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Extrême droite

Florian Philippot, le nouvel homme fort du Front national

Florian Philippot, le 1er mai 2012, à Paris

Florian Philippot, le 1er mai 2012, à Paris - -

En un peu plus d'un an, le jeune énarque s'est imposé comme l'un des hommes forts du parti d'extrême droite. Quitte à attiser les jalousies.

Son ascension fulgurante, il la doit à "son travail et son talent", dixit Marine Le Pen. D'aucuns ajouteraient son opportunisme. Inconnu il y a encore un an, Florian Philippot s'est imposé comme l'un des cadres moteur du Front national, au grand dam de certains en interne.

Ancien directeur stratégique de la campagne présidentielle de Marine Le Pen, bombardé vice-président du FN, "parmi d'autres" souligne-t-on comme pour freiner ses ambitions, l'énarque de 31 ans est aujourd'hui omniprésent médiatiquement. "On ne voit plus que lui !" peste un frontiste de la première heure. Jalousie ? Probablement. "Florian est monté rapidement au Front national. Est-ce que cela fait quelques jaloux ? Il en est ainsi dans toutes les structures humaines", justifie Marine Le Pen.

Presse écrite, plateaux télé, débats... Florian Philippot apparaît de plus en plus comme l'homme fort du parti, symbole de la méritocratie du Front national dont il est souvent à l'origine des orientations publiques. Au point que le Journal du dimanche lui a consacré une pleine page : "Philippot, l'homme qui monte... et qui démonte le FN". Chargé de la stratégie et de la communication du FN, il est celui désigné pour prêcher la bonne parole frontiste au lendemain des législatives, commenter les vœux du président de la République après son allocution télévisuelle... incarner le renouveau du parti. Comme en novembre, lorsque l'ancien chevénementiste fleurit la tombe du général de Gaulle à Colombey-les-Deux-Églises.

Renouveau

"Je souhaiterais que le gaullisme de Philippot soit discret et qu'on n'en fasse pas un élément de doctrine", s'étouffe dans le JDD Bruno Gollnisch au lendemain de l'événement, feignant d'occulter la manœuvre électoraliste. L'image du déplacement inédit du dirigeant du Front national a surtout pour objectif de dédiaboliser le parti d'extrême-droite dans l'opinion et de montrer un FN ouvert à d'autres sensibilités politiques. Quitte à en agacer certains.

"Il faut que chacun comprenne que le Front national a vocation à gouverner. Et qu'il a donc vocation à réunir autour de lui 50% des Français + 1. Et dans ce grand rassemblement, il y aura des gens de sensibilités différentes. Il y aura des gens qui viendront de gauche, des gens qui viendront de droite, des gens qui, peut-être, ne seront pas d'accord sur l'ensemble des sujets mais qui seront d'accord à 1000% sur les sujets fondamentaux qui sont ceux du combat du Front national", s'applique, en pédagogue, à traduire Marine Le Pen.

Gourou

Surtout ne pas brusquer. À commencer par la branche traditionnaliste du parti, frontistes historiques et anciennes gloires du FN. Eux qui voient déjà d'un mauvais œil le choix "personnel" de Florian Philippot de ne pas grossir les rangs des opposants au projet de loi ouvrant le mariage aux homosexuels lors de la manifestation organisée le 13 janvier prochain. Et qui trouvent troublante la décision de la présidente du Front national d'en faire autant, même si celle-ci explique son choix par le fait que par son absence "symbolique", elle voulait attirer "l'attention des Français sur le piège politique" que constituerait le débat sur le mariage homosexuel, selon elle instrumentalisé par l'UMP.

Là encore, l'argument ne convainc pas. Si bien qu'au Front national, on commence à croire la leader frontiste sous influence de son vice-président. "Florian Philippot n'a pas 'trop' d'influence sur moi parce que je ne suis pas quelqu'un d'influençable. Je prends mes décisions seule. J'écoute, j'entends les arguments des uns et des autres, je suis entourée d'une équipe particulièrement performante avec des vice-présidents, avec des conseillers spéciaux, avec des conseillers thématiques, et je me fais mon opinion seule et je prends mes décisions seule. Je n'ai pas de gourou, je rassure tout le monde", se défend la présidente du Front national.