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Extrême gauche

Manifestations anti-loi Travail: Pierre Laurent accuse le gouvernement de "manipulation"

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Pierre Laurent, secrétaire national du parti communiste, est ce jeudi matin l'invité de Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV et sur RMC.

Invité jeudi matin sur BFMTV et RMC, Pierre Laurent juge que le gouvernement cherche à discréditer les manifestations contre la loi Travail: "On est face à une énorme manipulation depuis deux jours. Il y a eu la plus grosse manifestation depuis le début de la mobilisation. Je suis resté six heures sur le bord à la regarder défiler, à saluer les manifestants. Six heures d'une foule très dense. Je ne suis pas compteur mais il y avait des centaines de milliers de personnes venues de toute la France".

Le secrétaire national accuse le gouvernement d'avoir organisé "une énorme manipulation pour occulter la réalité de la manifestation, pour qu'on ne parle plus de la loi Travail, et pour assimiler honteusement la CGT, les manifestants, les syndicats, aux quelques centaines de casseurs. C'est le gouvernement qui a donné le ton: on avait l'impression qu'il y avait une manifestation de casseurs, et il y a un million de personnes qui ont été zappées".

"Comment les casseurs peuvent-ils revenir à chaque fois?"

Sur la présence de casseurs dans la manifestations, Pierre Laurent se demande "comment ces gens peuvent revenir à chaque fois. On ne les interpelle pas et ça recommence à chaque fois. Soit on les laisse faire, soit on ne donne pas les ordres qu'il faut pour les arrêter. Qu'on accuse les manifestants d'en être responsables (des violences et des dégradations, Ndlr), c'est fort de café. Le gouvernement doit s'expliquer sur pourquoi il n'arrive pas à maîtriser ces quelques centaines de casseurs".

En marge de la manifestation de mardi à Paris, des vitres de l'hôpital Necker-Enfants malades ont été brisées par des casseurs. L'établissement a reçu mercredi matin la visite de Manuel Valls. Après ce déplacement du Premier ministre et face aux soupçons de laisser-faire, Pierre Laurent bondit: "Vous comprenez bien que des syndicalistes qui se mobilisent toute l'année pour défendre des hôpitaux ne vont pas aller casser des vitrines d'hôpitaux!"

"Invraisembable" d'envisager d'interdire les manifestations

Au lendemain de ces violences mercredi, François Hollande a évoqué la possibilité d'interdire les manifestations si les biens et les personnes sont menacés. "C'est invraisemblable que le gouvernement envisage ça au moment où la mobilisation est à son plus haut", réplique Pierre Laurent. "La réponse qu'il devrait donner, c'est 'j'ouvre immédiatement des négociations, je bouge sur l'article 2 de la loi'. On voit qu'il y a la volonté de discréditer un mouvement social parce que le gouvernement est dans l'impasse, parce qu'il s'accroche à une loi dont le pays ne veut pas, sur laquelle il n'obtient pas de majorité parlementaire. Il répète qu'il ne veut pas bouger, alors que c'est la seule manière de sortir du conflit".

Sur BFMTV et RMC, Pierre Laurent appelle le gouvernement à "suspendre le débat parlementaire" sur la loi El Khomri. Le recours au 49-3? "Un aveu d'échec". Si le gouvernement utilise à nouveau cette arme constitutionnelle pour imposer le texte, le parti communiste votera une nouvelle motion de censure, prévient son secrétaire national.

Face à la démarche de l'exécutif, le patron du parti communiste parle de "suicide politique". De fait, selon un sondage BVA publié mercredi, François Hollande (13%) serait devancé par Jean-Luc Mélenchon (14%) au premier tour de la présidentielle 2017, dans l'hypothèse d'une candidature de Nicolas Sarkozy. Encourageant mais pas suffisant aux yeux de Pierre Laurent: "Il n'y a toujours pas de candidat de gauche en position d'être présent au deuxième tour. Il faut continuer à travailler à une candidature à gauche, qui ne peut pas être celle de François Hollande, il est aujourd'hui discrédité pour porter les couleurs de la gauche".