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Extrême droite

Bloc Identitaire : "Pas de place pour deux partis à l'extrême droite"

Une manifestation du Bloc Identitaire, en 2010 à Paris, en soutien à René Galinier.

Une manifestation du Bloc Identitaire, en 2010 à Paris, en soutien à René Galinier. - -

Le Bloc Identitaire, parti minoritaire d'extrême droite, tient son congrès ce week-end à Orange. Le politologue Jean-Yves Camus décrypte ce mouvement.

Relancé par l'occupation de la mosquée de Poitiers, le mouvement d'extrême droite Bloc Identitaire se réunit samedi et dimanche à Orange, dans le Vaucluse, pour célébrer dix ans d'existence faits de coups médiatiques mais avec peu de débouchés politiques concrets.

Jean-Yves Camus, politologue et spécialiste de l'extrême droite, fait le point sur ce parti politique peu connu du grand public.

Le Bloc Identitaire rassemble près d'un millier d'électeurs en France. Qui sont-ils ?

On ne dispose pas de sociologie des électeurs, mais ceux mis en avant par le Bloc sont souvent des jeunes entre 18 et 30 ans, qui forment la nouvelle génération du parti. C'est d'ailleurs la cible principale du Bloc Identitaire, qui cherche à toucher cette partie de la jeunesse sensible aux thèmes de l'immigration, notamment musulmane, et des méfaits de la globalisation.

Quelle est leur vision ?

Leur vision est basée sur un échec total de la société multiculturelle. Pour eux, l'assimilation de d'autres ethnies et cultures n'est ni possible, ni souhaitable, contrairement à ce que prône Marine Le Pen. Ils souhaitent une interdiction absolue de l'immigration, notamment musulmane.

"Un laboratoire d'idées pour une partie de l'UMP"

Ont-ils une existence aujourd'hui sur l'échiquier politique de la droite ?

Ils clament haut et fort qu'ils ont été les premiers à s'intéresser à certains sujets, aujourd'hui largement repris par la droite, comme l'Islam en France ou le racisme anti-blanc. C'est à la fois un succès et une limite à leur action politique, car ils ne peuvent se contenter d'être un simple laboratoire d'idées pour une partie de l'UMP. Leur bilan politique est mitigé, car leurs idées progressent, mais en dehors du parti. Il n'y a pas de réel débouché concret.

Leur salut passera-t-il par le net et les réseaux sociaux ?

On ne transforme pas un échec électoral en réussite grâce à Internet. Le web leur donne en revanche une visibilité médiatique sur leurs actions, comme l'apéro saucisson-pinard en 2010, ou l'occupation du chantier de la mosquée de Poitiers. Mais la limite de ce type d'actions est qu'il est difficile de refaire le buzz avec une action plus spectaculaire que la précédente, tout en restant dans la légalité. Ce qui avait permis le "bon" résultat de 3% à Nice en 2008 lors des élections municipales, c'était les thématiques "localistes" de leur campagne, et le travail de terrain des militants.

Quel est leur avenir ?

A court terme, on le verra ce week-end lors du Congrès. Certains pensent que le travail des idées est prioritaire, d'autres croient encore à des possibilités électorales. Personnellement, je n'y crois guère : je ne pense pas que le FN accepte un jour une quelconque alliance, et je ne pense pas que le Bloc Identitaire puisse réussir en étant autonome. Quel que soit le pays, il n'y a pas de place pour deux partis à l'extrême droite.