BFMTV
Europe Ecologie les verts

Marche contre l'islamophobie: l'élue EELV Benbassa "assume" sa présence et tacle Jadot

Plusieurs figures d'Europe Écologie-Les Verts ont émis des avis divergents sur les objectifs qui sous-tendent la marche prévue dimanche, à laquelle participent d'autres leaders de gauche, mais aussi des islamistes radicaux avérés.

À gauche, tout le monde est désormais sommé de se positionner clairement sur la marche contre l'islamophobie prévue dimanche. D'un côté, des partis comme Génération.s, le Nouveau Parti anticapitaliste, le Parti communiste et Lutte ouvrière assument le fait de se rendre à un rassemblement où défileront également des islamistes radicaux avérés. De l'autre, le Parti socialiste s'est pleinement désolidarisé de l'événement, initié via une tribune publiée le 1er novembre dans Libération.

Au milieu, il y a La France insoumise et Europe Écologie-Les Verts, traversés par des tiraillements majeurs, voire décisifs. Certains de leurs dirigeants, pour beaucoup signataires de la tribune, ont décidé de ne pas se rendre à l'événement. C'est le cas notamment chez les écologistes, dont le secrétaire national David Cormand et la tête de liste aux élections européennes, Yannick Jadot, ont invoqué des problèmes d'agenda. Pour l'ex-directeur des campagnes de Greenpeace, il s'agit d'après Le Monde d'"engagements de longue date avec des associations de jeunes".

"Qu'il y ait des islamistes, peut-être"

La sénatrice EELV de Paris Esther Benbassa, elle, "assume" de maintenir sa présence. Interrogée par BFMTV, l'élue a implicitement répondu à son collègue de parti. Après avoir expliqué qu'un grand nombre d'associations avaient organisé la marche - sous-entendu, bien au-delà de celles qui ont des accointances avec la mouvance islamiste -, Esther Benbassa a déclaré s'y rendre "comme citoyenne, républicaine, démocrate, pour soutenir les musulmans et les musulmanes qui sont depuis un moment attaqués".

"Qu'il y ait des islamistes, peut-être, moi je n'en sais rien, en tout cas les manifestations auxquelles j'ai participé contre l'antisémitisme ou contre d'autres racismes, il y avait toutes sortes de gens, et je ne me suis pas posé la question directement. Vous savez, pour Charlie, on a manifesté, il y avait des dictateurs dans le cortège et je peux vous citer bien d'autres exemples", a développé la sénatrice. 

Et l'écologiste de marquer sa différence avec celui qui, depuis les européennes, veut s'imposer comme la principale figure écologiste du paysage politique français: 

"Monsieur Jadot, c'est monsieur Jadot, moi j'assume, je ne vais pas au nom de mon parti, je vais en mon nom. Et il faut assumer quand on signe. Parce que les politiques, nous (ne) donnons pas la meilleure image de nous-mêmes en tergiversant sans arrêt. Moi je n'ai pas piscine demain et j'y serai."

"La cause est la cause!"

Questionnée sur les passages les plus problématiques de la tribune, en particulier celui sur les "lois liberticides" qui vise explicitement, comme l'a appris BFMTV.com, les lois de 2004 et de 2010, Esther Benbassa a reconnu qu'elle n'était pas "d'accord sur tout". 

"Moi aussi, je ne suis pas d'accord sur cette partie parlant des 'lois liberticides', mais est-ce que ça enlève quelque chose à la cause? La cause est la cause! Il y a des gens qui sont discriminés et la France a un problème avec ces musulmans, la France n'a pas crevé l'abcès de la décolonisation, et ça continue", a-t-elle argué.

Au sein de La France insoumise, l'unité de façade tient davantage. Hormis des figures telles qu'Adrien Quatennens ou François Ruffin, beaucoup se rendront à la marche de dimanche. L'excuse brandie par le député de la Somme explique d'ailleurs peut-être l'usage, par Esther Benbassa, de la phrase, "moi je n'ai pas piscine". "Je n’irai pas dimanche, je joue au foot", avait en effet lancé François Ruffin mercredi sur France Inter. 

Jean-Luc Mélenchon, lui, sera sur place avec des députés comme Danièle Obono, Éric Coquerel ou Clémentine Autain. Beaucoup a déjà été écrit sur les répercussions symboliques du choix de l'ancien sénateur socialiste, qui ce samedi s'est adonné à une brutale passe d'armes avec Marine Le Pen sur le sujet. Pour la présidente du Rassemblement national, la division manifeste de la gauche sur les thèmes de l'islam et de la laïcité représente une indéniable aubaine. 

Jules Pecnard