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Extrême droite

"Qui va m'obliger?": Robert Ménard refuse d'officier le mariage d'un Algérien en situation illégale

Le maire de Béziers refuse de marier vendredi une Française de 29 ans à un jeune Algérien de 23 ans, malgré l'aval de la justice, car il les soupçonne de vouloir procéder à "un mariage blanc". Si l'homme en question est en situation illégale sur le territoire, son mariage avec cette jeune Française n'est à ce stade pas interdit par la justice.

"Je ne vais pas le marier!" Robert Ménard prévient qu'il ne célébrera sous aucun prétexte le mariage d'une Française avec un Algérien, initialement prévu ce vendredi à la mairie de Béziers. Le maire divers droite de cette commune de l'Hérault, proche du Rassemblement national, reproche au futur marié d'être visé par une Obligation de quitter le territoire français (OQTF), et soupçonne "un mariage blanc".

Âgé de 23 ans, le jeune homme a été condamné pour "vol", "recel" et "agression", et sa fiancée, de son côté, est âgée de 29 ans. Elle est mère de trois enfants et sans emploi.

"Il n'en est pas question!"

"Le gouvernement se plaint de ne pas retrouver les individus qui doivent être expulsés du territoire, et là, il va y en avoir un dans ma mairie, et je vais devoir le marier? Il n’en est pas question", a-t-il déploré dans les colonnes du Figaro.

La justice, elle, ne voit pourtant pas d'inconvénient à ce mariage. Les 11 pages d'audition de l'enquête des services de la mairie, menée auprès du couple, a révélé qu'il n'y avait pas "suffisamment d'indices sérieux lui permettant de présumer, en l'état, l'absence de consentement matrimonial".

Le procureur de la République de Béziers Raphaël Balland a apporté quelques éléments supplémentaires jeudi après-midi. Dans son communiqué, il indique notamment que "les futurs époux ont déclaré avoir noué une relation sentimentale depuis le début de l'année 2022 et habiter ensemble depuis le début de l'année 2023".

Il précise tout de même avoir saisi la direction interdépartementale de la police aux frontières (DIDPAF) de Sète le 26 juin, dernier, qui a donc ouvert "une enquête préliminaire" afin de vérifier que ce mariage n'a pas pour but d'obtenir "un titre de séjour ou le bénéfice d'une protection contre l'éloignement".

"Trouvez-moi une solution avant vendredi"

De son côté, Robert Ménard "pense que cela aurait mérité une enquête plus approfondie", même s'il reconnaît que "la justice a parlé" et qu'il n'est pas en mesure de s'opposer à ce mariage, conformément à l'article 12 de la Convention européenne des droits de l'Homme (CEDH).

En effet, cet article rappelle qu'"il est impossible d’interdire à une personne de se marier sous prétexte de sa religion, de sa couleur de peau ou de sa situation aux yeux de l’administration du pays dans lequel elle vit". L'élu exclut également qu'un de ses adjoints ne le remplace pour célébrer ce mariage.

"Qui va m'obliger?", a aussi déclaré l'élu, interrogé par Midi Libre, qui affirme "en avoir parlé au ministre de l'Intérieur".

"Trouvez-moi une solution avant vendredi !", lui aurait-il lancé selon Le Figaro. Selon lui, "la balle est dans leur camp. Mais je ne ferai pas un truc comme ça". "Le mariage n'empêche pas l'exclusion", aurait simplement répondu le ministère de l'Intérieur.

Jeanne Bulant Journaliste BFMTV