idée maîtresse est changer le statut de la Poste pour privatiser. Et privatiser, partout où cela a été fait, ça veut dire augmentation des prix des timbres, réduction des services dans les levées et diminution des services rendus. »

« On peut parfaitement organiser un référendum »

Convaincu que cette "votation" a permis de « montrer au gouvernement qu'il y avait un soutien populaire très fort, pour refuser le changement de statut et la privatisation », Laurent Fabius poursuit : « Maintenant, en ce qui concerne les partis politiques, et notamment le Parti socialiste, nous allons déposer un texte à l'Assemblée nationale disant que puisqu'il y a eu l'expression populaire, nous demandons qu'il y ait un référendum, pour ou contre le changement de statut. On peut parfaitement organiser un référendum ; l'article 11 dit que pour l'organisation des services publics, le référendum est possible ; ça dépend du Président de la République. »
Le Parti socialiste déposera en effet une proposition de loi dans le cadre de la niche parlementaire du 15 octobre visant à fixer les modalités d'organisation d'un référendum d'initiative populaire, inscrit dans la Constitution, mais que le gouvernement tarde selon lui, à instaurer.

Pour écouter l'intégralité de l'interview de Laurent Fabius, cliquez ici.

La rédaction-Bourdin & Co